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La Factory, salle Tomasi, 19h20 du 7 au 29/07 (relâche les 10, 17 et 24/07) Tel 09 74 74 64 90 et aussi par Internet ; comédie dramatique (à partir de 14 ans)
Un texte qui porte avec force le poids des non-dits
Tom à la ferme, pour les boomers qui ne connaissent pas le thème, il ne s’agit en aucun cas du cousin d’une certaine Martine et de ses nombreuses aventures « à la… » !
Plaisanterie mise à part, cette pièce a été écrite par le québécois Michel Marc Bouchard il y a une dizaine d’années. Et le sujet en est plutôt sérieux : Tom, très affecté, arrive dans la ferme de la famille de son compagnon pour les obsèques de celui-ci. Or, la mère, désorientée, ne semble pas connaître grand-chose de la vie de son défunt fils. En revanche, le frère aîné exprime une agressivité verbale et physique vis-à-vis de celui qui n’était pas vraiment attendu.
Vincent Marbeau, metteur en scène, a choisi d’être au plus proche du texte original. Nous y verrons le rejet d’un fils, d’un frère, avant même que celui-ci ne fasse un « coming out » à sa famille. Nous verrons le déni, jusqu’à la négation même de celui qui a partagé sa vie.
Une « simple » pièce de théâtre, une de plus ? Non, un écho terrible de la « vraie vie ».
Tous ceux qui ont vu le film de Xavier Dolan, y trouveront un certain nombre de différences nous rapprochant davantage encore de la vie même de l’auteur, de son authenticité.
Pour l’atmosphère sombre de la situation, Ladislas Rouge a joué sur les ombres et la faible intensité des projecteurs. Et Jordan Vincent, scénographe, a limité le décor et les accessoires à l’évocation de cette grande exploitation agricole isolée au milieu de ses maïs fanés en automne.
Pour avoir discuté avec les acteurs, je peux affirmer qu’il y a eu un réel travail de composition. L’élégante Lydie Rigaud joue cette mère perdue dans son incompréhension de la vie de ses fils ; elle endosse le rôle et les costumes de pauvre fermière tout droit sortis des années 60-70, avec ses pulls épais et ses bottillons fourrés. C’est bluffant ! Notons aussi la charmante Mathilde Péron en insupportable bimbo.
Pour les personnages principaux que sont Tom et Francis, Vincent Marbeau et Antoine Boizeau se donnent la réplique… physiquement : les coups et les chutes sont à peine feints, voire carrément vécus. En quelques secondes, ils se griment. Ce qui permet le lien entre les tableaux et donne un rythme haletant à la pièce. Leur complicité accentue la confusion des sentiments qui s’installe entre eux au cours de la pièce. Tous portent avec force le poids des non-dits, l’éloignement sentimental et l’incompréhension qui entraînent de la violence entre des êtres familialement si proches.
Norbert. Photo Antoine Granet
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