Samedi 7 septembre 2024, après-midi ; dimanche 8 septembre, matin et après-midi ; proclamation du palmarès en fin de journée. Espace Simiane, Hôtel de Ville, Gordes (84)
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Le samedi 7 septembre après-midi, l’audition des chanteurs solistes participant au 16ème Concours international de la mélodie de la ville de Gordes a été suivie par un public averti, très attentif et encourageant. Des applaudissements « équitables » ont remercié la prestation de tous les artistes, dans un juste respect de la neutralité nécessaire au bon déroulement d’un concours. Un public d’amateurs et de connaisseurs donc, mais malheureusement trop peu nombreux.
Dans la salle de l’Espace Simiane, au dernière étage de la Mairie – à l’acoustique toujours aussi médiocre – on a pu entendre 23 candidates et candidats pour la catégorie solistes : les sopranos Margaux Loire, Déborah Salazar, Emma Steiner, Svitlana Vlasiuk, Jeanne Zaepffel, Juliette Amirault, Florane Berthet, Ludmilla Bouakkaz, Jeanne Bousquet, Arisa Hayashi, Anne-Laure Hulin et Emmanuelle Jakubek ; les mezzo-sopranos Elisabeth Ternisien, Héloïse Bigand, Élise Guéroult ; les contre-ténors Younes Tebraoui et Angelord Blaise ; les ténors Arnaud Rostin-Magnin, Kenny Ferreira et Alejandro Oriuela ; le baryton Lucas Lopez Lopez ; les barytons-basses Dominic Veilleux et Benjamin Guilbaud.
Ces candidats pour la catégorie solistes ont été accompagnés au piano par Ayaka Niwano et Juliette Sabbah, en alternance. Ils ont interprété (en ordre d’apparition) :
Margaux Loire (soprano) : Duparc, Phidylé ; Bridge, Adoration ; Aboulker, À propos des chaussettes blanches.
Arnaud Rostin-Magnin (ténor) : Poulenc, Bleuet ; Schubert, Lied der Mignon ; Finzi, La vie de l’amour.
Déborah Salazar (soprano) : Amy Beach, Meadow-Larks ; Aboulker, L’Inconstance ; Saint-Saëns, Aimons-nous.
Emma Steiner (soprano) : Fauré, Au bord de l’eau ; Schumann, Die Lotosblume ; Menotti, The Swing (nous avons beaucoup aimé).
Younes Tebraoui (contre-ténor) : Fauré, Les Berceaux ; Cohen, Allelujah (émouvant) ; Schubert, Ständchen (un peu fragile, le piano très beau).
Elisabeth Ternisien (mezzo-soprano) : Fauré, Le Secret ; Aboulker, Lettre à ma sœur tant aimée (convaincant, belle présence) ; Guastavino, La Rosa y la sauce.
Dominic Veilleux (baryton-basse) : Chaminade, Chanson triste ; Archer, Winter sky (magnifique pièce) ; Wolf, Fühlt meine Seele.
Svitlana Vlasiuk (soprano) : Fauré, Au bord de l’eau ; Pécou, Madame se meurt (superbe) ; Brahms, Wie Melodien zieht es mir.
Juliette Amirault (soprano, 22 ans) a proposé un Debussy, Apparition. Et on est aussitôt conquis : fraîche, souriante, une Zerlina aux cheveux courts et bouclés ; voix ravissante, fruitée, homogène ; très musicale, très incarnée ; elle a poursuivi avec un très beau Mendelssohn, Nach Süden et terminé sa prestation avec Sua katselen de Saariaho, magnifique et troublant, très beau choix, porté avec intelligence et sensibilité ; très beaux pianissimi.
- Lauréate en catégorie « Soliste chant »
- Prix spécial Karine Deshayes, présidente 2023 : 1.000€
- Prix de l’Avant-Scène Opéra (Neuchâtel-Suisse) : 1.000€
- Prix des Musicales du Luberon (concert en 2025)
Angelord Blaise (contre-ténor) : Massenet, Élégie ; Mompou, Jo et Pressentia com la mar ; Aboulker, Le Loup e l’agneau.
