Une soirée “caliente”
Samedi 6 juillet, théâtre antique d’Orange. 21h30, durée 2h10.
Direction musicale, Óliver Díaz. Ana María Martínez, soprano. Ismael Jordi, ténor. Plácido Domingo, baryton
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Les ballets d’Antonio Gades
Fort de la réussite de leur Nuit russe l’an passé, les Chorégies d’Orange ont souhaité, pour leur 150e anniversaire, confier l’organisation d’une Nuit espagnole à la « légende » Plácido Domingo !
La nuit andalouse fut douce et chaude, sous le ciel orangeois. La canicule qui pesait depuis de longues semaines s’adoucissait en tiédeur caressante.
Une longue ovation accueillit Placido Domingo avant même qu’il n’ouvrît la bouche ! Et se renouvela à chaque retour en scène, chaque solo, duo, avec la charmante soprano Ana María Martínez, chaque apparition avec les danseurs. La voix n’a peut-être plus le brio d’antan, mais l’homme ne laisse pas d’enflammer le théâtre antique.
Chanteur, acteur, chef d’orchestre, administrateur d’opéra, directeur de projet à Los Angeles, il est l’homme des records, avec plus de cent cinquante rôles, près de quatre mille représentations, et pas moins de cent enregistrements. Avec deux participations antérieures aux Chorégies, il faisait figure de redoutable aîné face à tous les autres, qui y entamaient peu ou prou leurs premiers pas.
Mais le plateau fut excellent de bout en bout, tant dans les zarzuelas les plus atypiques que dans les pièces les plus attendues. Même les cuissardes du baryton, et l’épais habit de lumière pour le ténor Ismaël Jordi en grande forme, n’ont pas alourdi les pas, ni les voix. Aussi talentueuse, la compagnie flamenca d’Antonio Gades a « mis le feu », dans l’élégance et la précision, et légitimement partagé les ovations.
Pas étonnant que la chaleur soit montée d’un cran dans le théâtre : tous les artistes étaient des Latins : le ténor et le chef espagnols, la soprano portoricaine… Et sous la direction, sympathique mais hésitante, du chef Oliver Diaz – pourtant spécialiste du genre -, l’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo lui-même s’est laissé emporter par la vibration « caliente », couvrant trop souvent les voix, entre cuivres impétueux, cordes enthousiastes, cors chaleureux… Il n’est guère que l’attaque de la seconde partie qui ait permis d’entendre les claquements de doigts et les froufrous des robes virevoltantes.
Une soirée « acolorada », qu’on aurait eu tort de manquer ! (G.ad. Photos Philippe Gromelle).
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