Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron le 21 juillet 2019
Orchestre Philharmonique de Marseille
Néstor Bayona et Mihhail Gerts, direction ; Marie-Ange Todorovitch, mezzo-soprano ; David Kadouch et Plamena Mangova, piano
Leonard Bernstein, Symphonie n°1 « Jeremiah »
George Gershwin, Concerto pour piano et orchestre en fa majeur
George Gershwin, Rhapsody in Blue
Leonard Bernstein, Suite symphonique de « On the water »
Leonard Bernstein, Danses symphoniques de West Side Story
Les deux grands compositeurs américains Leonard Bernstein et George Gershwin sont au programme de cette Nuit du piano, musique américaine. Pour le premier concert à 20h dans le Parc du Château de Florans, le chef Néstor Bayona remplace Lawrence Foster contraint d’annuler sa participation pour raisons de santé. La symphonie numéro 1 de Bernstein « Jeremiah » démarre avec son premier mouvement « Prophecy » d’une grande ampleur aux cordes et un certain brillant aux cuivres, d’un caractère plutôt triste. Le deuxième mouvement est bien plus guilleret avec des rythmes plus marqués, malgré son titre « Profanation ». L’orchestre Philharmonique de Marseille fait preuve d’une belle cohérence globale, en particulier pour ce qui concerne les nombreuses cassures du rythme, qu’on imagine très piégeuses.
Dans le 3ème et dernier mouvement « Lamentation », qui est chanté, la mezzo-soprano Marie Ange Todorovitch montre une grande autorité dans sa voix, d’un vibrato tout de même assez développé. La pièce se conclut par une douce mélodie esquissée à la petite harmonie puis reprise par l’orchestre, comme une note d’espoir.
Vient ensuite le Concerto pour piano de Gershwin interprété par le soliste David Kadouch. Une couleur jazzy s’installe dès les premières mesures : coups de timbales, puis solo de clarinette et cuivres. Plus tard les rythmes plus dansants alternent avec des mesures plus romantiques et alanguies, également avec quelques ambiances de couleur portoricaine, aux percussions ou à la trompette avec sourdine. Le piano de David Kadouch est enchanteur, on admire la sûreté de son toucher, et sa délicatesse quand il le faut. Dans le 2ème mouvement, la trompette est très exposée dans son solo initial, puis viennent les clarinettes et hautbois, tous impeccables. Le rythme est très rebondi, très joyeux au piano, repris par les cordes. Un passage évoque brièvement la mélodie de Summertime, puis les puissants tutti orchestraux alternent avec des sons plus ténus, comme la flûte et le piano ensemble. Le troisième et dernier mouvement amène un fort contraste, plus rapide et d’un tissu orchestral bien plus dense.
En bis, les deux soliste David Kadouch et Marie-Ange Todorovitch interprètent Summertime, morceau « très à propos » comme l’indique le pianiste. Il est vrai que la chaleur estivale règne ces jours-ci sur la Provence… comme ailleurs !
Le deuxième concert à 22h voit un nouveau chef d’orchestre monter au pupitre, Mihhail Gerts, pour un programme à dominante Bernstein.
On commence avec la Rhapsody in Blue de Gershwin interprétée par Plamena Mangova au piano, une très grande présence sur son instrument, tour à tour très volontaire puis plus légère, toujours extrêmement virtuose. Elle est très généreusement applaudie et donne en bis deux rappels de Ginastera, les deuxième et troisième Danses Argentines, tout en délicatesse pour la première et en rapidité pour la seconde. Elle déclenche encore des applaudissements à tout rompre, en cadence avec les pieds des spectateurs qui tapent par terre.
Place ensuite à Bernstein, d’abord sa Suite symphonique de « On the Waterfront », d’une orchestration très variée, entre passages très légers – la flûte et la harpe – et de nombreuses séquences plus brillantes, où les cuivres et percussions se taillent la part du lion.
On enchaîne avec les Danses symphoniques de West Side Story, aux rythmes souvent très chaloupés. Le premier morceau est rythmé par le claquement des doigts des musiciens, puis plus tard la séquence du « Mambo » remet sur les rails les quelques spectateurs en voie d’endormissement. L’air « Maria » est abordé en pizzicati puis repris au bois et aux cordes. Certains passages de la partition dégagent de fait beaucoup d’émotion, comme la touche finale qui clôt le programme. En bis, le chef propose « encore une petite danse », c’est à nouveau « Mambo » avec la participation active du public. (I.F. Photos Christophe Grémiot)
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