« Romances au violon »
Voir aussi toute la saison 2022-2023 de l’ONAP
Vendredi 23 septembre 2022, 20h, Gymnase Roumanille, Avignon
Orchestre National Avignon-Provence. Debora Waldman, direction. Cordelia Palm, violon
Gabriel Fauré, Suite symphonique de Pelléas et Mélisande, op.80. Charlotte Sohy, Histoire sentimentale pour orchestre. Charlotte Sohy, Thème varié pour violon et orchestre, op.15 bis. Johan Svendsen, Romance pour violon et orchestre, op. 26. Ludwig van Beethoven, Romance pour violon et orchestre n° 2 op. 50
Je m’étais laissé tenter, ce 23 Septembre, par une invitation au concert « Romances au violon » donné par l’ONAP dans le cadre du projet Démos, au Gymnase Roumanille, à Avignon. Je dois dire que le programme y était pour quelque chose, offrant en particulier à découvrir deux œuvres de Charlotte Sohy et une autre du compositeur norvégien Johan Svendsen (1840-1911), pas vraiment connu en France. Une autre découverte fut le projet Démos et l’objectif de ce concert.
Charlotte Sohy d’abord m’intéressait, car n’étant pas inscrite au programme de la saison symphonique, bien que l’ONAP ait participé aux disques qui lui ont été récemment dédiés et Debora Waldman avoué, lors de la conférence de presse présentant la saison, qu’il s’agit de sa compositrice préférée, c’était là une occasion de l’entendre. Je dois regretter, néanmoins, qu’aucune action de promotion de ces disques (coffret de 3 CD), qui ont pourtant obtenu de bonnes critiques et mis en avant notre orchestre, n’ait été véritablement organisée sur Avignon ; Classiqueenprovence l’avait néanmoins chroniqué à sa sortie, tout comme l’ouvrage de Debora Waldman sur le même sujet, La Symphonie oubliée.
La première œuvre donnée, Histoire sentimentale pour orchestre, était un projet de musique pour un film qui n’a jamais été réalisé. Elle comporte quatre parties : « Au bord du ruisseau », joli descriptif aux cordes ; « Amourette de printemps », douce mélodie avec un bel échange violon-violoncelle ; « Absence », confié aux cordes, qui dégage une sorte de feu intérieur et joue avec les soupirs ; « Oubli », au rythme léger, genre sud-américain.
Le Thème varié pour violon et orchestre est, lui, une œuvre intense et passionnée, sentiments qui furent bien exprimés par le violon de Cordelia Palm, violon super solo de la phalange, qui joue pratiquement en continu sur l’accompagnement orchestral.
Exceptés Grieg et Sibelius, les compositeurs scandinaves nous sont, il faut l’avouer, peu connus. La Romance pour violon et orchestre de Johan Svendsen, compositeur, violoniste et chef d’orchestre norvégien, ne dépare pas le répertoire. Jolie romance, bien agréable à écouter, elle fut interprétée avec ferveur et délicatesse par la soliste et l’orchestre.
Mais revenons ici sur le projet Démos auquel l’ONAP s’est associé en septembre 2021 pour une durée de 3 ans. Ce projet national, débuté en 2010, coordonné par la Cité de la Musique – Philharmonie de Paris, intéresse aujourd’hui une cinquantaine d’orchestres. Il s’adresse à des enfants issus de quartiers relevant de la politique de la ville, avec pour objectif de les initier à la pratique musicale en orchestre, sur des répertoires, classiques ou moins classiques, adaptés à leur niveau. Ils suivent pour cela plusieurs ateliers tout au long de l’année scolaire qu’ils terminent par un concert. A Avignon, le dispositif comporte 6 groupes de 15 enfants parrainés par des musiciens de l’ONAP, sous l’autorité de Débora Waldman, et la Cité Educative s’est engagée, avec 6 écoles et 4 centres socio-culturels, à constituer, pour concrétiser le projet, un orchestre Démos, qui donna un premier concert en juin 2022.
Je ne sais à quelle étape de cette sensibilisation correspondait le concert de ce jour, qui réunissait un public d’environ 150 personnes et une trentaine d’enfants assis au sol, devant l’orchestre, comme aiment à l’être les enfants. Peut-être s’agissait-il pour certains d’une première approche de l’orchestre, si j’en juge par l’hétérogénéité de ce public enfantin, qui allait des plus attentifs aux plus déconcentrés et non intéressés.
En tout cas, ce concert se voulait participatif, Debora Waldman s’adressant aux enfants avant chaque œuvre et en appelant chaque fois quatre à venir s’asseoir parmi les musiciens au sein de l’orchestre. Elle raconta ainsi l’histoire de Pelléas et Mélisande au travers des quatre mouvements de la suite symphonique de Fauré et fit scander à son public, pour le rendre plus attentif, le rythme de la Sicilienne.
Même travail avec la romance de Beethoven. Présentant le thème principal au violon et à la flûte, elle le fit par la suite chanter par les enfants et le reste du public.
Nous espérons bien sûr que ce travail, qui va se poursuivre tout au long de l’année, portera ses fruits. L’orchestre s’est montré très impliqué et a joué sa partition avec sérieux, Cordelia Palm se produisant, elle, avec ferveur et conviction, récoltant des acclamations qui l’ont poussée à un bis partagé avec la harpiste, Aliénor Girard-Guigas, sa complice musicale du Duo Alcor et du Trio Seraphin, offrant à l’auditoire une élégie pour violon et harpe du harpiste-compositeur Luigi-Maurizio Tedeschi (1867-1944), un de leurs « tubes » (à écouter).
Bernard. Photos (programme), Sylvie Villeger (Cordelia Palm), Lyohdo Kaneko (Debora Waldman)
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