Une formidable fête vocale et musicale !
Norma, opéra de Vincenzo Bellini, Opéra de Marseille (site officiel). Jeudi 26 septembre 2024, 20h (notre compte rendu) ; dimanche 29 septembre, 14h30 ; mardi 1er octobre, 20h ; jeudi 3 octobre, 20h
Direction musicale, Michele Spotti. Mise en scène, Anne Delbée. Collaboratrice artistique, Emilie Delbée. Décors, Abel Orain. Sculpteurs, Vincent Lievore et Augustin Frison-Roche. Costumes, Mine Vergez. Lumières, Vinicio Cheli. Réalisation lumières, Jacopo Pantani
Karine Deshayes (Norma) ; Salomé Jicia (Adalgisa) ; Laurence Janot (Clotilde) ; Enea Scala (Pollione) ; Patrick Bolleire (Oroveso) ; Marc Larcher (Flavio) ; Valentin Fruitier (Grand cerf)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille
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Norma revient à l’opéra de Marseille après une absence de quasi 20 ans et nous est présentée dans la production du Capitole de Toulouse où le spectacle avait été créé en 2019. Lors de ces représentations toulousaines, Karine Deshayes y interprétait le rôle d’Adalgisa, mais elle s’épanouit désormais dans le rôle-titre, avec un engagement total. C’est en effet la troisième fois qu’elle incarne Norma, après le Festival d’Aix-en-Provence en juillet 2022 en représentation de concert, puis la saison dernière à l’Opéra national du Rhin, en version scénique. La voix est mordante, fait preuve d’autorité dans ses récitatifs et d’agilité dans les passages fleuris, mais sait aussi jouer la carte de la douceur dans son grand air « Casta Diva ».
En Adalgisa, la soprano géorgienne Salomé Jicia a, de son côté, déjà chanté les rôles de Norma et Adalgisa, mais uniquement en représentations de concert. On entend la belcantiste au travers de ses courts passages vocalisés particulièrement fluides, tandis que la voix, d’une belle couleur, se pare d’une charge dramatique. Grand habitué de l’Opéra de Marseille ces dernières années, le ténor Enea Scala défend Pollione avec un grave toujours aussi large et aux accents de baryton, alors que la partie aiguë est émise avec force et une appréciable générosité. Patrick Bolleire chante pour sa part le rôle d’Oroveso, une voix ferme mais limitée en puissance et qui a tendance à disparaître au milieu du chœur masculin.
Les chœurs marseillais nous paraissent justement en bonne forme, suffisamment vigoureux et coordonnés. Ils ont été préparés pour l’occasion par Clément Lonca, jeune chef d’orchestre lyonnais qu’on a pu voir dans le passé diriger quelques fois à l’Opéra de Lyon. Il y sera d’ailleurs pour plusieurs soirées fin décembre prochain, au pupitre de l’opéra de Rossini Il Turco in Italia. S’agissant de Norma, c’est l’actuel directeur musical de l’Opéra et de l’Orchestre philharmonique de Marseille Michele Spotti qui tient la baguette. Le jeune chef italien (31 ans) impulse une belle dynamique à sa phalange, dessinant un agréable relief musical, en choisissant parfois quelques tempi originaux et pertinents, par exemple un rythme accéléré pour le chœur introductif du premier air d’Oroveso.
La mise en scène d’Anne Delbée ne se situe pas à ce niveau de qualité, un traitement certes classique, dans un décor où trône une estrade où les artistes viennent chanter leurs airs, entourée de panneaux blancs avec des motifs noirs évoquant la forêt et qui laissent la place au 2ème acte à des parois argentées.
Mais c’est la présence du personnage supplémentaire du « Grand cerf », rôle parlé – non prévu par Bellini, est-il besoin de le dire ?! – qui vient régulièrement gâcher notre plaisir. On pouffe intérieurement en l’entendant énoncer, pour ne pas dire crier par instants, certaines phrases passablement ampoulées : « (…) J’ai été le livre à l’origine (…) J’ai été la corde de la harpe (…) »… sans commentaires ! Mais ce sont surtout ses interventions pendant qu’est jouée la musique qu’on a bien du mal à supporter… laissez-nous écouter la musique, de grâce !
I.F. © Christian Dresse
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