Un texte fort de Charlotte Delbo mais on cherche vainement la mise en scène
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Théâtre de la Scala Provence, 10h10, durée : 1h05. Du 5 au 26 juillet, relâche les 7, 14 et 21 juillet. Réservations au 04 65 00 00 90
Marie Torreton dit le texte de Charlotte Delbo Prière aux vivants avec beaucoup de force. Elle nous plonge au cœur de l’horreur vécue par cette dernière lors de sa déportation à Auschwitz. Elle nous raconte les moments douloureux vécus, le travail épuisant, les humiliations, les violences, mais la force de ce texte est de nous faire partager aussi les moments essentiels de solidarité qui ont pu exister, les moments même réconfortants parfois comme lorsqu’elles montent le Malade imaginaire de Molière, pour oublier ce camp, pour penser au monde qu’elles ont quitté, avec l’espoir d’y retourner.
Les mots sont puissants, les émotions sont là, mais on regrette que la mise en scène ait été si sommaire. C’est peut-être la raison pour laquelle si nous avons bien vu ces émotions parcourir la comédienne, nous avons eu du mal à les ressentir de notre côté. Marie Torreton est seule en scène, pas de décor, des enceintes qui diffuseront de la musique, et la servante qui est allumée au début et le sera à nouveau à la fin avant de s’éteindre. La comédienne se déplace, s’assied parfois lors des moments les plus intenses, mais la gestuelle est réduite à sa plus simple expression, il n’y a que les mots pour nous toucher et nous faire percevoir ce qui a été vécu. Le travail de lumière toutefois est de qualité et permet de créer des émotions.
Il est bon de faire entendre les mots de ces déportés à l’heure où ils sont désormais si peu nombreux à pouvoir témoigner de l’horreur des camps. Il est nécessaire de partager à nouveau ce que des hommes ont pu faire à d’autres hommes à l’heure où certains relents d’extrémisme font peur. Les mots de Charlotte Delbo montrent ce que l’on doit retenir et apprendre de notre histoire, afin de ne plus commettre ces atrocités mais afin également de donner la force de continuer le combat.
Sandrine. Photo Thomas O’Brien
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