(Notre compte rendu de représentation ici)
Conférence de presse du 24 mai 2019
Cette année, les décors laisseront place à des images, une évolution qui s’était déjà amorcée depuis quelques années ; les raisons n’en sont pas qu’économiques, dit Jean-Louis Grinda, metteur en scène et directeur des Chorégies, mais « c’est une esthétique nouvelle qui s’ouvre ». Dans cette « grande fresque épique, historique », l’action se déplace de quelques siècles : du XIVe on ira vers la charnière entre XVIIIe et XIXe siècles. Et pour incarner Guillaume Tell, « archétype du héros solitaire », le metteur en scène a choisi Nicola Alaimo, « un artiste exceptionnel, qui a une formidable puissance dans les plus grands Verdi – sans doute le meilleur Falstaff actuel -, mais qui sait aussi faire rire… ».
Pour Eric Chevalier, « mes premiers souvenirs des Chorégies remontent à 50 ans, quand j’étais jeune spectateur, puis à 1970 quand j’étais parmi les enfants qui chantaient dans Mireille ». « Il y a 50 ans, se rappelle-t-il, il n’y avait pas de décor, seulement le mur, et un praticable. Ce mur immense, sur lequel va se déployer la magie de la vidéo. Enfant, pour mon théâtre de marionnettes, je projetais déjà des diapositives en guise de décor. Ce Guillaume Tell, je l’ai créé pour la salle Garnier de Monte Carlo en 2018, mais en bien plus petit ! Les projections feront du bateau, par exemple, l’image terrible de l’invasion de la Suisse par les Autrichiens ».
« Le final, souligne Jean-Louis Grinda avec enthousiasme lors de la présentation à la presse, écoutez-le tous avant de venir, et vous comprendrez pourquoi on le monte à Orange ! C’est toute l’espérance dans l’avenir, c’est une musique presque beethovenienne avec ce grand chorus. Le propre des chefs-d’œuvre est de résister à tous les metteurs en scène… et je sais de quoi je parle ! Comme à Monte Carlo, j’ai fait très peu de coupures. Alors que j’ai vu à l’opéra de Paris il y a une vingtaine d’années, une partition taillée à la serpe !… Quant au Ballet, qui à l’opéra de Paris permettait autrefois aux mécènes d’admirer les danseuses, il avait été dans Guillaume Tell un scandale à la création. On était même allé jusqu’à un ballet de nonnes dans Robert le Diable, qui avait d’ailleurs été une nouveauté, puisque c’était la première fois qu’on faisait les pointes sur scène ! »
La chorégraphie sera signée Eugénie Andrin qui, depuis sa formation et ses premières prestations de danseuse solo que nous avions vues à l’Opéra Grand Avignon (2007), a fait beaucoup de chemin, du Chili à Shangaï, en passant par diverses villes d’Europe, et Monte Carlo où elle s’est établie.
Quant au reste de la distribution, on retrouvera des artistes déjà bien présents dans nos pages : le Ballet de l’Opéra Grand Avignon, les basses Nicolas Cavallier et Nicolas Courjal, le ténor Cyrille Dubois, et Julien Veronese ex-cnipalien, ainsi que la mezzo Nora Gubisch qui s’était faite rare. (G.ad. Photos G.ad.)
Rencontre avec l’équipe le 28 juin 2019
Avec Guillaume Tell, opéra en 4 actes, Gioachino Rossini prend tous les risques pour s’adapter aux goûts du public. Le compositeur le plus célèbre de son temps laisse à la postérité cette oeuvre dont la modernité ne cesse de nous surprendre. Alors âgé de 37 ans, Rossini ne composera plus. Il laisse au monde de l’opéra un monument au souffle romantique novateur, dont la célébrissime ouverture, véritable poème symphonique, trace le chemin pour les compositeurs à venir. Il s’agit d’une oeuvre charnière qui annonce la période romantique.
