Les vedettes de la soirée ? Les lumières…
Opéra Grand Avignon, vendredi 25 février, 20h30 ; dimanche 27 février, 14h30
La Sonnambula, opéra en deux actes de Vincenzo Bellini. Livret de Felice Romani, d’après une intrigue d’Eugène Sribe. Création à Milan le 6 mars 1831
Direction musicale Beatrice Venezi. Mise en scène, chorégraphie, décors Francesca Lattuada. Lumières, décors Christian Dubet. Costumes, décors Bruno Fatalot. Fabrication des costumes Atelier de l’Opéra Grand Avignon et Atelier MBV. Etudes musicales Thomas Palmer
Amina Julia Muzychenko*. Elvino Marco Ciaponi*. Lisa Francesca Pia Vitale*. Teresa Christine Craipeau. Le comte Rodolfo Alexey Birkus*. Alessio, Clarke Ruth*. Le notaire, Gentin Ngjela. Contorsionniste, Lise Pauton
Orchestre National Avignon-Provence
Choeur de l’Opéra Grand Avignon. Direction Aurore Marchand
*Lauréats du 27e Concours international de chant de Clermont-Ferrand
Nouvelle production de Clermont-Auvergne Opéra. Coproduction Opéra de Vichy – Vichy Culture, Théâtre Impérial-Opéra de Compiègne,Opéra de Limoges, Opéra de Massy, Opéra de Metz Métropole et Opéra de Reims
Voir toute la saison lyrique 2021-2022 de l’Opéra Grand Avignon
Le rideau s’ouvre sur un éblouissement. Murmure de ravissement dans la salle. C’est en effet la qualité des lumières de Christian Dubet qui dominera toute la production en sculptant un espace épuré. Et qui tiendra lieu de décor et de mise en scène. Point de décor, et une mise en scène déconcertante : est-ce la « Covid » – plusieurs choristes ayant été positifs lors de la création à Clermont-Ferrand le mois précédent – qui impose une distanciation devenue comme une seconde nature, qui étire l’espace scénique, et qui ralentit les déplacements, signant une pseudo-chorégraphie qui pourrait être élégante si du moins les personnages compensaient par le regard l’éloignement imposé ? Quelques déplacements imposés aux choristes laissent également perplexe le public, qui manifestera in fine sa désapprobation à Francesca Lattuada.
La distribution en revanche, jeune et internationale, est majoritairement composée de lauréats du 27e Concours international de chant de Clermont-Ferrand – Russes, Géorgiens, Canadiens, Italiens…-, un concours de référence ; elle offre une interprétation délicate de ces airs où palpite tout le lyrisme romantique. Sous l’apparente facilité, les voix sont sans cesse sollicitées dans toute leur agilité par des acrobaties redoutables : le ténor Marco Ciaponi (le fiancé) et la basse biélorusse Alexey Birkus (le comte) s’imposent peu à peu, auprès d’une remarquable soprano russe, Julia Muzychenko très longuement applaudie ; celle-ci exprime chaque nuance des sentiments à fleur de note avec une pureté égale jusqu’au célébrissime air final. La contorsionniste elle-même Lise Pauton, double d’Amina, participe à la vision onirique dès la première scène. Dans la fosse, la jeune cheffe italienne Beatrice Venezi, tout juste trentenaire, module des tempi adaptés avec finesse et précision à chaque tableau, soulignant avec l’Orchestre National Avignon-Provence les attaques alertes aux flûtes et cuivres, les épanchements lyriques aux cordes, les scènes villageoises aux tutti ; son talent pour faire vivre intensément la musique, et son physique hollywoodien, lui confèrent un charisme irrésistible.
Oublions quelques accoutrements burlesques voire ineptes, dont celui de Rodolfo : saluons la performance d’Alexey Birkus, que le ridicule n’a pas tué ! On se laisse en revanche volontiers distraire par le dos dénudé que présente avec insistance la talentueuse Francesca Pia Vitale, redoutable rivale Lisa – un dos presque aussi vertigineux que celui de Mireille Darc -, et l’on se laisse porter par un univers qui oublie le fracas du monde…
Il fallait choisir en effet Bellini comme antidote à la morosité ambiante… C’est le 23 janvier 2022 que vient d’être créée cette Sonnambula, coproduction de huit maisons d’opéra, qui tournera ainsi jusqu’au 25 mai 2023. Le livret en est simple : dans un village suisse imaginaire, le mariage imminent d’Amina et Elvino est différé par la jalousie injustifiée d’Elvino, qui a découvert une nuit Amina, somnambule, dans la chambre de son rival Rodolfo, celui-ci seul noble, fils du défunt châtelain, incognito. Après reproches, rupture, dépit amoureux – car Lisa et Enzo sont des rivaux potentiels en embuscade -, la vérité éclatera sous les yeux d’Elvino : Amina est somnambule, un phénomène alors mal connu, et Rodolfo n’a pas profité de la situation… La Sonnambula est une œuvre belcantiste, un « opera semiseria » qui comporte de nombreux airs de référence, dont le final de la jeune Amina, en pleine scène de somnambulisme, qu’ont immortalisé notamment Maria Callas, ou Natalie Dessay plus de soixante-dix fois.
G.ad.
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