Magistral ! Autiste ? Non, artiste
Voir aussi tous nos articles sur le festival Off 2024
Les Lucioles, Avignon, 11h45, 1h15. 3 au 21 juillet, relâche les 8 et 15 juillet. A partir de 6 ans.
Entre théâtre et concert, cette pièce est à voir sans hésiter !
Tout de blanc vêtu, Adrien Lepage, allume une petite flamme pour commencer le récit de sa vie. Récit qui s’articule autour de sa passion pour la batterie, flamme qui va embraser sa vie. Toute sa vie est rythmée par la batterie : il nous la conte en rythme ou selon les éléments de l’instrument, sa vie, sa passion, son obsession.
Différent des autres et stigmatisé à ce titre, il se révèle être très talentueux à sa batterie. Rien ne peut lui arriver à ses côtés, il ne vit que par son intermédiaire et sa présence. D’ailleurs elle prend vie lorsqu’Adrien la décrit, « comme un coeur qui bat », et transcrit tous les éléments de la vie à l’aide de rythmes très différents : tout est son – y compris les silences – et poésie lorsqu’Adrien parle. Les autres le qualifient d’autiste ? Lui se présente comme artiste.
Interprétée de façon magistrale par Gabriel Charbonnet, excellent acteur qui incarne les fragilités et les différences d’Adrien, mais aussi musicien accompli capable d’incarner différents styles et morceaux musicaux, et déchaîné lorsqu’il nous interprète des morceaux enflammés, un véritable feu d’artifice ! La batterie, que dis-je, les deux batteries sont un personnage à part entière qu’Adrien a prénommé Tic-et-Toum. Elles prennent vie sous nos yeux, présentant leurs différentes facettes, et les émotions variées surgissent, au son de la caisse claire, des cymbales, de la grosse caisse… Elles communiquent avec Adrien qui laisse alors exprimer toute la richesse de sa musique intérieure. La batterie est son lien avec le monde extérieur et celle qui lui permet des rencontres. Obnubilé par sa batterie, tout en blanc, il représente un ange de pureté qui nous séduit tous par sa naïveté. Les talents musicaux et la poésie de la pièce nous emportent dans un tourbillon d’humanité.
Le metteur en scène Stéphane Battle a fait le choix d’un décor minimaliste qui repose sur les deux instruments, mis en lumières par des rideaux noirs et les jeux de lumière, couplés avec une plate-forme sur laquelle repose la batterie que Gabriel Charbonnet déplace en tournant tout en en jouant, quelle performance !!
La pièce a été écrite par Cédric Chapuis qui a été (et est encore aujourd’hui ponctuellement) l’interprète initial et a reçu plusieurs prix (dont le spectacle du Meilleur seul-en-scène du Festival Off d’Avignon en 2021). Jouée depuis 14 ans dans le monde entier, elle rencontre un tel succès qu’elle est aussi jouée en soirée au théâtre des Corps Saints, interprétée par Pierre Martin-Bànos.
Le public est conquis : ovation debout pendant de longues minutes à la fin du spectacle !
Christèle. Photo C-Brent
Laisser un commentaire