Grand Théâtre de Provence, Aix en Provence le 14 mai 2019
Le Cercle de l’Harmonie
Chœur du conservatoire d’Aix-en-Provence ; Jérôme Cottenceau, chef de chœur
Jérémie Rhorer, direction ; Mari Eriksmoen, soprano ; Varduhi Abrahamyan, mezzo-soprano ; Bernhard Berchtold, ténor ; Tareq Nazmi, basse
Ludwig van Beethoven, Symphonie n°9 en ré mineur
Le chef Jérémie Rhorer et son orchestre du Cercle de l’Harmonie ont fait un bon bout de chemin depuis leur venue à Aix-en-Provence il y a maintenant une douzaine d’années : il s’agissait de L’Infedeltà delusa de Haydn, représentée à ciel ouvert dans la cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède, au mois de juillet pour l’édition 2008 du Festival d’art lyrique. Mais il s’agit ce soir de la beaucoup plus connue 9ème Symphonie de Beethoven, qui fait salle pleine au GTP.
Il faut, à vrai dire, un petit temps pour s’adapter au son de cette formation qui joue sur instruments d’époque, l’oreille étant habituée, pour l’interprétation de cette œuvre, à des orchestres modernes bien plus sonores. Les bois sont ce soir plus chaleureux, les cuivres présentent moins de clinquant, avec une certaine patine comme mise sur la texture musicale, mais l’équilibre entre les différents pupitres apparaît plus naturel. Si les sonorités émises penchent – pour un auditeur du XXI ème siècle – vers Gluck, le style de direction imprimé par Rhorer n’est pas spécialement chambriste, mais extrêmement énergique. Techniquement, les cuivres d’époque sont décidemment des instruments bien capricieux, requérant une attention et une application de tous les instants pour éviter les fausses notes, et l’on relève également de rares attaques perfectibles aux cordes (les altos dans le 3ème mouvement et les violoncelles et contrebasses au début du 4ème, problème rapidement résolu dans les premières mesures de la mélodie de l’Hymne à la joie).
Les quatre solistes participant au 4ème mouvement sont des chanteurs de haut niveau international : la soprano Mari Eriksmoen tenait, entre autres, le rôle de Pamina dans la dernière Flûte enchantée du Festival estival d’Aix, la mezzo Varduhi Abrahamyan chantera prochainement Carmen à Munich et Barcelone, le ténor Bernhard Berchtold fait une belle carrière, tandis que le nom de la basse Tareq Nazmi est moins connu, voix bien placée d’une certaine autorité. On apprécie le timbre riche de la mezzo et l’élocution claire et vaillante du ténor, mais le timbre lumineux et aérien de la soprano l’emporte, voix qui domine de toute façon dans les ensembles.
Les choristes amateurs du conservatoire d’Aix-en-Provence, préparés par Jérôme Cottenceau, sont bien en place. Leur volume n’est pas démesuré, en rapport avec celui de la formation orchestrale.
Rappelons que le Cercle de l’Harmonie est désormais en résidence au Grand Théâtre de Provence pour une période de trois ans. (I.F. Photo de Jérémie Rhorer : Luc Braquet)