Une commedia dell’arte à voir !
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Théâtre de Notre Dame, 16h45, 1h30. Les 6, 10, 13, 17 et 24 juillet. Réservations www.theatrenotredame.com
Faire passer un texte en alexandrins à un public varié, averti ou non, jeune ou non, est une belle gageure. La compagnie Alain Bertrand parvient à le faire aisément, sans souffrance ni ennui, et c’est un régal. Fidèles au texte de Molière, ils sont aussi fidèles à la conception scénique originelle (vêtements, mais aussi intermèdes musicaux et surtout chants polyphoniques et danses). La mise en scène de ce Tartuffe est signée Carlo Boso et Alain Bertrand, et nous plonge avec délices dans la commedia dell’arte. Avec de tels professionnels, il est évident que le théâtre de tréteaux renaît avec clarté et justesse. Les comédiens n’hésitent pas à aller voir le public pour interagir avec lui. Leur marque de fabrique est pourtant aussi très moderne, ne serait-ce que par une diction impeccable des vers (certains spectateurs n’avaient pas réalisé qu’il s’agissait d’une pièce en vers), l’humour, ainsi que par les sujets toujours contemporains : dévotion ou hypocrisie, volonté perfide de manipulation et de profit.
La pièce avait connu la censure au XVIIème siècle en raison d’une audace incroyable.
Orgon, un propriétaire fortuné, recueille sous son toit un dévot, Tartuffe. Cachant son jeu derrière une dévotion qui aveugle et manipule Orgon et sa sœur, celui-ci cherche en fait à séduire la femme de son bienfaiteur et à récupérer ses biens. Montrant les vicissitudes de l’homme et sa volonté de se cacher derrière des manifestations religieuses excessives, la pièce dénonce l’aveuglement de certains, ce qui ne fut certes pas du goût de tous…
Vivacité et expressivité des acteurs, mise en scène astucieuse, jeu fidèle à l’esprit de Molière, intermèdes musicaux, théâtre de tréteaux teinté de modernité : voilà les ingrédients de réussite de cette pièce. On ne se lasse pas de la revoir !
Tartuffe (interprété excellemment par Alain Bertrand) se présente ici tantôt comme un dévot austère tantôt comme un prédateur sexuel. Quant à Orgon (Philippe Codorniu), sa crédulité n’en devient que plus touchante lorsqu’il réalise amèrement la duperie. Citons aussi Christelle Garcia qui incarne une Dorine espiègle mais aussi têtue en tenant tête à son maître.
A noter que cette troupe joue en alternance durant le festival au même théâtre L’Ecole des femmes et L’Avare.
Enfin, la troupe s’est entourée du graphiste Hervé Frumy qui a créé des affiches (photo), soulignant aussi bien la tradition que la modernité de chaque pièce de la trilogie.
Christèle. Photo Hervé Frumy
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