10e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence le 8 avril 2023
Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI. Fabio Luisi, direction. Gun-Brit Barkmin, soprano
Gala Richard Wagner
Extraits de Lohengrin, Tannhäuser, Tristan und Isolde, Parsifal et Die Götterdämmerung
Les musiciens italiens de l’Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI font étape au Grand Théâtre de Provence pour interpréter les passages les plus significatifs de l’œuvre wagnérienne. On détecte une petite mise en place imparfaite des premiers violons au tout début du prélude de Lohengrin, pour les premières mesures pianissimo et légèrement frémissantes, mais ce sera le seul court instant de faiblesse de la soirée pour cette très belle formation. Les autres pupitres entrent rapidement dans la partition (cuivres, bois, autres cordes) pour un son qui enfle bientôt en des tutti majestueux.
Il faut dire que le chef Fabio Luisi au pupitre, connaît son Richard Wagner, il suffit de rappeler qu’il tenait la baguette au Metropolitan Opera de New-York en 2012 pour assurer, en remplacement de James Levine malade, les représentations du Ring… et ses quatre opéras en 17 heures pour un seul cycle ! Et ce soir à Aix, l’ouverture de Tannhäuser fait entendre à nouveau une phalange vive et dynamique, de belle allure dans les climax, mais sachant aussi ciseler avec précision les séquences délicates.
Place au chant après le prélude du dernier acte de Tristan und Isolde, et ses magnifiques pupitres de violoncelles et d’altos. La soprano Gun-Brit Barkmin ne possède sans doute pas le profil idéal pour chanter la conclusive Mort d’Isolde. L’ampleur est en effet limitée, surtout dans la partie grave, et la met par instants en difficulté vis-à-vis de la masse orchestrale. Son investissement personnel est cependant visible et apprécié de l’auditoire.
Après l’entracte, le passage orchestral « L’Enchantement du Vendredi saint » n’est pas directement extrait de l’acte III de Parsifal et peut sonner un peu curieusement aux oreilles des connaisseurs. Le passage, merveilleuse musique au demeurant, est en effet privé ici des habituels dialogues entre Parsifal et Gurnemanz, et se termine de manière abrupte en des mesures ajoutées.
Ayant pris connaissance des moyens vocaux de la soprano, on pouvait redouter son affrontement du finale du Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux) et sa terrible scène de l’Immolation de Brünnhilde, véritable Himalaya vocal pour toute soprano dramatique. Les graves sont certes discrets et les deux notes les plus aiguës se rapprochent davantage du cri, mais Gun-Brit Barkmin tient globalement le rôle, avec là encore un grand engagement personnel qui la fait terminer au bord des larmes. Tout auditeur peut être aussi ému, après un tel déchaînement de décibels pour marquer l’engloutissement du monde. Puis c’est le calme après la tempête, un nouveau cycle wagnérien peut ainsi commencer…
I.F. Photos I.F.
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