Musiques de l’Europe de l’Est : jubilatoire florilège, on en redemande !
Voir Avril 2023 à la Scala-Provence
La Scala Provence, salle 600, samedi 1er avril 2023, 20h
Le Sirba Octet (site officiel)
Richard Schmoucler, violon 1 et directeur artistique ; Laurent Manaud-Pallas, violon 2 ; Corentin Bordelot, alto ; Claude Giron, violoncelle ; Stanislas Kuchinski, contrebasse ; Philippe Berrod, clarinette ; Iurie Morar, cymbalum ; Christophe Henry, piano ; Cyrille Lehn, arrangements
Kolomishka
Hora de Bessarabie
Fantaisie Roumaine
Suite de Moldavie
Doina Ciobanului / Sirba
Vu bistu geven / Der yid in Yerushalaim / Batuta de la Sarata
Bessarabye
Hora Flacailor Ikh shtey unter a bokserboym, musique Chava Alberstein Coragheasca
Jalea Tiganilor / Opa Tsupa / Yom Shabes yom
A Gute Vokh
Oyfn Veg Shteyt A Boym / Avreml der Marvikher
Tumbalalaika / Roumania, Roumania
Hora de Mana Pe Batai / Di Mashke
Bis
Katioucha / Otchi Tchornia
Hora de Bessarabie
Depuis sa création en 2003, le Sirba Octet maintient la tradition musicale des communautés juives et tzigane d’Europe de l’Est. Récemment invité des radios du service public (France Inter, France Musique), il porte haut la voix de ces « musiques du monde ».
Le mois d’avril commence sous des auspices d’une formidable énergie. Et le concert d’une heure 45 donné sur la scène – et dans la grande salle, où Philippe Berrod a promené sa clarinette !- de la Scala-Provence s’apparente à une vraie performance physique ; on admire l’engagement de chaque artiste, tous musiciens de grand talent, et l’on applaudit le premier violon Richard Schmoucler joyeux drille, facétieux, monté sur ressort, émaillant la soirée de quelques histoires bon enfant de « David et Sarah »….
Et l’on imagine que cette fougueuse complicité qui circule entre ces huit artistes, irrigue aussi la quarantaine de « Sirba » qui constituent cette grande famille à géométrie variable.
Qu’on l’appelle klezmer, yiddish, juive, tzigane… ou, plus simplement comme sur la pochette du CD correspondant, « klezmer & gipsy music », cette musique d’Europe de l’Est dégage une vitalité qui entraîne irrésistiblement mains ou pieds des spectateurs dans le rythme. Une consœur nous exprimait en sortant sa frustration de devoir écouter sans bouger… Sur les quelques centaines de spectateurs présents ce soir, j’ose croire que je n’ai pas été la seule à me laisser traverser par ces accents qui, pour n’être pas ceux de notre berceau, nous sont au moins largement cousins.
Peut-être par la présence permanente des cordes ; frottées, pincées en légers pizzicati ou scandant la cadence, ou frappées d’archets à l’unisson, elles chantent, pleurent, dessinent toutes les émotions de l’âme humaine ; le violon de Richard Schmoucler, virtuose, espiègle et brillant ; celui de Laurent Manaud-Pallas, parfois à l’unisson parfois en contrepoint ; le violoncelle délicatement exquis et profond de Claude Giron ; la clarinette jazzy de Philippe Berrod ; le piano fluide de Christophe Henry ; le cymbalum coloré de Iurie Morar ; et, moins exposés, la contrebasse de Stanislas Kuchinski en continuo et l’alto joliment inspiré de Corentin Bordelot.
Le concert est construit par l’alternance de pièces roboratives (Kolomishka en introduction, pour attaquer fort !) et de morceaux plus intimes (Hora de Bessarabie, où la mélancolie s’exprime en l’absence de la clarinette et du cymbalum ; ou Suite de Moldavie, où le vibrato des cordes va diminuendo, sur les accents graves du violoncelle et de l’alto) ; ainsi scintille et miroite toute la richesse kaléidoscopique de ce répertoire ; on y retrouve, en bis notamment, des mélodies populaires, que la salle fredonne à mi-voix.
Après 8 ans, on ne peut plus gère parler de tournée de sortie du CD éponyme, « Tantz ! » (« Danse ! ») mais on se laisse volontiers emporter, comme tant de salles avant nous, par cette « envolée musicale virtuose, expressive et dansante ».
G.ad.
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