Stupeur et consternation dans la torpeur de fin d’été, en découvrant, sur la page Facebook d’Arnaud Martin à Avignon le message posté le 23 août à 12h37 :
« Voilà c’est officiel le festival de chorales Haut les Chœurs, un des plus anciens est supprimé ! Je tenais à remercier les milliers de choristes et musiciens tout au long de ces 17 années. Je n’oublierai pas les chefs de chœur qui m’ont procuré un Bonheur indicible. La fidélité du public m’a énormément touché prouvant que l’on peut faire de grandes et belles choses avec un minimum de moyens.
UN IMMENSE ET DERNIER MERCI ! » (en majuscules dans le post).
Mais pourquoi donc supprimer un festival “qui marche” ?
Depuis 17 ans, ce festival choral amateur d’une réjouissante diversité irriguait Avignon et son territoire, accueilli dans villes et villages, touchant gratuitement un très large public, et ayant su le fidéliser. Certes, la qualité artistique était inégale, en fonction des groupes qui s’y produisaient, mais il mettait la musique à la portée de tous, et remportait un véritable succès populaire.
Une pétition s’est très vite mise en place, à l’instigation de Gaël Florens, chef du Chœur Musaïque. Elle souligne notamment : « Le Festival Haut-les-Chœurs, c’est aussi de beaux moments de partages, d’échanges, formidable vecteur de lien social entre personnes d’horizons et de générations différentes. »
Parmi les autres collègues chefs de chœur, Sébastien di Mayo, responsable du chœur Homilius d’Avignon (passim dans nos pages), et, jusqu’ici aussi, du chœur Grimaud de l’Isle-sur-la-Sorgue, s’est mobilisé parmi les premiers. Lui aussi a appris la nouvelle par Facebook ; il connaît bien Arnaud Martin, professeur de clarinette au Conservatoire, responsable du Festival Haut-les-Chœurs dans tous ses aspects : Arnaud Martin, dit-il, a su « organiser, gérer, sélectionner les ensembles, trouver les lieux… et en changeant chaque année. » Néanmoins Sébastien ne connaît pas lui-même « toute l’histoire » ; y a-t-il, de la part de la Communauté du Grand Avignon, « une volonté de recentrage ? »
Aucune raison logique ne semble justifier la décision de suppression. « C’est un festival qui a fait ses preuves, précise Sébastien di Mayo, un festival qui touche un public peu coutumier des salles de spectacle, dans des lieux patrimoniaux toujours nouveaux, avec des concerts tous gratuits, et des salles toujours pleines ; il fait partie de la vie du territoire. Il facilite l’accès à toutes les formes du chant choral, classique, gospel, variété, jazz…
Et il mobilisait un budget modeste, compte tenu du nombre de personnes touchées : quelques milliers d’euros, 5 ou 6.000€, je crois. Avec des retombées importantes pour les communes, qui étaient heureuses de l’accueillir. Les collectivités le soutiennent. Cette décision de suppression est incompréhensible : le public était là, et il manifestait son enthousiasme. »
Les collectivités aussi montent au créneau, comme en témoigne la réaction d’Henri Garcia, adjoint à la culture et au patrimoine à Caumont-sur-Durance, une petite ville du territoire du Grand Avignon qui a toujours accueilli avec enthousiasme ce festival, dès la mandature antérieure. Lui-même travaille à la médiathèque Jean Tortel qui se trouve au sein du pôle Camille Claudel de Sorgues ; il pratique le chant ; il est donc très attaché à l’engagement et à une offre culturelle de qualité pour sa commune comme son maire Claude Morel ; et il se réjouit d’être le premier à cette délégation à bénéficier d’un vrai budget culture.
Concernant le festival Haut-les-Chœurs, il a signé la pétition de soutien. « L‘argumentaire est juste, dit-il. Ce festival de chorales est l’un des plus anciens de France, sinon le plus ancien, 17 ans ! On y découvre tous les genres musicaux, pour tous les goûts : du grégorien, de la Renaissance, du jazz, du gospel, du classique, du contemporain, des chœurs d’enfants, de femmes ; on y a même fait des créations ! C’est vraiment remarquable, ce dispositif que le Grand Avignon a mis en route, tout le monde en était heureux, et on affichait complet à chaque fois. C’est pourquoi cette annonce de suppression est incompréhensible.
Personnellement je ne connais pas les détails du dossier et je ne veux pas faire de polémique. Mais ce festival a donné plus de 150 concerts, a touché 40.000 spectateurs, a concerné 7.000 choristes et musiciens de tous horizons… Il est très important pour les petites communes, comme Caumont, Velleron ou bien d’autres communes du Grand Avignon ; et il ne coûtait rien aux communes. Le budget du festival, lui, n’est pas énorme, et il a le mérite d’exister et de dynamiser une offre culturelle de qualité sur le Vaucluse et le Gard.
Il doit s’agir d’une querelle de personnes. Et dans ce cas elle doit se régler entre personnes, et ne pas punir le public mélomane ou pas. On se trompe de cible et d’échelle. Qu’on règle une question personnelle, mais qu’on ne pénalise pas tout un territoire ! »
De l’autre côté, la voix du Grand Avignon est moins audible. Des interlocuteurs déclinent les questions, ou sont en réunion, ou ne sont pas au courant. La réponse du service Communication en revanche nous est arrivée par courriel, en PJ, dont voici le texte intégral.
« Le Grand Avignon a décidé de mettre un terme au festival de chorales Hauts les Chœurs, après une décennie d’existence.
Ce choix ne constitue en aucune façon une remise en cause de la qualité des spectacles proposés ou de la fréquentation du public. Simplement, cette manifestation, qui était portée par le Conservatoire, ne correspondait plus au projet de l’établissement en matière de diffusion culturelle. En effet, le Conservatoire souhaite désormais mettre plus en valeur la production artistique, fruit du travail de ses élèves et des professeurs, comme ce fut le cas dernièrement avec la première édition de son Festival itinérant qui a remporté un vif succès au printemps dernier. »
La balle est donc finalement dans le camp du CRR (Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Avignon). A quel titre « portait »-il ce Festival, alors que le seul membre du CRR concerné était, sauf erreur de notre part, le chef de chœur Arnaud Martin, professeur de clarinette au sein de l’institution ? La nouvelle directrice du CRR, tout récemment arrivée, n’a pas répondu à nos sollicitations plurielles.
C’est encore une des coupes sombres dans le budget de la culture. De même, dans une tout autre région et en date du 1er septembre 2024, un autre musicien, Gérard Frémond annonce la disparition de l’Orchestre National de Normandie, 40 ans d’existence, au prix d’une fusion avec l’Opéra de Rouen-Normandie. Mais il est vrai qu’on a appris pendant la pandémie de 2020-2022 que la culture était, n’est-ce pas, « non-essentielle » !
G.ad.
AGLIETTI dit
Une idée totalement stupide et injustifiable. Elle prive le public d’un festival très apprécié sur tout le territoire et qui ne coûte rien aux communes.
J’espère que les responsables vont revenir sur cette malheureuse idée.
cordialement
Classique dit
Merci pour votre message.
En effet, personne ne comprend cette décision. Espérons un revirement…
Cordialement,
G.ad.
Classique dit
Merci pour votre message.
N’hésitez pas à signer aussi la pétition (lien dans notre article). La mobilisation semble importante. Espérons….
Cordialement,
G.ad.