Du classique à l’électro
Festival de Pâques 2021. En direct du Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence. Lundi 5 avril 2021. Barbara Hannigan & friends
Barbara Hannigan, direction et soprano. Renaud Capuçon, violon. Bertrand Chamayou, piano. David Chalmin, électro. Lorraine Campet, contrebasse et violon. Lucienne Renaudin-Vary, trompette. Adélaïde Ferrière, percussion. Emmanuel Coppey, violon. Béatrice Muthelet, alto. Jérémie Garbarg, violoncelle. Antoin Herrera, baryton. Amaury Viduvier, clarinette
In memoriam
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et David Chalmin (né en 1980), New treatment of « Tristes Apprêts », Castor et Pollux. Goffredo Petrassi (1904-2003), Beatitudines. Paul Hindemith (1895-1963), Des Todes Tod. Camille Saint- Saëns (1835-1921), Septuor en mi bémol majeur, op. 65. Jacques Lusseran, Et la lumière fut…(poème).. David Chalmin (né en 1980), Beati Mundo Corde. Ernest Chausson (1855-1899) et David Chalmin (né en 1980), Les Heures, arrangement pour instruments et électro. Gabriel Fauré (1845-1924), Les berceaux. Henri Duparc (1848-1933), Élégie. Ernest Chausson (1855-1899), Chanson perpétuelle
Mi-voix et pénombre, soirée en demi-teinte, où l’on craint d’éveiller l’alouette… Cette soirée, qui ne figurait pas dans le programme initial, ouvre des horizons inattendus ; comme la soirée Génération@Aix tendait la main à des jeunes artistes, celle-ci offre la scène à des formes moins conventionnelles, résolument contemporaines.
Barbara Hannigan, soprano, chef d’orchestre, réunit autour d’elle une dizaine d’artistes qu’elle entraîne dans son univers, où le tempo s’étire pour marier Rameau et Chalmin, les accords baroques et les sonorités les plus contemporaines. Le programme, annoncé pour 1h10 environ, durera finalement près d’une heure et demie.
L’artiste murmure, susurre, suspendant chaque note au silence, disputant chaque phrase au soupir… Autour d’elle, le jeune baryton cubain Antoin Herrera, ex-ingénieur, devenu chanteur lyrique, danseur classique, et membre de la première édition du programme Equilibrium dirigé par Barbara Hannigan elle-même. Ainsi que des instrumentistes que l’on retrouve avec bonheur tout au long du Festival de Pâques.
Les instrumentistes participent, à tour de rôle et ensemble, à ce long lamento en hommage à Martin Luther King. La trompette de Lucienne Renaudin-Vary – Révélation des Victoires de la musique classique en 2016, déjà ! – oublie ses flamboyances, l’alto de Béatrice Muthelet – brillante carrière, et membre, avec les deux frères, du quatuor Capuçon – épouse la douleur de la voix, le piano de Bertrand Chamayou scande staccato les battements d’un cœur que souligne l’électro.
Et c’est un pur bonheur que d’entendre le Septuor en mi bémol majeur de Saint-Saëns, pour marquer le centenaire de la mort du compositeur, injustement occulté par une année pour le moins perturbée. Une œuvre veloutée (I), enlevée dans l’attaque du menuet (II), délicate dans l’intermède (III), dansante dans la gavotte finale (IV) : Renaud Capucon et Emmanuel Coppey (violons), Béatrice Muthelet (alto), Jérémy Garbarg (violoncelle), Lorraine Campet (contrebasse), Lucienne Renaudin-Vary (trompette) et Bertrand Chamayou (piano), cisèlent un moment rare.
Un programme qu’Anna Sigalevitch annonçait dans sa « pastille » quotidienne comme « libre, flamboyant, audacieux, à l’image de Barbara Hannigan »…
G.ad.
Photos TMusacchio Ianniello Accademia Nazionale di Santa Cecilia /Marco Borggreve.
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