Au Grand Théâtre de Provence : danser en toutes Saisons… de Vivaldi
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, mercredi 17 avril 2024
Julien Chauvin, violon et direction. Mourad Merzouki, chorégraphie. Coline Serreau, scénographie. Sabri Colin, danseur. Danseurs Pôle en scènes
Le Concert de la Loge
Antonio Vivaldi, Les Quatre Saisons
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Donné en juin 2023 à La Seine Musicale de Boulogne-Billancourt, le spectacle Les Quatre Saisons est accueilli au Grand Théâtre de Provence. Classé à la fois dans les rubriques Musique classique et Danse de la saison aixoise, il s’agit en effet, comme l’annonce le programme, d’un « croisement inédit entre la musique et la danse pour fêter le 300ème anniversaire des Quatre Saisons de Vivaldi ». La partition a été effectivement composée vers 1723, mais redécouverte seulement à la moitié du 20ème siècle et jouit, depuis lors, d’une notoriété s’étendant bien au-delà des salles de concert. Pour la partie musicale, il s’agit même ce soir de Quatre Saisons « augmentées », puisque chacune est encadrée par une composition supplémentaire d’Antonio Vivaldi.
Les musiciens du Concert de la Loge et les sept danseurs d’Adage et Pôle en Scènes entrent dans l’obscurité sur le plateau, puis l’ouverture de l’Olimpiade est jouée, d’abord très lentement. Les danseurs se mettent alors en mouvement, ce qui permet alors de les distinguer des instrumentistes, l’ensemble étant vêtu en chemise, pantalon ou robe dans les mêmes tons. La chorégraphie de Mourad Merzouki relève de la danse contemporaine, avec de nombreuses séquences de hip-hop ou break dance, les danseurs intervenant en solo, duo ou ensemble. Ils assurent en outre une constante, celle de rester le plus souvent au plus près des musiciens, voire d’être mêlés à ceux-ci pour former un groupe uni qui entremêle musique et danse.
Le « Printemps » et ses violons comme des premiers gazouillis d’oiseux sont l’occasion pour les danseurs de mimer rapidement des volatiles, avant de développer de plus amples mouvements, ceci jusqu’à des solos plus acrobatiques qui enchaînent roulades et sauts. Tous les artistes sont pieds nus et l’ambiance visuelle est par ailleurs constamment automnale sous les lumières à dominantes rouge et orange, alors que la scène est délimitée au fond par les cloisons de bois.
Fondateur en 2015 de la formation baroque Le Concert de la Loge, Julien Chauvin dirige, tout en assurant les difficiles parties de premier solo. Alors que l’orchestre dans son ensemble produit un son élégant et particulièrement dynamique, le violon solo est soumis à rude épreuve au cours des passages les plus virtuoses et rapides, traits d’agilité exécutés ici presque parfaitement pour ce qui concerne l’intonation. La Sonate pour violoncelle qui suit (RV 43) met le violoncelle solo de Jérôme Huille sur le devant de la scène, au propre et au figuré quand les danseurs poussent le podium à roulettes sur lequel est assis le musicien. On remarque alors les forts contrastes entre l’image et le son : les danseurs s’agitent avec frénésie pendant le troisième mouvement lent en largo, puis ils sont le plus souvent immobiles dans l’ultime allegro, alors que la musique est bien plus enlevée.
Les gestes sont plus en ligne avec la musique de la deuxième saison « L’été », avec ses diverses démonstrations de break dance, pendant que nos oreilles entendent l’apparition d’un violent orage estival. Le concerto pour quatre violons qui enchaîne, après que les musiciens se sont accordés pendant une courte pause, nous donne l’occasion d’apprécier le jeu des trois autres violons solos de Sabine Stoffer, Anaïs Perrin et Marieke Bouche.
Pour « L’automne », les danseurs restent curieusement assis, se mettant uniquement en mouvement sur les dernières mesures. Après une autre Sinfonia (en sol majeur, RV 151), la dernière saison « L’hiver » est illustrée par une danse souvent sportive, parfois acrobatique avec sauts périlleux arrière et des passages de portés debout sur les épaules d’un partenaire. Les séquences alternent à nouveau entre groupes dansés – par couples, ou les quatre hommes ensemble, ou les trois femmes – et l’ensemble des sept qui investissent l’ensemble de la scène.
L’ouverture de l’Olimpiade revient à la conclusion, accompagnée par le public qui applaudit en rythme quand les danseurs viennent saluer tour à tour, et qui réserve une enthousiaste standing ovation à l’ensemble des artistes.
F.J.© Agathe Poupeney
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