Une réflexion philosophique fort bien portée !
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Alya l’Espace, 20h15 du 03/07 au 21/07 (relâche les lundis) Tel 04 90 27 38 23 et Internet. Théâtre contemporain (portugais surtitré français)
Quand la scène s’éclaire, nos yeux sont attirés côté jardin par cette terrible cage où un jeune homme joue maladroitement au basket. Il est dans une cour de prison. Côté cour, un tableau blanc, un vidéo projecteur, un bureau et surtout un homme plus mûr, mature : c’est un auteur dans son local de travail. Ce personnage veut écrire une pièce sur un parricide et ce qui l’a amené à commettre ce meurtre si particulier.
Au début de la pièce, l’interprète de l’auteur, Otto JR, explique sa démarche, de façon très claire. Il vaut mieux, car la pièce se joue en portugais surtitré français. Même, si l’on n’a pas fait « portugais LV3 ; C » depuis quelques années, la compréhension est encore bonne. Et nous découvrons combien il est difficile de monter un projet avec des prisonniers : les autorisations de visites, éventuellement de sorties, voire d’actions se rapprochent d’un ubuesque dédale.
Pourtant, l’auteur entre en relation avec le prisonnier. Et comme le Renard dans Le Petit Prince, il leur faut s’apprivoiser. La scène est d’autant plus belle que Robson Torinni joue un prisonnier bourru, revêche même. Lors de l’interview d’après représentation, cet homme délicat m’expliquera avoir rencontré plusieurs véritables prisonniers pour s’imprégner davantage du rôle. Otto JR et lui sont d’ailleurs multi primés au Brésil pour ce spectacle et pour bien d’autres.
Il est souhaitable, dès que possible, de se détacher du surtitrage. La traduction littérale du texte rend la lecture malaisée et nous éloigne du jeu prenant des acteurs. Cependant, le texte de Sergio Blanco veut montrer combien le mensonge et la vérité sont indissociables lors d’un échange entre deux personnes, tout autant que lors de la création d’une œuvre partiellement autobiographique. Cette intention est soulignée par la mise en scène de Victor Garcia-Peralta. Car nous nous demanderons encore à la fin de la pièce : qu’y a-t-il de vrai dans ce que transmet le criminel à l’auteur ? Et quelles sont les intentions de ce dernier lorsqu’il avance dans son projet ? A chaque spectateur de se faire une opinion…
Une belle pièce philosophique, au sens noble du terme.
Norbert. Photo Rodrigo Lopes
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