Féerie des ballets russes
Opéra Grand Avignon
Théâtre public académique de Ballet Léonid Jacobson
Les Sylphides (1909), chorégraphie Michel Fokine, musique Frédéric Chopin
Le Grand pas du Ballet de Paquita, chorégraphie Marius Petipa, musique Edouard Delvedez & Léon Minkus
Cette soirée dans la plus pure tradition des ballets russes ne pouvait qu’allumer des étoiles dans les yeux et le cœur d’un public nombreux, et de tous âges. C’était la clôture de la première semaine des Saisons Saint-pétersbourgeoises 2016 : les débuts d’un échange artistique entre deux capitales culturelles, Avignon et Saint-Pétersbourg. La ville russe avait apporté à Avignon cinq spectacles sur une semaine.
A l’Opéra Grand Avignon, Petites tragédies d’Alexandre Pouchkine, par le Théâtre Bryantsev des Jeunes Spectateurs. Quatre courtes pièces, jouées par une troupe aguerrie, dans une mise en scène inventive, qui a bénéficié d’une belle qualité d’attention, même si le sur-titrage a été victime de quelques caprices techniques.
Puis un spectacle de danse contemporaine, par la compagnie Kannon Dance (création en 2013 en hommage à Marcel Marceau pour son 90e anniversaire): Le Manteau, de Gogol, sur une musique originale d’Ivan Kouchnir (sept musiciens sur scène), qui ne semble pas avoir attiré les foules et que nous n’avons pu voir nous-même.
Enfin la soirée « danse classique » qui a attiré la foule des grands soirs (compte rendu infra).
Entre-temps, le Théâtre du Chien qui fume accueillait L’Idiot. Retour, relecture de Dostoïevski ; et Cirque !, spectacle de marionnettes à fil traditionnelles.
Et des expositions : marionnettes au théâtre, photos Saint-Pétersbourg magique, d’Alexey Silnikov à l’opéra.
Parler des « ballets russes » titille toujours délicieusement l’imaginaire des Français, quelle que soit la troupe. La soirée « Sylphides-Paquita » a démontré une fois de plus que la tradition de la danse classique est toujours flamboyante en Russie, grâce au corps de ballet du Théâtre public académique de Ballet Léonid Jacobson, avec sa vingtaine de danseuses, et ses solistes (dont deux garçons).
Frous-frous, tulles blancs et grands tableaux impressionnants de délicate harmonie pour les célèbres Sylphides (une merveille de précision et de grâce) sur un fond de scène à la Joseph Vernet. On n’osait respirer, de peur de voir s’envoler ces silhouettes graciles, ces femmes-brindilles, ces femmes-fleurs immaculées, ces femmes-notes aériennes, tout en frémissement. Romantisme, mélancolie, sourire…
Puis couleurs des tutus et costumes, et virtuosité des solos et pas de deux pour le non moins célèbre Grand pas du Ballet Paquita, de Marius Petipa, mené ici dans un tempo allègre. Une soirée russo-française éblouissante, chaleureusement applaudie.
A l’issue de la représentation, le directeur du Théâtre de ballet, ex-étoile du Marinsky, a promis de revenir avec sa troupe. Un espoir de pérenniser ce partenariat qui s’ébauche… (G.ad.)