Mardi 23 juillet 2024, 21h00, Parc du Château de Florans. 44e Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron
Abdel Rahman El Bacha, piano. Benjamin Levy, direction. Orchestre national de Cannes
Frédéric Chopin, Andante spianato et Grande Polonaise brillante en mi bémol majeur opus 22 ; Concerto pour piano et orchestre n.°2 en fa mineur opus 21. Maurice Ravel, Le Tombeau de Couperin. Serge Prokofiev, Symphonie n°1 en ré majeur opus 25 « Classique ».
Fidèle du Festival international de piano de La Roque d’Anthéron, Abdel Rahman El Bacha y est de retour pour un programme Chopin. C’est d’abord seul qu’il joue un charmant Andante spianato, aux doigts virtuoses pour passer les arpèges rapides. L’acoustique est toutefois un peu difficile, d’un volume réduit à notre place, presque tout en haut du vaste amphithéâtre, alors que nous étions assis, les années précédentes, dans les premiers rangs de l’auditorium. On y gagne certes en vision périphérique sur le parc et ses hauts arbres, mais on y perd malheureusement en densité de son et en proximité avec les artistes sur scène. Et puis, une médaille d’or également aux cigales, qui n’ont jamais paru si bruyantes et l’emportent haut la main sur les notes de musique.
La Polonaise qui suit donne une grande présence au piano, qui met du ressort, du brillant à ce passage. La participation de l’Orchestre de Cannes se révèle en revanche d’une curieuse discrétion, entendue depuis notre siège. De temps en temps un instrument surnage, surtout le cor d’un fort enthousiasme, mais il faut attendre la fin de la pièce pour goûter à un jeu d’une ampleur habituelle.
Le Concerto n°2 de Chopin qui suit fait entendre un orchestre de correcte tenue, sous la battue dynamique de son chef Benjamin Levy. L’équilibre avec le soliste est préservé, heureusement car le discours musical d’El Bacha est passionnant. En particulier au cours du deuxième mouvement en larghetto, dans un toucher à la fois très sûr et d’une agréable délicatesse qui fait ressortir la poésie des mélodies. Le dernier mouvement en allegro vivace laisse à nouveau de côté quelques effets pour la partie orchestrale, comme le trop discret fouetté des archets sur les instruments à cordes. Le pianiste impressionne à nouveau dans un tourbillon final aux nombreuses enfilades de notes, jouées avec précision et abattage.
Avant de se séparer du public, El Bacha interprète un court extrait du ballet Roméo et Juliette de Prokofiev.
Après l’entracte, c’est au tour de l’orchestre seul, d’abord dans e Tombeau de Couperin de Maurice Ravel. L’interprétation en est de bonne qualité mais pas inoubliable : le tapis de cordes ne paraît pas assez épais, les soli de bois sont techniquement en place mais pas toujours d’une grande séduction à l’oreille, et certains choix de rythmes peuvent être contestables, comme Forlane prise à un tempo très rapide.
La courte Symphonie n°1 de Prokofiev qui termine le programme, nous fait entendre la phalange dans de meilleures conditions, même si, là encore, l’effectif réduit voulu par le compositeur sonne ce soir un peu maigre. Les nuances des quatre mouvements sont bien différenciées, entre pizzicati espiègles du deuxième, passage à la mélodie bien connue de Roméo et Juliette du troisième ou sprint final alla Polka schnell du dernier.
I.F.©Pierre Morales.
Voir aussi nos divers entretiens avec Abdel Rahman El Bacha, en 2019, en 2020, en 2022, et tous nos comptes rendus des concerts correspondants et davantage encore…..
Laisser un commentaire