Le changement de statut permet des financements nouveaux, publics et privés
Était-ce un signe ? Alors que la moitié Nord de l’hexagone patinait et grelottait, la Cité des princes en ce 22 novembre 2025 affichait en Vaucluse un soleil rayonnant dans un ciel insolemment céruléen. Ainsi, pour cette conférence de presse de présentation de l’édition 2025 des Chorégies, l’ambiance était beaucoup plus sereine que l’année précédente, avec présence massive dans la salle des Amis des Chorégies, des partenaires et une vingtaine de médias nommément cités (une première).
Volet financier et volet artistique ont été présentés successivement, le premier par le président Richard Galy – par ailleurs maire de Mougins (06) -, le second par le directeur Jean-Louis Grinda (sous peu dans nos pages).
La Région une fois de plus met la main au portefeuille, mais a sans doute poussé fortement à la mutualisation des forces créatrices : des co-réalisations avec le Festival d’Aix-en-Provence – présent -, avec la cie aixoise Prejlocaj et avec l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, devraient trouver leur public. A condition toutefois d’éviter les doublons (que personne n’a évoqués) : Prejlocaj par exemple est annoncé aussi au Festival Vaison Danses, presque concomitant des Chorégies, et Rodrigo Basilicati-Cardin à Lacoste avait pour sa part souhaité l’an dernier établir un partenariat durable avec cette même compagnie qu’il invitait en 2014 pour un programme de reprises.
Les Chorégies étaient sur le fil du rasoir depuis longtemps, et Raymond Duffaut, directeur général démissionnaire en 2016, ne cessait de souligner chaque année – « vox clamantis in deserto » – la vulnérabilité de cette structure, autofinancée à 80%, une situation unique dans le monde des festivals : un accident de billetterie, et c’était la catastrophe. Cette année, le financement par billetterie ne se monte « qu’à » 60%, mais c’est encore une fragilité…
En novembre 2023, lors de la présentation à la presse de l’édition 2024, nous avions été plusieurs à réclamer des chiffres. Même si Jean-Louis Grinda a rappelé cette année que les chiffres pouvaient mentir ou être malléables, Richard Galy a donné satisfaction ; certes, nous eussions aimé avoir en main le même document comptable que celui qui était publié jusqu’en 2015 dès septembre par la mandature précédente, mais nous nous contenterons de nos notes prises au vol.
On se rappelle que la Région avait sauvé les Chorégies du dépôt de bilan. Depuis 2018, a précisé Richard Galy, « la Région a mis 2.600.000€ sur la table ». Une décision prise dans l’urgence par le préfet de l’époque, en solution provisoire d’une situation qu’il fallait réexaminer sur la durée. Notons que l’Etat, quant à lui, subventionnait à hauteur de 500.000€.
Les subventions étaient alors de 750.000€ pour la Région, 250.000€ pour le Département, 150.000€ pour la Ville d’Orange.
L’année 2024 était annoncée comme une année de transition, à cause d’un changement de statut, et de la contrainte de calendrier, les J.O. de Paris imposant un arrêt des Chorégies au 21 juillet. Or la satisfaction est allée bien au-delà des espérances. « Grâce à une excellente programmation, a affirmé le président, le public s’est montré fidèle, et on a même enregistré 6.000 spectateurs de plus qu’en 2023. On a donc un positif de 306.000€, du jamais vu depuis 60 ans, voire 80 ans ! » Rires d’approbation dans la salle, de participants visiblement acquis. « On a donc effacé 80% du déficit cumulé, avec une billetterie couvrant 60% des recettes, un cas unique dans le paysage. Ainsi, malgré nos craintes, cette année de reconduction vertueuse a porté ses fruits ».
Un changement de statut salutaire
C’est surtout le changement de statut qui peut rassurer. Exit l’EPL (Société Publique Locale). Le passage en EPCC (Etablissement Public de Coopération Culturelle) permet d’intégrer l’Etat dans le Conseil d’Administration ; le statut antérieur d’EPL, décrété dans l’urgence en 2016, n’était en effet « pas adapté pour une entreprise culturelle ». L’Etat peut donc désormais verser des subventions, ce qui était statutairement impossible jusque-là. Tout investisseur privé peut entrer également, de même que l’association des Amis, qui peut apporter, de par les nouveaux statuts, une « contribution plus importante ».
N’était la clepsydre, Richard Galy aurait pu rappeler que plusieurs structures culturelles de la Région Sud-Paca étaient déjà gérées en EPCC en 2024 : les Ecoles Supérieures d’Art d’Avignon, de Marseille-Méditerranée et de Toulon-Provence-Méditerranée, l’Opéra de Toulon et le Palais des Papes d’Avignon.
Aux Chorégies l’Etat apporterait donc (« à confirmer ») 150.000€ supplémentaires, qui porteraient sa contribution à 650.000€ (500.000 + 150.000), dont 72.000€ pour les opérations pédagogiques et autant pour le soutien aux jeunes artistes -. Du moins, « si le budget est voté… », souligne avec prudence le directeur.
Entreraient aussi au C.A…. Roselyne Bachelot, « qui n’a pas hésité une seconde », précise Richard Galy, « ainsi que le président des Chorégies, et deux autres personnes publiques associées dont on attend la réponse ».
Le satisfecit est clair: « On peut donc envisager les Chorégies du futur avec davantage d’optimisme. »
Le budget passe ainsi de 3,2 millions à 4,8 millions, et la programmation passe de 10 spectacles à 13. Les tarifs restent attractifs, car, « même si les tarifs supérieurs vont évoluer quelque peu, il reste néanmoins 2.000 places par soirée à moins de 35€ ».
Le président termine en souhaitant que la billetterie pour 2025 « s’envole » comme s’était envolée – balayant les craintes – celle de 2024, supérieure à 2023 de 15 à 20% dès les mois de décembre et janvier.
Place ensuite à la présentation du programme, par le directeur Jean-Louis Grinda.
G.ad.
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