Opéra de Marseille, Mercredi 12 janvier 2022
Orchestre Philharmonique de Marseille
Violon : Alexandra Conunova. Violoncelle : István Vardai
Direction musicale : Lawrence Foster
Johannes Brahms, Danses Hongroises n°1, n°3, n°5. Johannes Brahms, Concerto pour violon et violoncelle en la mineur, op. 102, dit « Double Concerto ». Béla Bartok, Concerto pour orchestre
Dans le sillage des festivités de fin d’année, un concert qui met en lumière tout le talent des deux solistes et de l’orchestre, dans un programme original
La rangée de plantes et fleurs pour les deux séances du concert du Nouvel An de dimanche dernier est encore en place sur l’avant de la scène, ce qui donne un petit air festif à cette soirée de mercredi. On se fait aussi une joie de voir de retour sur le podium le chef Lawrence Foster, le directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Marseille se faisant plutôt rare ces derniers temps. Cette atmosphère est en tout cas bien en lien avec le début du programme, soit les trois Danses hongroises de Brahms orchestrées pour une formation symphonique. Les coups d’archets longuement tenus dans la n°1 installent un magnifique moelleux de l’ensemble des cordes et la vivacité de la formation sert au mieux ces passages de musique tzigane, en particulier la Danse n°5 extrêmement connue.
Le Double Concerto du même compositeur donne d’emblée l’occasion aux solistes de montrer leurs talents. C’est d’abord le violoncelle seul d’István Vardai qui dévoile sa grande musicalité et son extrême justesse, bientôt rejoint par le violon d’Alexandra Conunova, interprète dotée également d’une haute virtuosité. Les deux instrumentistes seuls se fondent en une agréable alchimie, tandis que l’orchestre assure un soutien solide et plein de caractère dans ses franches attaques. L’Andante intermédiaire est l’occasion pour le violoncelle de jouer de longues phrases pleines de sentiment, puis le Vivace non troppo final demande davantage d’abattage de la part des instrumentistes, mais ceux-ci n’en manquent pas. Un très court bis est accordé à l’issue de ce Double Concerto, la petite pièce « Goutte d’eau » écrite par Jean Sibelius à l’âge de 9 ans, où l’on entend de charmants pizzicati.
Après l’entracte, on change nettement de tonalité avec la modernité musicale de Béla Bartók et son Concerto pour orchestre composé en 1943, soit deux années avant sa mort alors qu’il est exilé aux Etats-Unis. La partition oscille régulièrement entre lenteur ou mystère – les premières mesures des premier et troisième mouvements évoquent irrésistiblement son opéra Le Château de Barbe-Bleue – et une exaltation plus dynamique dont la brillante section des cuivres marseillais donne ce soir la meilleure image. Le deuxième mouvement « Giuoco Delle Coppie. Allegretto scherzando » explique en grande partie cette dénomination de « Concerto pour orchestre » où aucun instrument en particulier n’est désigné comme soliste. Par paires d’instruments – d’abord deux bassons, puis deux hautbois, deux clarinettes, etc – les musiciens assurent en fait ce rôle de solistes pour former une sorte de passage en revue des différents pupitres, tous en très belle forme au sein de la phalange marseillaise. Les trois mouvements suivants alternent à nouveau entre quelques fulgurances (cuivres et cordes en particulier) et une ambiance plus poétique et sereine (début du quatrième mouvement « Intermezzo Interrotto »). L’orchestre ne tombe pas dans les nombreux pièges rythmiques de l’ouvrage – cassures de rythmes, départs en canon, etc – pour terminer le Finale en majesté. Seule petite ombre au tableau, le public applaudit systématiquement entre les mouvements, ce qui casse évidemment la continuité de l’exécution et perturbe chez l’auditeur une écoute totalement sereine et concentrée.
F.J. Photos : Opéra de Marseille, Marc Ginot (Lawrence Foster), Nagy Felbontàsù (Istvàn Várdai).
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