L’univers de Pagnol revisité par Daguerre, une belle réussite
Voir aussi tous nos articles du Festival 2025
Théâtre du Chien qui fume, 12h00, durée 1h45. Du 5 au 26 juillet, relâche les 9, 16 et 23 juillet. Réservations au 04 84 51 07 48.
C’est avec brio que Jean-Philippe Daguerre nous replonge dans cet univers marseillais que l’on aime tant – et qu’il nous a dit avoir porté depuis longtemps -. Le décor est simple mais reprend tous les codes nécessaires pour que nous soyons véritablement au Bar de la Marine, sur le Vieux-Port. Les mots de Pagnol résonnent, l’accent chante et nous emmène avec lui, délicieusement. Toutes les répliques-culte sont là : « Tu me fends le cœur », « fatigué de traîner son ombre » et bien d’autres encore. On retrouve avec plaisir tout ce que l’on attendait : de la leçon des quatre tiers au bal des couillons. Toutes ces galéjades qui nous ont fait tant rire chez Pagnol provoquent immanquablement l’hilarité de la salle.
Les comédiens chantent, s’amusent, tourbillonnent, et, pas plus que nous, ne boudent leur plaisir. Un véritable esprit de troupe règne entre eux et cela fait tellement de bien à voir et à entendre. Ils sont tous impressionnants et donnent corps et voix à chacun des personnages de Pagnol, mais leur force est qu’ils ne cherchent pas à imiter le créateur mythique du rôle, ils le jouent à leur manière avec leur personnalité et c’est une grande réussite.
Le couple d’amoureux est joué à la perfection par Geoffrey Palisse et Juliette Béhar. Ils nous touchent tant par le bonheur qui rayonne en eux que par le sacrifice que fait Fanny par amour pour Marius en le laissant réaliser son rêve : partir en mer. Mais les autres personnages n’ont rien à leur envier, chacun est excellent dans son rôle.
L’univers de Pagnol pourrait sembler loin de celui de Jean-Philippe Daguerre – lui-même un homme du Sud-Ouest -, mais au final pas tant que cela. On retrouve une humanité prise sur le vif, des instants de vie avec toute la complexité des relations humaines, et c’est l’univers dans lequel Jean-Philippe Daguerre excelle, celui de son récent quintuple molière pour Du charbon dans les veines (complet tout l’été sur Avignon) après son quadruple molière pour Adieu, M. Haffmann… et même celui du Barbier qu’il met en scène cette année au château de Grignan – son rêve ! – dans le cadre des Nuits de la Drôme (voir aussi notre compte rendu).
Une belle réussite, un très bel hommage rendu à Marcel Pagnol.
Sandrine. Photo Grégoire Matzneff
Laisser un commentaire