Florane Berthet (soprano) : Fauré, Nell ; Debussy, Nuit d’étoiles ; Moore, The Lake Isle of Innisfree.
Héloïse Bigand (mezzo-soprano) : Fauré, Les Berceaux ; Aboulker, La cigale et la fourmi, Schumann, Er, der Herrlichste von allen.
Ludmilla Bouakkaz (soprano) : Viardot, Madrid ; Granados, Amor y odio ; Tesori, The girl in 14G.
Jeanne Bousquet (soprano) : Dvorak, Kol domu se tedn potacim ; Guastavino, Riquez ; Poulenc, Officier de la garde blanche (beau choix, puissant).
Kenny Ferreira (ténor) : Berlioz, Absence (alors que c’est tellement c’est casse-figure !) ; Schumann, Die Stille ; Barber, O boundless evening.
Élise Guéroult (mezzo-soprano) : Stravinsky, Die Heilige Tauss (très beau) ; Viardot, Haí lulí ; Bouchot, La Mort ô vie attend son tour.
Benjamin Guilbaud (baryton-basse) : Ropartz, Tendrement enlacées, ma chère bien-aimée ; Rihm, Gestalt und Geist (très belle pièce) ; Loewe, Erlkönig (tellement beau, trop rare…). Un programme original, particulièrement apprécié par le président du jury, Cyril Dubois, visiblement conquis, très attentif. Un timbre très homogène, un chanteur déjà très solide musicalement.
- Prix spécial « Cyrille Dubois » : 1000 €
- Prix de l’Opéra National du Capitole de Toulouse (concert en 2025-2026)
Arisa Hayashi (soprano) : Delibes, Chant de l’aimée ; Schubert, Nur wer die Sehnsucht kennt ; Kinoshita, Vache.
Anne-Laure Hulin (soprano) : Strauss, Nichts ; Greif, Ein Jüngling liebt ein Mädchen ; Auric, Le Châle.
Emmanuelle Jakubek (soprano) : Poulenc, Nous avons fait la nuit ; Schubert, Nur wer die Sehnsucht kennt (très beau piano) ; Heggie, Snake.
Lucas Lopez Lopez (baryton, 24 ans) : Alwyn, Aquarium, (très beau, un peu fragile dans les aigus) ; Strauss, Lob des Leidens ; Chabrier, Les Cigales (excellent, beau timbre, tout en rondeur, aigus encore un peu jeunes). Un jeune chanteur très prometteur que le jury a récompensé et que les Saisons de la Voix vont accompagner dans l’année à venir, grâce notamment à la Master Class avec Susan Manoff, en mai 2025.
- Lauréat en catégorie « Soliste chant »
- Prix Marianna : 500€
- Prix du TOBS : Concert au TOBS en saison 2025-2026
Alejandro Oriuela (ténor) : Saint-Saëns, L’attente ; Sauguet, Seul sur la terre, Guastavino, La Rosa y el sauce.
Le matin du dimanche 8 septembre, à 10h30, les candidats, chanteurs et pianistes, qui ont auditionné pour la catégorie duo chant-piano, se sont produits dans une salle Simiane presque déserte, à la réverbération insupportable, dans une ambiance austère mais recueillie et bienveillante, sans doute à cause du choix des spectateurs de ne pas applaudir à la fin de chaque prestation.
Alors que dans l’après-midi, entre 14h et 18h30, les places disponibles dans la salle n’étant pas suffisantes pour accueillir le public venu en grand nombre, sous une pluie battante, des chaises ont dû être ajoutées, entre une audition et l’autre, et les artistes ont été généreusement applaudis, l’ambiance virant vite plus au « récital » – avec quelques bavardages inutiles de la part des chanteurs lors des présentations de leurs pièces – qu’au concours.
On a pu entendre (en ordre d’apparition) les chanteurs/pianistes suivants, le matin :
Anara Kassenova (soprano), Antoine Sorel : Crumb, Approach strong deliveress ; Debussy, Apparition ; Strauss, Kling.
