Un programme éclectique, exigeant
Conservatoire Darius Milhaud, Aix-en-Provence le 12 avril 2022
Festival de Pâques d’Aix-en-Provence
Orchestre national d’Auvergne. Thomas Zehetmair, direction et violon
Johann Sebastian Bach, Concerto pour violon n° 1 en la mineur, BWV 1041 ; Concerto pour violon n° 2 en mi majeur, BWV 1042. Iannis Xenakis, Aroura. Johannes Brahms, Quintette à cordes n° 2 en sol majeur, op. 111 (version pour orchestre à cordes)
L’Orchestre national d’Auvergne se produit ce soir dans un programme embrassant presque trois siècles de musique, joué dans l’auditorium Campra du conservatoire Darius Milhaud, qui constitue un écrin idéal pour cette formation de chambre. Nommé, depuis la saison 2021/2022, chef principal de l’orchestre, Thomas Zehetmair assure la direction musicale tout au cours de la soirée, mais également la partie de soliste des deux concertos pour violon de Bach.
Avec trois mouvements pour chacun, les concertos pour violon de Bach n°1 et 2 ont la même structure, aux deux extrémités des mouvements en allegro et une partie centrale plus lente (andante pour le n°1 et adagio e sempre piano pour le n°2). Le chef et violoniste prend place et commence à jouer face à ses musiciens, puis se tourne vers le public, lui procurant ainsi un petit surplus de volume. On détecte rapidement de petites imperfections de l’instrument solo, soit dans le rythme, soit dans l’intonation de certaines notes. Rien de très grave, et de très beaux passages nous feraient presque oublier ces très légères scories. Les séquences les plus réussies sont à notre sens les deux mouvements centraux, d’une élégante conduite pour les longues phrases musicales, l’orchestre dégageant une ampleur appréciable en soutien. Evidemment moins exposé que le soliste pour ce qui concerne la virtuosité, la formation fait preuve d’une cohérence et d’une musicalité sans failles, aussi bien par pupitres que pour chaque chef de pupitre. A noter aussi les très belles nuances piano / pianissimo du violon et de l’orchestre ensemble au cours du deuxième mouvement du concerto n°2.
La pièce qui suit fait le grand écart avec Bach : Aroura de Iannis Xenakis (1922-2001), pièce pour ensemble de cordes, composée en 1971. Même si l’opus est entré désormais dans l’Histoire de la musique, la partition sonne encore comme expérimentale dans de nombreuses oreilles parmi le public. La technique de jeu est ainsi très vaste, entre pizzicati, glissandi, plusieurs frappés d’archet, ou encore les cordes frottées parfois sur leur petite longueur, de l’autre côté du chevalet… curieux effet assuré pour les deux contrebasses ! L’auditeur peut alors laisser déborder son imagination et entendre des cris collectifs, des sirènes de navires ou divers bruitages, parfois étranges. La coordination rythmique est en tout cas assurée sans décalages, dans cette œuvre – on l’aura compris ! – difficile d’exécution !
On revient à plus classique avec Johannes Brahms (1833-1897) et son Quintette à cordes n° 2, dans une version pour orchestre à cordes. La mention de l’orchestration a son importance, puisqu’on s’éloigne assez radicalement d’un quintette lorsque, ce soir, ce sont 21 instruments à cordes qui jouent ensemble ! Chacun des cinq pupitres a donc sa propre partie, pour un rendu collectif qui a tendance à se fondre en un son où il est parfois difficile pour l’oreille de bien distinguer acoustiquement chaque groupe. L’ensemble est techniquement au point, avec de jolies interventions du violon solo et de l’alto solo, et restitue cette partition placée au cœur du répertoire romantique allemand.
F.J. Photos Caroline Doutre
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