Un tremplin pour jeunes voix
Samedi 12 mars 2022, 16h30, Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Avignon, amphithéâtre Mozart
Lyriel Benameur, soprano. Lucia Zarcone, piano
Programme « Primavera »
Hector Berlioz, Les nuits d’été, Op. 7, No.1 : « Villanelle ». Reynaldo Hahn, « Mai ». Gabriel Fauré, Op.1, No.1 : « Le papillon et la fleur ». Claude Debussy, « Beau soir ». Ernest Chausson, Op.19, No.3 : « Le temps des lilas ». Cécile Chaminade, « Si j’étais jardinier ». Claude Debussy, « Rêverie » (piano solo)
Robert Schumann, Op.79, No.26 : « Schneeglöckchen ». Hugo Wolf, Italienisches Liederbuch, No. 36, « Wenn du, mein Liebster, steigst zum Himmel auf ». Hugo Wolf, Gedichte von J.W. v. Goethe, No.28 : « Frühling übers Jahr ». Robert Schumann, Drei Gesänge, Op.83, No.2 : « Die Blume der Ergebung ». Robert Schumann, Liederkreis, Op.39, No.12 : « Frühlingsnacht ». Clara Schumann, 3 Lieder, Op.12 – 2. « Liebst du um Schonheit ». Hugo Wolf, Mörike-Lieder, No.6 « Er ist’s! ». Ottorino Respighi, « Notturno » (piano solo). Francesco Paolo Tosti, « Aprile ». V. Bellini, « L’abbandono ». Giuseppe Martucci, La Canzone dei Ricordi, Op.68, No.2 « Cantava’l ruscello la gaia canzone ». Pier Adolfo Tirindelli, Romanze, « Amore, Amor ! ».
A l’occasion de la 12e édition du Concours international de la mélodie de Gordes (84), en 2020, qui avait pu se tenir dans un petit créneau ouvert au cœur même de la pandémie, des directeurs de maison d’opéra – alors Avignon et Montpellier – ont rejoint le jury, et d’autres encore ont grossi les rangs lors de la 13e édition (site officiel). Raymond Duffaut, qui fut pendant quatre décennies directeur de l’Opéra-Théâtre d’Avignon, pendant quarante ans également directeur des Chorégies d’Orange, pendant plusieurs années directeur de la ROF (Réunion des Opéras de France), directeur du CNIPAL de Marseille (Centre National d’Insertion Professionnelle des Artistes Lyriques), président-fondateur du CFPL (Centre Français de Promotion Lyrique) récemment devenu Génération Opéra, Raymond Duffaut donc connaît mieux que personne l’importance du contact précoce des jeunes artistes avec la scène et le public. La présence de ses collègues dans « son » jury ouvre ainsi aux lauréats du concours de Gordes des perspectives plus que favorables. On avait pu entendre dans les mêmes conditions dans la même saison de l’Opéra Grand Avignon en octobre dernier le duo lauréat du Concours 2020 que la pandémie avait empêché jusque-là de se produire, le contre-ténor William Shelton et le pianiste Bastien Dollinger.
La jeune soprano Lyriel Benameur a obtenu en octobre dernier le prix du Département de Vaucluse (1.000€), et le prix de l’Opéra Grand Avignon, ce dernier concrétisé par un récital offert au Conservatoire de la cité des papes, dans cet amphithéâtre Mozart que les artistes et le public apprécient particulièrement.
C’est donc devant une salle fort honorable, malgré quelques dents creuses au milieu des cent cinquante places, que la jeune lauréate s’est produite, accompagnée par la talentueuse pianiste Lucia Zarcone, chef de chant au Conservatoire d’Orléans, celle-ci ayant droit à deux pièces solo. Raymond Duffaut, et Frédéric Roels directeur de l’Opéra Grand Avignon, étaient évidemment présents. La salle en bois/pierre/moquette accueille avec bienveillance les instruments, leur donne une ampleur chaleureuse, leur permet de déployer pleinement leurs couleurs sans gommer leurs nuances. Elle se révèle moins agréable pour les voix. Les aigus sont désagréablement accentués, à la fois écrasés et éclatés, réverbérés, faisant de toute soprano voire mezzo une Castafiore en puissance. Lyriel Benameur n’y a pas échappé, et c’est le registre médian qui lui a été plus favorable. Son aisance progressive en cours de récital laisse bien augurer d’une évolution gratifiante pour son timbre bien posé, sa projection claire, sa diction intelligible, des atouts qu’elle devra cultiver.
Ces petites formes du samedi après-midi, qui, avant les longs travaux, se déroulaient dans le foyer de l’Opéra, drainent toujours un public fidèle, et le verre partagé d’après-concert commence à revenir doucement avec la fin du masque. C’est l’occasion d’échanger quelques mots avec les artistes, de les encourager. Je persiste néanmoins à croire prématurée une telle libération de toute protection sanitaire, tout en souhaitant vivement avoir tort. Je crains que le monde artistique et culturel ne fasse à nouveau les frais d’une discrimination « non essentielle ».
G.ad. Photos G.ad. (en fond de scène, le clavecin pour Sébastien d’Hérin dans le concert des Nouveaux Caractères le lendemain)
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