Bienvenue et bravo à la nouvelle formation, née aux forceps…
Dimanche 31 octobre 2021 à 17h / la Boiserie, Mazan. Dans le cadre des Nuits musicales baroques. Programme du concert : Guerre et Paix
Suite orchestrale conçue par Sylvie Bouissou et Bruno Procopio issue de Naïs, Dardanus, Castor et Pollux, Hippolyte et Aricie, Les Boréades, Platée et intégrant de nombreuses pièces inédites.
Nous nous rendions, par simple curiosité, à un concert que nous pensions a minima intéressant, même si les organisateurs nous l’avaient annoncé comme exceptionnel.
Et puis, nous avons vécu, en effet, un concert ex-cep-tion-nel.
Un concert tout à fait original, hors du calendrier estival des grands festivals, dans la salle polyvalente d’une petite commune, et avec un rayonnement encore trop confidentiel.
Mais surtout, en ce dernier jour d’octobre, nous avons eu la chance de vivre en direct un concert unique. De très haut niveau artistique, avec un programme d’une exquise qualité, une musique miroitante, avec tout le talent multiple du compositeur Jean-Philippe Rameau, une musique « amoureuse, violente, joyeuse, parfois sophistiquée », suivant les termes de Sylvie Bouissou, historienne, musicologue, présente ce jour à Mazan, qui a consacré sa thèse d’université à celui qu’on connaît comme compositeur de clavecin, mais qui a également pénétré toutes les chaumières grâce à Frère Jacques… dont la version originelle n’était d’ailleurs pas « Dormez-vous ? » mais « Levez-vous ! » ! Le compositeur n’est pas un inconnu dans le Vaucluse, puisqu’on le trouve organiste intérimaire (janvier-avril 1702) à la cathédrale d’Avignon, avant l’arrivée du nouveau titulaire, le Tarasconnais Jean Gilles (1669-1705), dont le Requiem sera justement joué aux obsèques de Rameau ! Et surtout, sa fille cadette Marie-Alexandrine, née en 1744, épouse en 1764, peu après la mort de son père, François-Marie de Gaultier de Mazan ; vérification menée par des historiens locaux, dont Joseph Barruol – présent ce dimanche -, le couple aurait laissé à Mazan nombre de descendants.
Avignon a d’ailleurs célébré le musicien-compositeur en lui offrant une place à son nom, près de l’avenue Monclar, entre Debussy, Strauss et Couperin, ainsi qu’une plaque et un buste à l’occasion du bicentenaire de sa naissance en 1883, dans une chapelle latérale de la prestigieuse cathédrale métropolitaine Notre-Dame des Doms, où il avait été organiste intérimaire en 1702.
Si la 3e édition des Nuits Musicales baroques (24-31 octobre) avait invité dans toute sa programmation des musiciens de renommée nationale et avait facilement rempli la salle de la Boiserie à Mazan, ou des églises de communes voisines (Crillon-le-Brave, Mormoiron), le concert de clôture ce dimanche 31 octobre à la Boiserie s’est distingué davantage encore, marqué par l’excellence des cordes, des deux clavecins, des flûtes et piccolos (très sollicités dans la seconde partie, consacrée au volet « paix ») des hautbois, trompettes et bassons (mis en valeur dans les accents guerriers de la première partie), ainsi que des percussions et tambourin, celui-ci bien à l’honneur dans le « tube » des Sauvages (la danse du calumet de la paix, morceau de choix de la thématique du concert), joué debout, et bissé. Le concert brillait tant par la qualité des musiciens et leur cohésion de groupe – jeunes talents et musiciens confirmés mêlés -, que par la richesse du programme 100% Rameau, et totalement inédit pour certaines des pièces.
Mais exceptionnel surtout par la détermination qu’avaient dû déployer M.Biette et Bruno Procopio directeur artistique pour parvenir à leurs fins : presque 2 ans de préparation, 50 musiciens (sur instruments d’époque), jeunes, de haut niveau, de 20 nationalités différentes – dont 2 Vénézuéliens qui ont obtenu leur visa à l’arraché il y a quelques jours à peine -, et un partenariat avec 8 conservatoires nationaux et internationaux, pour constituer en 5 jours de répétitions intensives in loco le tout Jeune Orchestre Rameau ! Et sans aucune subvention parce que ne correspondant à aucun modèle économique connu. On imagine l’énorme mobilisation des bénévoles pour assurer la logistique, transport, hébergement, etc…
Un concert de haute volée, qui ne devrait pas rester unique… Et dont on peut voir une présentation à plusieurs voix et plusieurs facettes. A partager sans modération.
G.ad. Photos G.ad.
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