« Mozart sous toutes les coutures »… mais il reste quelques pages… pour un prochain concert ?
Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Samedi 12 février 2022
Elsa Dreisig, soprano
Orchestre de chambre de Bâle
Wolfgang Amadeus Mozart. Ouvertures et extraits des opéras : Le Nozze di Figaro, Così fan tutte, Don Giovanni, Lucio Silla, Idomeneo
Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie n° 38 en ré majeur, « Prague », KV 504
Âgée de trente ans, la soprano franco-danoise Elsa Dreisig est reconnue comme l’une des plus valeureuses représentantes de la nouvelle génération de chanteuses. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elle fréquente le Grand Théâtre de Provence : on se souvient de sa Micaëla ici-même en 2017 dans la Carmen mise en scène par Dmitri Tcherniakov. Elle est accompagnée ce soir par l’Orchestre de chambre de Bâle dirigé, depuis son violon, par le Konzertmeister Baptiste Lopez.
Le concert démarre avec Le Nozze di Figaro où, après une Ouverture vif-argent menée à grand train, la soliste en interprète tour à tour les trois rôles féminins principaux. En Susanna (« Giunse alfin il momento…Deh, vieni, non tardar »), la voix est séduisante, d’égale qualité sur toute la tessiture, ainsi que précise d’intonation. Son Cherubino (« Voi che sapete ») amène ce qu’il faut de frémissement dans le timbre de l’adolescent en plein émoi, la chanteuse, assise au sol, caressant gentiment le genou d’une violoniste… qui reste imperturbable dans l’exécution de ses pizzicati. Son long souffle lui permet aussi de faire passer l’émotion et la tristesse de la Comtesse, sur l’air « E Susanna non vien… Dove sono ».
Mais c’est Mozart qui tient l’affiche de la soirée, avec le titre « Mozart sous toutes les coutures » et à la suite de ces trois airs, la première partie enchaîne avec la Symphonie n° 38 en ré majeur, dite « Prague ». La pièce de trente minutes est certes jouée avec une maîtrise appréciable, mais vient déséquilibrer complètement l’alternance entre chant et musique qui prévalait jusqu’alors.
Le chant revient heureusement après l’entracte avec l’air périlleux de Fiordiligi (« Temerari… Come scoglio », de Così fan tutte), émis avec mordant et gestion dynamique des grands intervalles, entre graves quelque peu poitrinés et aigus épanouis. Après une ouverture de Don Giovanni vite expédiée, et certains bois pas toujours très séduisants de son, l’air de Donna Elvira « In quale…Mi tradi quell‘alma ingrata » est sans doute celui qui lui convient le plus, avec un instrument sans aucune tension et qui ne doit pas trop puiser dans le grave.
C’est le plus rare Lucio Silla qui succède, avec son Ouverture puis le charmant « Pupille amate » de Cecilio accompagné par la petite harmonie. Même schéma ensuite pour Idomeneo, et l’air d’Elettra « Estinto è Idomeneo….Tutte nel cor vi sento » plein de fureur et d’abattage. Un unique bis est accordé après la fin du programme, le délicat « Vedrai, carino, se sei buonino » de Zerlina. Soit un rôle mozartien féminin de plus pour le concert, mais il en reste quelques autres sur la touche… entre Donna Anna, Dorabella et Despina pour en rester à la trilogie Da Ponte !
F.J.
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