Le glissement, doux et amer, vers l’absence définitive : une ode à la vie
Théâtre Artéphile, 7, rue du Bourg-Neuf. Du 5 au 26 juillet. 20h35, 1h25. Relâche les 6, 13, 20 juillet. Réservation : 04 90 03 01 90. Pour adultes et adolescents.
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Plongé au cœur d’un quatuor familial – parents, fils et fille -, le public va assister à une lente dérive, douce et amère à la fois, sidérante et terrible. Dans cette famille aimante, le père glisse doucement, au long de quelque douze années psychologiquement compressées, vers l’absence définitive, celle de l’esprit avant celle du corps. De la simple confusion de mots ou l’oubli d’un prénom, jusqu’à la répétition obsessionnelle d’une même question, tout le quotidien doit se réinventer à chaque instant ; l’équilibre familial doit paradoxalement se conforter pour demeurer sécurisant, jusqu’au tabou intime, la nudité brièvement partagée entre père et fils, dans l’impudeur joyeuse de l’innocence originelle.
L’écriture de Denis Lachaud est nerveuse et légère, les relations entre les personnages sont toujours délicates même dans leur brutalité. Le temps flotte comme suspendu hors de la réalité rationnelle. Tous les comédiens sont exceptionnels dans ces rôles sur le fil du rasoir : Benoît Giros, le père – et metteur en scène- , fabuleux dans ce glissement subtil, dont le regard même s’éteint peu à peu ; Mikaël Chirinian, si vrai dans l’intensité violente de sa douleur filiale pleine de compassion ; Muriel Gaudin, endossant avec finesse et fluidité le double rôle exigeant de l’épouse et de la fille ; et même la soignante épisodique, ou l’apparition in fine de Philippe Giros, le propre père du protagoniste. L’émotion apaisante se dissout dans les lumières pleines de sensibilité. Et Schubert accompagne avec une présence poignante ce beau voyage éponyme.
Croire que le public « assiste » à ce voyage sans retour est complètement faux. Il est happé malgré lui, il accompagne le voyage, dans une empathie (identification ? anticipation ?) bouleversante et rassérénante. Pour adultes et adolescents.
Création 2025. Nous avons vu le spectacle à sa première représentation publique.
Geneviève. Photo Barbara Buchman.
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