Une spectaculaire plongée dans un esprit étymologiquement « aliéné »
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Théâtre du Petit Louvre, 17h25, durée : 1h15. Du 5 au 26 juillet, relâche les 9, 16 et 23 juillet. Réservations au 04 32 76 02 79
Plonger au cœur de l’esprit torturé d’un fou, vivre sa folie de l’intérieur, voilà ce que nous propose cette superbe adaptation du Journal d’un fou de Nicolas Gogol.
Le décor est d’emblée déstabilisant : des planches de bois qui ne sont pas rectilignes et dont aucune n’est penchée de la même manière, comme si dès le début nous étions déjà dans cet l’esprit torturé d’Aksenty Ivanovitch. Ces planches sont modulables, l’une s’ouvre pour révéler une trappe d’où sortent les personnages et où ils remettent des accessoires, une autre se soulève pour former une sorte de bureau sur lequel Aksenty Ivanovitch taille avec tant de soin les plumes de son supérieur, qui sont dans cette mise en scène des crayons.
On suit le cheminement de cet homme qui, en cherchant à s’inventer une vie plus riche et intéressante, finit par sombrer dans la folie. Ronan Rivière l’interprète avec beaucoup de talent, il est glaçant de vérité, on est happé par cet esprit si torturé d’une manière impressionnante. Il croit entendre les chiens parler, il va chercher les lettres écrites par ces chiens pour le lire. Il est fou amoureux de la fille de son patron et voudrait tout faire pour l’épouser. Il semble d’ailleurs que ce soit cet amour éconduit qui le conduise à perdre totalement contact avec la réalité. Il est accompagné sur scène par Amélie Vignaux qui incarne brillamment Mavra, la servante qui l’aide comme elle peut. Il finit persuadé qu’il est le roi d’Espagne et quand il est enfermé en asile, il croit encore que tout n’est qu’un test pour prouver sa royauté.
Les musiques de Prokofiev, jouées au piano sur scène par un virtuose, s’accordent parfaitement avec l’atmosphère de la pièce, sonnant en discordance parfois pour nous faire percevoir encore plus la fragilité de l’esprit humain dont elles accompagnent la plongée dans la folie.
Une brillante prestation qui nous fait vivre la folie de manière intense et inquiétante. Une grande puissance de jeu qui ne peut que nous fasciner autant que nous terrifier.
Sandrine. Photo E. Seignez
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