- Prix de l’Avant-scène Opéra (concert en 2025-2026)
- Prix des « Concerts au coucher du soleil » d’Oppède-le-Vieux (concert en 2025)
Eline Kretckkoff (soprano), Nataliya Nikol Skaya : Saariaho, Parfum de l’instant ; Brahms, Verzagen ; Chausson, Printemps triste.
Chloé Jacob (soprano), Paisit Bon-Dansac : Heggie, Natural selection ; Duparc, Au pays où l’on fait la guerre ; Sibelius, Var det en dröm.
Riselène Pince (soprano), Maitane Madrazo Suto : Debussy, Romance d’Ariel ; Rihm, Tomorrow is Saint Valentine’s day ; Strauss, Amor.
Margaux Poguet (29 ans, soprano), Robin Le Bervet : Berg, Schildflied ; Duparc, Au pays où se fait la guerre (vraiment réussi, touchant) ; Topor, Maman aux roses blanches (un choix singulier, séduisant, très drôle). Soprano à la belle maturité, belle voix de soprano lyrique, chant assuré, très beau, très incarné.
Céleste Ingrand (mezzo-soprano), Federica Stevanato : Laitmann, The rose ; Wolf, Rat enier Alten ; Beydts, Les dieux que j’appelais.
Parveen Savart (soprano), Anna Giorgi : Aboulker, La Chatte métamorphosée en femme ; Brahms, Dein Blaues Auge ; Boulanger, Versailles.
Charles Sudan (contre-ténor), Clémence Hirt : Mahler, Selbstgefühl, Boulanger, Doute ; Pesson, N’allez pas au bois (excellent, très musical, tenue et diction parfaites).
Camille Bauer (mezzo-soprano), Takako Nishikawa : Finzi, Une nuit qu’on entendait la mer sans la voir ; Chausson, Les Heures ; Weill, Beat ! Beat ! Drums ! (magnifique).
Noémie Bosquet (soprano), Adrienne Dubois : Schubert, Ganymède ; Aboulker, À propos de chaussettes blanches ; Berlioz, L’Île inconnue.
Charlotte Bozzi (soprano), Anaëlle Reitan : Fauré, Green ; Strauss, Wasserrose ; Burgan, Les Bigarreaux.
Et l’après-midi :
Paul-Emile Bougenvin (22 ans, baryton), Nils Rousson : Wolf, Lied eines Verlebten ; Marghieri, Saisir ; Ravel, Le Martin-pêcheur. Un duo parfait. Séduisants, très musiciens, le chanteur très investi, intelligent, diction excellente ; piano très beau, illustré et précis.
Marie-Andréa Cinquin (soprano), Yuan-Aï Li : Debussy ; Burgan, Les Bigarreaux, Clara Schumann, Er ist gekommen in Sturm und Regen.
Geoff Clapham (baryton), Johanna Lam : Tchaikovsky, Primiren’ye, Schumann, Mondnacht, Aboulker, À propos de la chaussette blanche.
Ihor Mostovoi (baryton), Paul Coispeau (homonyme, ou lui-même, sextuple lauréat 2023, et qui se produira ici même en Concert d’automne ?) : Mack, À ma fille ; Koechlin, Épiphanie ; Wolf, Der Feuerreiter. Mostovoi fabuleux, très à l’aise, impressionnant. Peut-être en raison de sa carrière déjà engagée (il est chef de chant à l’Opéra de Paris), le jury lui a préféré des candidats plus jeunes, plus prometteurs.
- Prix Petit-Palais Diffusion (Avignon) 600 € Ihor MOSTOVOI et Paul COISPEAU
- Prix des « Concerts au coucher des soleil » d’Oppède-le-Vieux (concert en 2025) : Ihor Mostovoi, avec Daria Mykolenko
Lisa Van Meennen (soprano), Félicité Laine : Duparc, Chanson triste ; Crumb, Invocation ; Rachmaninov, Dreams.