Quelle ironie pour Gioachino Rossini d’avoir donné pendant toute sa carrière l’image d’un auteur traditionnel pour s’en aller sur une œuvre aussi révolutionnaire, qui s’inspire d’une fresque historique transposée de la tragédie de Schiller !
Jean Louis GRINDA présente son équipe de production à la presse deux semaines avant le coup d’envoi qui aura lieu le 12 juillet à 21h30.
« C’est la première fois que l’on va jouer Guillaume Tell aux Chorégies d’Orange. Etonnant quand on pense que les Chorégies fêtent cette année leurs 150 ans ! C’était important de changer un peu de cap, et de proposer des spectacles qui ne se jouaient pas ici tout en étant persuadé qu’ils étaient faits pour être joués sur la scène d’ Orange. Et l’on pense à la programmation de l’an dernier avec Mephistophele (Boito) et le Barbier de Séville (Rossini) .
Cette année Guillaume Tell va être joué devant un public qui s’annonce nombreux et qui a accepté l’idée de se laisser surprendre.
Rien ne serait possible sans les décors d’Eric CHEVALIER, les costumes de Françoise RAYBAUD, les éclairages de Laurent CASTAING, et les images somptueuses des deux vidéastes.
Est excusé le maestro Gianluca CAPUANO qui vient de loin et qui nous fait le grand plaisir de diriger pour la première fois Guillaume Tell.
Nous avons une brillante distribution.
Guillaume Tell sera joué par Nicola ALAIMO qui a la stature pour ce rôle. Il vient de jouer les rôles-titres de Rigoletto à Marseille (la production des Chorégies de 2017, NDLR) et Falstaff à Monte-Carlo.
Celso ALBELO: c’est un ténor que vous avez déjà vu ici qui tiendra le rôle d’Arnold. Il a interprété des rôles dans des opéras de Verdi, Donizzetti et Bellini.
Dans le rôle de Mathilde, une superbe chanteuse : Annick MASSIS, qui a déjà interprété ce rôle à l’Opéra de Monte-Carlo et la Traviata au Capitole de Toulouse dans le rôle titre.
Jodie DEVOS joue « un homme » Jemmy. Cette jeune soprano belge compte parmi les jeunes talents à suivre. Elle vient de sortir un disque Offenbach récompensé à de très nombreuses reprises.
Nicolas COURJAL tiendra le rôle de l’odieux Gessler, rôle déjà défendu au Royal Opera House Covent Garden à Londres en 2015, sur une mise en scène de Damiano Michieletto.
Cyrille DUBOIS dans le rôle de Ruodi joue le pêcheur, c’est vrai qu’il n’intervient qu’au premier acte avec une mélodie superbe à chanter, mais très difficile, c’est un rôle important qui ne peut pas être tenu de manière anecdotique.
Philippe KAHN vient pour la première fois à Orange et interprète Melchtal, le père d’Arnold. Il a joué Rigoletto à l’opéra de Nice en 2017 avec une mise en scène d’Ezio Toffolutti.
Philippe Do sera Rodolphe. C’est un rôle qui n’est pas secondaire car ce personnage doit faire preuve de puissance, d’incisivité, et nous avons tout cela avec lui.
Nicolas CAVALLIER sera présent dans le rôle de Walter Furst. Il a déjà joué aux Chorégies d’Orange dans l’opéra Mireille mais a également interprété sous ma direction un magnifique Don Quichotte à l’opéra d’Avignon.
Julien VERONESE dans le rôle de Leuthold joue dans des scènes importantes qui font basculer le spectacle.
Ne pas oublier L’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, les Chœurs des Opéras de Monte-Carlo et Toulouse (des voix magnifiques) avec la coordination chorale de Stefano Visconti et les Ballets de l’Opéra Grand Avignon ». (D.B. Photos M.A.)
Dans quelques jours, notre compte rendu de la représentation du 12 juillet 2019.
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