Archet vigoureux et sensible
Opéra Confluence, Avignon (14-12-2018)
Max Bruch, « Kol Nidrei » pour violoncelle et orchestre
Olivier Penard, Concerto pour violoncelle et orchestre. Création, co-commande de l’Orchestre Régional Avignon-Provence, l’Orchestre Région Centre-Val de Loire Tours et l’Orchestre régional de Cannes-Provence-Alpes-Côte d’Azur
Johannes Brahms, Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73
Orchestre Régional Avignon-Provence
Direction, Alexandre Piquion
Violoncelle, Sonia Wieder-Atherton (notre entretien préalable ici)
La faute aux « gilets jaunes » qui paralysent le pays depuis le 18 novembre, ou non, la salle était bien maigre, ce vendredi soir, à l’Opéra Confluence, pour le 3e concert symphonique d’abonnement de l’Orchestre Régional Avignon-Provence.
Si le titre « Inspiration et recueillement » donné dans la plaquette de saison, s’appliquait parfaitement à la pièce introductive, le reste du concert portait plutôt une énergie roborative, dont les crins de l’archet ont d’ailleurs fait les frais…
En ouverture donc, dans le poignant Kol Nidrei, hommage du compositeur protestant Max Bruch à la liturgie juive, le violoncelle de Sonia Wieder-Atherton, tout frémissant de sensibilité pudique, a dialogué en parfaite harmonie avec chacun des pupitres, dont la harpe délicate.
Autre pièce, autre univers. Vient ensuite le Concerto pour violoncelle et orchestre, presque nouveau-né, puisque composé par Olivier Penard, et créé en octobre 2017 avec l’Orchestre de Cannes, il n’en est qu’à sa 2e audition publique.
Sonia Wieder-Atherton (notre entretien ici), excellente violoncelliste internationale dont transparaît une profonde humanité et qu’on reverra avec plaisir cet été en divers lieux de la région, imprime une fougueuse vigueur à son jeu, en totale symbiose avec la multiplicité de rythmes et langages (instruments frottés, pincés, tapés, caressés…) des autres partenaires. Si dans l’intimité de l’écoute personnelle ce concerto ne donne sans doute pas sa pleine mesure, la scène lui offre relief et authenticité. Le compositeur Olivier Penard n’est d’ailleurs pas un inconnu, puisqu’il avait déjà signé il y a quelques années un excellent Peter Pan pour l’Orap (album toujours disponible).
Il reste à regretter que le chef Alexandre Piquion – qui dépasse tout le monde d’une bonne tête – n’assure qu’une direction efficace certes, mais mécanique, sans donner ensuite à la Symphonie de Brahms le souffle attendu. Son salut final, mi royal-élisabéthain, mi papal, sous une fausse simplicité, cache peut-être une vraie timidité qui explique cette constante retenue… Pourtant, nommé en 2015 directeur musical des 120 instrumentistes de la Musique de la Police Nationale, orchestre de prestige et de représentation du Ministère de l’Intérieur, à la fois protocolaire et artistique, il est un habitué des ors et velours des salles publiques.
Le prochain concert symphonique (vendredi 25 janvier 2019, 20h30), invitera un autre violoncelliste, Julien Victor-Laferrière (lauréat du Concours Reine Elisabeth, et Victoire de la Musique 2018), sous la direction de Jean-François Heisser. (G.ad. Photos G.ad.)