Chiche en pistoles, riche en talents
Vendredi 17 mai 2024, Fabrik’théâtre, Avignon
L’Avare (bande-annonce), de Molière. Compagnie Le Kronope (site officiel). Mise en scène, Guy Simon. Avec Loïc Beauché, Clothilde Durupt, Guy Simon, Anaïs Richetta, Yves Sauton, Jérôme Simon. Masques, Lucile Molinier, Martine Baudry. Costumes, Monik Vernier. Assistée de Laetitia Chauveau, Lisa Deymier, Lisa Duvivier, Jim Allais. Décor, Jacques Brossier. Création lumière, Hugo Richetta. Photos, Philippe Hanula
Création 2018
La représentation nous a tous laissés sans voix mais, avec moult bravos (six rappels), nous nous sommes rattrapés. La salle bondée avait bien du mal à quitter le théâtre.
Comment diantre pouvoir relater cet instant magique ? un instant d’une heure cinquante : plus fort que la prouesse quantique !!
Se rendre à une représentation du Kronope, ce n’est pas seulement aller au théâtre, c’est entrer dans un monde « d’ailleurs », fait de fantasmagories et virevoltes joyeuses. Un monde qui fait oublier les préoccupations anxiogènes du quotidien, un monde où un sentiment de véritable félicité (mais oui !) vous accompagne tout du long.
Il est vrai que tout concourt à ce résultat : une mise en scène éclatante et baroque, explosant en trouvailles magnifiques de conception scénique, constamment portée par un rythme réglé au millimètre.
Il faut avoir vu -exemple parmi tant d’autres – comment le Kronope restitue le célébrissime monologue d’Harpagon « Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! ….on m’a dérobé mon argent !». On n’en dit pas davantage…
Une mise en scène très physique de Guy Simon, co-fondateur de la troupe, où tout est mouvement finement calculé, où chaque comédien est pleinement engagé, et dont la complicité totale avec le texte laisse exploser une joie et une drôlerie que les acteurs transmettent au public, conquis dès les premières répliques.
Le comique du mot appelle le comique de geste, le comique de situation répond au comique de caractère.
Pour fonctionner aussi bien, la mise en scène s’appuie sur les costumes de Monik Vernier, faits de lumière et d’inventivité et une régie qui, par un soutien inspiré et sans failles, fait totalement corps au spectacle. Et les masques, ah les masques de Lucile Molinier, et, depuis longtemps, de Martine Baudry ! Merveilleusement expressifs et « bavards », ils rehaussent l’énergie des corps et depuis des décennies marquent l’ADN de la troupe.
Quant aux acteurs, ils sont rompus aux codes du cirque, de la danse et du théâtre ; polyvalents, voire polymorphes : par une drôle d’équation, six comédiens, plus le talent, c’est dix, vingt voire quarante personnages, tous aussi virevoltants. Et sous le masque, Harpagon, qui est-ce ? On ne répondra pas…
Avec L’Avare, après Scapin puis les Misérables, le Kronope achève la trilogie de ses 40 ans. L’âge de la maturité ?
On retrouvera le Kronope au Festival Off 2024 dans Roméo et Juliette (bande-annonce).
Alain. Photos Philippe Hanula
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