Une salle qui ouvre est toujours une promesse….
Une salle qui ouvre, est toujours une bonne nouvelle, une promesse, un pari sur l’avenir, surtout dans la période actuelle où le spectacle vivant peine à retrouver son public d’avant-Covid. A la Scala Provence, sœur cadette de la Scala Paris ouverte le 2018, – et qu’un de nos chroniqueurs avait découverte dans le cadre du Festival Off 2022 -, Frédéric Biessy a présenté, le jeudi 20 octobre 2022, sa toute première saison avignonnaise. Avec son épouse Mélanie et Rodolphe Bruneau-Boulmier pour la partie musicale, ils ouvrent leurs quatre salles (600, 400, 120 et 20 places), misant essentiellement sur les deux grands espaces, à des spectacles multi-artistiques, où la musique tient une grande part, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir.
A côté de l’Opéra Grand Avignon (700 places), et de l’Autre Scène de Vedène pour les petites formes (440 places), à côté des 590 places de l’Auditorium départemental du Thor, à côté des quelque 20 théâtres permanents d’Avignon – à la clientèle depuis longtemps fidélisée -, à côté des ATP pour le théâtre ou de la Courroie à Entraigues pour la musique, à côté des cinémas diffusant opéras, ballets, concerts et expositions – Capitole-Studios, Pathé-Cap-Sud, Rivoli tout proche -, ce sera donc une sorte de multiplexe en plein centre-ville d’Avignon, en lieu et place de l’ancien cinéma Capitole-Centre.
La Scala se veut bien plus qu’un lieu de spectacle : une véritable « maison », avec des studios/appartements pour accueillir des résidences d’artistes, des lieux d’enregistrement – et le lancement du label Scala, immédiatement porteur d’excellence dans l’imaginaire collectif. Sa jauge confortable, la plus vaste salle après l’opéra Grand Avignon, lui permettra sans doute des coréalisations avec des forces vives locales ou régionales dépourvues de lieu d’accueil. Enfin son jeune label compte déjà 7 opus, un atout pour son rayonnement.
C’est sans doute tout cela qui signera la spécificité de cette nouvelle entité en terre avignonnaise.
Pour sa première saison, une vingtaine de spectacles animeront la Scala Provence, après le score exceptionnel de son premier Festival d’été, où 63.400 spectateurs ont fréquenté le lieu. Plus que l’Opéra pendant toute sa saison – certes post-Covid – 2021-2022 ! Une vingtaine de dates déjà arrêtées, mais Frédéric Biessy se laisse toute ouverture pour de nouvelles programmations, titillant ainsi une curiosité légitime….
Six spectacles de théâtre proposeront de grands classiques du répertoire, comme Bérénice en ouverture le 21 octobre avec Carole Bouquet (notre compte rendu), ou Shakespeare – Comme il vous plaira – le 3 mai ; et d’autres noms très médiatiques – Gisèle Halimi et Ariane Ascaride le 3 décembre, La Machine de Turing (notre compte rendu) – succès absolu – le 17 janvier, la délicate Romane Bohringer dans Respire les 12 et 13 avril, Jean Rochefort ou Thierry Lhermitte – le 12 mai ; avec de telles affiches, on imagine que les salles, 600 ou 200, feront le plein.
Deux spectacles élargiront la palette des genres, deux rendez-vous circassiens avec le Circus Baobab les 10 et 11 décembre ; et de l’humour avec Jason Brokerss le 15 décembre.
Mais c’est la musique qui se taille la part du lion, notamment grâce à Rodolphe Bruneau-Boulmier, par ailleurs producteur sur France Musique. 11 dates, 11 « grands concerts du week-end », entre valeurs confirmées, et jeunes talents à découvrir. Largement confirmés, Michel Portal clarinettes/saxo (notre entretien) avec Bojan Z, piano/claviers, le 22 janvier ; Renaud Capuçon le 12 mars – il s’était déjà produit in loco cet été dans le cadre du festival In – ; les pianistes Anne Queffélec le 16 avril (Haydn/ Mozart/ Beethoven, notre annonce et notre entretien) ; sans oublier le Chœur de l’Opéra Grand Avignon dans un programme festif autour de la lune, en cohérence avec la « Saison de la lune » de l’Opéra (7 janvier, notre compte rendu). Quant aux soeurs Katia et Marielle Labèque, annoncées pour le 28 mai, elles viendront la saison prochaine (Debussy/ Schubert/ Ravel/ Glass)
A découvrir, ou redécouvrir, en ouverture Yom, clarinette/piano/percussions, en duo avec Léo Jassef, piano/percussions (22 octobre) ; une toute jeune pianiste, Jodyline Gallavardin déjà largement saluée par les médias nationaux (13 novembre) ; un autre pianiste de moins de 30 ans, Francesco Tristano, accompagné d’un ensemble de circonstance, Bach Stage, sous la baguette de Léo Margue (16 décembre) ; un troisième tout jeune pianiste (21 ans), Tom Carré pour sa sortie de disque Schumann/Ravel (5 février) ; Noëmi Waysfeld et le Quatuor Dutilleux dans une jolie déclinaison de mélodies et chansons françaises (24 mars) ; le Sirba octet qui fera résonner les accents des musiques juives et tziganes (1er avril, notre compte rendu).
Et sans doute quelques surprises à venir…
Voir les annonces de décembre 2022, de janvier 2023.
G.ad.
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