Festival In d’Avignon, 2019
Invitée du concert d’ouverture de saison de l’Orchestre Régional Avignon-Provence le 5 octobre 2018, Sonia Wieder-Atherton est fidèle aux événements musicaux de la région, et revient pour la 2e fois au Festival d’Avignon, après Yitzhak Rabin: chronique d’un assassinat, d’Amos Gitaï avec la pianiste Edna Stern en 2016 dans la Cour d’Honneur. Elle propose sa Nuit des Odyssées, du 21 au 23 juillet 2019, à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, puis participera aux Musicales du Luberon, festival dans le cadre duquel je l’avais déjà rencontrée lors d’éditions antérieures.
-Musicienne classique, vous aimez sortir des sentiers battus, pour des projets pluridisciplinaires.
-J’aime faire bouger les lignes, c’est une nourriture pour moi. J’aime les découvertes. Les choses qui se croisent, qui se donnent la main, dans les arts, m’ont toujours attirée. J’aime partager les lignes transversales. L’art se met à vibrer quand on a voyagé, quand on n’est pas resté coupé du reste du monde dans la perfection d’un musée. Je me nourris de rencontres. Rien ne me manquait, c’est simplement ma façon à moi de ressentir.
-Quelle est, dans votre vie, votre Odyssée à vous ?
-Elle se mêle avec l’Odyssée d’Avignon. J’aime raconter des histoires. Tout commence avant le son. Je cherche ce qu’on aurait entendu avant même le premier violoncelle ; quel était le premier récit, la première colère, de la plus grande tendresse à l’état de chaos.
-Le titre « la Nuit des Odyssées », notamment le pluriel, est mystérieux.
-C’est un projet qui vit avec moi depuis plusieurs années. Ce sont mes propres Odyssées, à la rencontre de gens, à l’occasion de mes odyssées, de mes voyages : des femmes à Lille il y a deux ans, des enfants en Grèce, Giovana Marini et d’autres. Mon propos est que toutes ces versions se rencontrent, et tous ces récits que j’ai cueillis sont intégrés dans la bande-son.
-Ces rencontres, comment les préparez-vous ? Avec des sujets, des idées définies, ou au hasard ?
-Ces rencontres vont de pair avec la structure qui les accueille, toutes différentes, ce qui explique le pluriel. Aujourd’hui se profile une odyssée en Chine ; je me demande alors qui je pourrais rencontrer ; en l’occurrence j’ai douze adolescents qui constituent un merveilleux vivier. Dans un festival à Jérusalem, c’est une personne qui traverse : Aharon Appelfeld..
-Est-ce la continuité de vos précédentes interventions à Avignon ?
-Invitée par l’Orchestre d’Avignon, je l’ai été depuis longtemps.
-Je pense au spectacle auquel vous avez participé avec Edna Stern, au Festival 2016.
-Le spectacle d’Amos Gitaï ? Je n’ai pas aimé cette expérience. En revanche j’ai participé à des lectures avec Marie-Aimée…. Je suis très émue, parce que c’est la première fois que je présente ce premier projet, avec images, musiques ; c’est vraiment l’univers de Sonia qui arrive. A chaque présentation c’est différent. L’intégralité sera une Nuit blanche, que je donnerai à la Philharmonie de Paris début octobre. Mais dans les autres lieux, à chaque fois je choisis une des versions ; ici, « il y a 15 femmes autour de moi », présenté pour la première fois, sans images, au théâtre du Nord à Lille ; nous avons passé une semaine ensemble, venant d’horizons différents mais unies dans ce projet commun. Ce n’est pas un chœur de femmes, mais c’est une voix plus une voix, avec la pleine présence de chacune.
-Vous êtes également invitée, comme presque chaque année, par les Musicales du Luberon, dans un festival résolument féminin cette année. Pensez-vous qu’il y ait une façon « féminine » d’aborder la musique ?
-Non. Dans l’art, c’est une question qu’on ne se pose pas. L’art se fout du sexe biologique, de l’âge, de la couleur de peau… L’art ne nomme pas ainsi. Et d’ailleurs, que signifie « féminin » ? Dans l’être humain, comme dans l’amour, il y a diverses formes : enfant, parent, amant, toutes les expériences se croisent dans une histoire d’amour. On est parfois une femme, parfois un homme. Tout circule.
-Votre participation aux Musicales sera double cette année : un concert et une table ronde.
–En concert, je jouerai le Double concerto de Brahms, une de mes œuvres préférées, sous la direction de Deborah . Quant à la table ronde, je suis curieuse, évidemment : j’aime bien échanger, et voir vers quoi vont aller les questions.
-Je présume que vous avez quantité de projets au-delà de l’été ?
–D’abord la préparation, très longue, de la Nuit blanche d’octobre, mais aussi des tournées, des enregistrements. Mais pour l’instant je me consacre au présent ». (Propos recueillis par G.ad. Photo G.ad.)
Biographie-express
Sonia Wieder-Atherton est née en 1961 à San Francisco, d’une mère d’origine roumaine et d’un père américain d’origine juive.
Elle a grandi à New-York puis à Paris (formée au Conservatoire National Supérieur de Musique, et par Mstislav Rostropovitch) puis à Moscou (Conservatoire Tchaïkovski).
Lauréate en 1986 du prestigieux concours Rostropovitch, elle joue désormais avec les plus prestigieux orchestres européens et dans les grands festivals internationaux.
Elle est dédicataire de nombreuses œuvres (Dutilleux, Aperghis, Dusapin…)
Elle est également récitaliste, chambriste, compositrice voire arrangeuse.
Le 1er juillet 2018, elle participe à la cérémonie d’entrée de Simone Veil et de son mari au Panthéon.
Répertoire classique, traditions juives, musiques du monde ou chanson, tissent pour son inlassable curioisité des liens étroits et féconds.
Laisser un commentaire