Pierre-Yves Cras (baryton, 28 ans), Étienne Caron : Strauss, Zueignung ; Finzi, L’océan des âges ; Duparc, Phidye. Pierre-Yves Cras, le grand gagnant de cette édition 2024, à l’unanimité. Remarquable, ampleur, puissance. Très beau timbre, très homogène sur toute la tessiture, belles couleurs, ses pianissimi peu audibles néanmoins. Le piano toujours à l’écoute, excellent.
- Prix de la Ville de Gordes : 1500 €
- Prix des Saisons de la Voix (concert en 2025)
- Prix de l’Opéra grand Avignon (concert en 2025-2026)
- Prix du Théâtre impérial-Opéra de Compiègne (concert en 2025-2026)
- Prix de l’Opéra de Massy (concert en 2025) Pierre-Yves CRAS en solo
- Prix de l’Opéra National de Montpellier Occitanie (concert en 2025-2026)
- Prix du Festival de Montperreux (concert en 2025-2026)
- Prix de l’Opéra National du Capitole de Toulouse (concert en 2025-2026)
- Prix de l’Opéra de Vichy (concert en 2025-2026)
Benoît Dechelotte (baryton), Sooyeon Baik : Schubert, Sehnsucht ; Aboulker, À propos de la chaussette blanche ; Eisler, An eine Stadt.
Héloïse Garlopeau (soprano), Clément Huber : Debussy, Apparition, Verdi ; Lo spazzacamino ; Heggie, Animal passion.
Thaïs Rai-Westphal (soprano, 26 ans), Fanyu Zeng : Duparc, Soupir ; Zemlinsky, Liebe Schwalbe ; Saariaho, Parfum de l’instant (sublime). Thaïs Rai-Westphal : magnifique présence, voix ronde, chaude, souple ; très homogène, beaucoup de couleurs. Très musicale, diction parfaite, pianissimi filés. La soeur d’Apolline Raï-Westphal, sextuple lauréate 2023, qui se produira ici même en Concert d’automne, toutes deux issues du CNSMDP) ? Piano brillant, enthousiasmant. Duo parfait, beaucoup de complicité.
- Prix du Département du Vaucluse, 1000 €
- Prix du Festival de Montperreux (concert en 2025-2026)
- Prix de l’Opéra National du Capitole de Toulouse (concert en 2025-2026)
Daria Mikolenko (soprano), Lidiia Vodyk : Liszt, Oh quand je dors ; Strauss, Frühlingsgedränge ; Dychko, Mélodie ukraïnienne. Grande émotion ; soprano légère aux beaux aigus agréables.
- Prix des « Concerts au coucher des soleil » d’Oppède-le-Vieux (concert en 2025)pour Daria Mikolenko
Vitoria Triquet (soprano), Vladyslav Khairutdinov, Boulanger, Élégie pour voix et piano ; Kossenko, Je suis triste ; Previn, Will there really be a morning ?
Logan Lopez-Gonzalez (contre-ténor), Stella-Marie Lorenz : Fauré, Green ; Phibbs, The Moon’s Funeral ; Brahmms, Meine Liëbe ist grün.
Comme de tradition, les membres du jury ont prodigué leurs conseils éclairés aux candidats à l’issue du palmarès. Cette année, à cause de la pluie battante et du mistral féroce, alors suspendus mais toujours menaçants, ce n’est pas sur le perron et dans les jardins de l’Hôtel de Simiane que les jeunes interprètes ont fait la queue pour échanger avec le président du jury, avec les critiques musicaux, les directeurs de maisons d’opéra ou de festivals, mais à l’intérieur, un peu partout, dans l’entrée et sur les escaliers de l’Hôtel de Simiane, jusqu’à dans la Bibliothèque municipale du premier étage, un local mis à leur disposition pour les répétitions, où dans la détente s’échangeaient les avis.
L’esprit particulier de ce concours en effet tient aussi aux conditions dans lesquelles sont accueillis candidats et membres du jury, chez les bénévoles de l’association, d’un dévouement et d’une générosité qui méritent admiration et reconnaissance : transporter, nourrir, héberger, accompagner près de cent personnes pendant un long week-end, depuis tant d’années, ça reste un exploit !
C.R. Photos G.ad.
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