Víkingur Ólafsson habillé pour la soirée au Festival de La Roque d’Anthéron
Mercredi 7 août 2024, 21h, Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron
44e Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron
Víkingur Ólafsson, piano
Verbier Festival Chamber Orchestra
Gábor Takács-Nagy, direction musicale
Schumann : Concerto pour piano et orchestre en la mineur opus 54. Beethoven : Symphonie n°7 en la majeur opus 92
Voir notre présentation d’ensemble du 44e Festival de La Roque d’Anthéron
et tous nos articles sur le Festival 2024 de La Roque d’Anthéron
Voir aussi les soirées 1 (soliste Alexandre Kantorow) et 2 (soliste Alexandra Dovgan)
C’est la dernière des trois soirées du Verbier Festival Chamber Orchestra, placé sous la baguette de son chef Gábor Takács-Nagy, et il faut reconnaître que les musiciens n’auront pas chômé, à la lecture des programmes où chaque compositeur aura été abordé avec un grand professionnalisme. La formation est associée ce soir au pianiste Víkingur Ólafsson qui fait son entrée en scène en tenue habillée et impeccable malgré la chaleur accablante. C’est en effet le seul sur le plateau, et peut-être dans le public, à porter costume et cravate, la tenue du jour étant plutôt le col – assez largement – ouvert pour tenter de lutter contre la chaleur étouffante, même aux heures les plus avancées du concert. Marque de respect pour le Festival ou bien code vestimentaire personnel de l’artiste, auquel il ne saurait déroger ? Question qui peut sembler secondaire, voire futile, et pourtant…
Dans le Concerto pour piano de Schumann, son jeu se montre d’emblée très sûr, d’une grande précision pour les accords et arpèges rapides. Sa longue cadence du premier mouvement lui permet de prouver sa maîtrise d’une vaste panoplie technique, entre franche accélération du tempo et nuances forte de plus en plus marquées, avant un retour comme au calme après la tempête. On apprécie aussi les jolis dialogues mélodiques entre le piano et plusieurs solistes : clarinette, hautbois, flûtes, cors. L’Andante fait entendre des sonorités plus modernes, certaines pouvant annoncer par instants les futurs Mahler ou même Wagner, avant un Finale plus enlevé où le soliste nous démontre une nouvelle fois sa superbe technique, mais avec la sensation parfois d’une virtuosité un peu mécanique qui ferait baisser la charge émotionnelle de l’interprétation.
A l’issue du Concerto, Víkingur Ólafsson s’adresse au public, en anglais et non pas en français, malgré ses six présences à La Roque au cours des éditions précédentes et dont il s’excuse platement. Par amitié pour le chef Gábor Takács-Nagy, il interprète d’abord trois chansons hongroises arrangées par Béla Bartók, jouées de manière enchaînée. Puis c’est une pièce de clavecin de Jean-Philippe Rameau qui conclut la première partie, prise quasiment à la vitesse du son et en conséquence d’une virtuosité extrême.
On retrouve l’orchestre seul après l’entracte dans la 7ème symphonie de Beethoven. Après une attaque initiale pas complètement collective, la phalange se met rapidement en place de manière équilibrée pour produire un son élégant, les pupitres de bois émettant des mélodies très fraîches, voire printanières parfois. L’éventail des nuances est large, bien rendues par la formation, entre le deuxième mouvement aussi pesant qu’une marche funèbre et le dernier très enlevé et joué avec du volume. En bis, l’orchestre passe à Johann Strauss II pour une Polka schnell : Eljen a Magyar ! (Vive la Hongrie !), où la bonne humeur règne… tourniquets de contrebasses compris !
I.F. / F.J. © Pierre Morales
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