Une première pour Marie-Ange Nguci au Festival de La Roque d’Anthéron
Mardi 13 août 2024, Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron
44e Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron
Marie-Ange Nguci, piano et direction
Sinfonia Varsovia
Prokofiev : Symphonie n°1 en ré majeur opus 25 « Classique ». Mozart : Concerto pour piano et orchestre n°21 en ut majeur K. 467. Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n°5 en mi bémol majeur opus 73
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C’est une première ce soir pour Marie-Ange Nguci, qui entre sur scène baguette à la main pour y assurer la direction musicale. Elle dirigera plus tard deux concertos depuis son piano, mais c’est le rôle de chef d’orchestre qu’elle tient d’abord dans la courte Symphonie n°1 de Prokofiev. On retrouve le Sinfonia Varsovia, nous semble-t-il dans une meilleure forme que quelques jours auparavant en compagnie d’Anne Queffélec (voir notre compte rendu). La formation donne de l’ampleur, mais sans démesure, chaque instrument pouvant s’exprimer sereinement, comme la flûte ou encore le basson qui répète sa courte phrase mélodique, à l’envi et avec une sorte d’espièglerie. Jolies cordes et bois en contrepoint dans le larghetto, alors que Prokofiev saura se souvenir quelques années plus tard de sa Gavotte en troisième mouvement, pour la composition de son ballet Roméo et Juliette. Final vif enfin, où l’on apprécie la clarté des mélodies énoncées et les bons équilibres installés entre les différents pupitres.
On retrouve ces mêmes qualités dans le Concerto pour piano et orchestre n°21 de Mozart, avec également une bonne balance entre le piano et l’orchestre. Installée face aux musiciens, Marie-Ange Nguci détaille des arpèges bien détachés, comme dans sa longue cadence du premier mouvement où la technique est mise au service de l’interprétation. Elle profite des quelques mesures qui laissent ses mains libres, voire une seule par moments, pour diriger les instrumentistes qui portent une attention particulière au rythme, et produisent des attaques très précises. Le couvercle du piano étant retiré afin que le regard de la soliste puisse balayer tous les musiciens, l’instrument, sans cette surface de renvoi du son, ne dégage pas la puissance habituelle et il faut un petit temps d’adaptation à l’oreille. L’interprétation est globalement remarquable, entre l’andante et ses douces notes du piano suspendues sur les pizzicati et la virtuosité plus rapide de l’allegro qui suit.
Après l’entracte, le Concerto pour piano n°5 de Beethoven ne nous semble pas évoluer sur les mêmes cimes. Certes la virtuosité de la soliste conserve sa qualité, mais l’entrée en jeu des cors et trompettes sur certaines mesures a tendance à déséquilibrer l’unité de son. De même plusieurs attaques trahissent un fugace déficit de cohésion de la formation, tandis que le rendu de l’ensemble manque sans doute de brillant par séquences. Dans ces conditions, c’est le deuxième mouvement lent qu’on apprécie le plus, un adagio de toute beauté, déroulé avec sérénité, qui donne une impression d’intimité entre les musiciens et le piano solo. L’allegro qui conclut ensuite impressionne à nouveau par l’abattage de Marie-Ange Nguci, les mains balayant toute la largeur du clavier.
C’est aussi le cas dans l’unique bis accordé, le Concerto pour la main gauche de Ravel, mais c’est donc une seule main qui joue ici des arpèges de très grandes amplitudes. Au bilan de cette soirée, il faut reconnaître à l’excellente pianiste Marie-Ange Nguci ses capacités de préparation et de direction d’orchestre.
I.F. / F.J. © Valentine Chauvin
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