Remarquable
Samedi 18 & dimanche 19 janvier 2025, 17j. Théâtre du Balcon (site officiel), Avignon. En ouverture du Fest’Hiver (Site officiel)
Au pas de course. Texte et mise en scène : Serge Barbuscia. Avec : Camille Carraz. Assistant : Clément Tranchepain. Musique : Sébastien Benedetto. Technique : Sébastien Lebert. Artistes complices : Aïni Iften, Jean-Baptiste Barbuscia, Fabrice Lebert, Gilbert Scotti
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Tout a commencé par une série de rencontres entre la Compagnie Serge Barbuscia et des habitants d’Avignon extra-muros, dans le cadre du programme « Rouvrons le monde » porté par la politique de la ville et la Drac Paca. Tables-rondes, ateliers hors les murs du théâtre : tel est le terreau sur lequel a germé Au pas de course, la nouvelle création du Théâtre du Balcon. C’était peu avant les Jeux Olympiques ; alors le travail a commencé autour du thème « Qu’est-ce que le sport dans nos vies ? » et donné lieu à une petite forme théâtrale interprétée par les habitants en juin 2024. Puis Serge Barbuscia s’est emparé du riche matériau recueilli, récits de vie, témoignages, paroles de femmes sur le vif, pour écrire un texte au féminin pluriel. C’est ce texte, d’une vibrante humanité, qui a été donné pour la première fois sur la scène du Balcon, porté par une seule voix, celle de Camille Carraz. Bien aimée du public d’Avignon, où elle a grandi, la comédienne subjugue dans ces multiples rôles, ces « échantillons » de vie donnés à entendre dans toute leur singularité, introduits à chaque fois par une sorte de « Mme Loyal » – Camille Carraz aussi -, qui fait exister là une légère distance, celle qu’autorise le théâtre.
Se glissant – au sens propre – dans les chaussures de Sophie, de Garance, de Nadia, de Samira et des autres (jolie trouvaille de mise en scène !), Camille Carraz épouse en quelques minutes la vie de l’une, la vie de l’autre. C’est ténu et c’est fort, jamais sans nuances. Cela vous prend au cœur. On est au plus près de ces femmes, victimes, souffrantes, prisonnières tour à tour du smartphone, d’une relation toxique, de la dictature de la performance ou du harcèlement, mais jamais sans espoir, car chacune d’elle, aux prises avec l’ombre, a sa part de lumière, de résistance, de rébellion, de courage, de non soumission, de sensibilité. Oh l’instant où la musique ouvre une brèche dans le cœur de la plus dure d’entre elles ! Et lui laisse entrevoir la beauté…
Le titre du spectacle « Au pas de course » est inspiré, entre autres, par l’itinéraire de la marathonienne éthiopienne qui participa aux JO de Paris. Il résume assez mal la diversité des portraits de femmes qui prennent vie ici. C’est un moindre bémol au regard de l’émotion qui porte le spectateur jusqu’au final magnifique – magie de la musique, des lumières – en forme de retour à la mer dans les pas d’une femme, pieds nus, qui les résume toutes. Serge Barbuscia, l’auteur et metteur en scène, confie être retourné en Sicile, son pays de cœur, pour écrire ce final poétique, porteur de vie et d’espoir. C’est émouvant, subtil et très beau. Bravo !
C.I. Photos Gilbert Scotti
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