Samedi 20 juillet 2024, Parc du château de Thézan, Saint-Didier (84210). Spectacle 2h15 environ avec un entracte 15mn
Dans le cadre des Musicales de Saint-Didier
En 12 tableaux et intermèdes musicaux. Des extraits des œuvres de Mozart, J.J.S Bach, Elgar, Paganini, Boieldieu, George Friedriech Handel, Vivaldi, Rameau, Edward Elgar, Tchaïkovski, Rossini, JJ.Bach
Chef d’orchestre, Nicolas Chalvin. Solistes, piano, Suzana Bartal ; violons, Doriane Gable, Guillaume Latour ; harpe, Elodie Adler.
Violons, Josquin Desmareis-Moravec, Anne Fabre, Marius Mosser, Laurence Monti, Noé Sainlez, Damien Vergez. Altos, Samantha Garcia, Vladimir Percevic, Yukari Shimanuki. Violoncelles, René Benedetti, Léo Capezalli, Frauke Suys. Contrebasse, Michèle Caillol
Baryton-basse, Damien Pass
Comédiens, Beaumarchais, Antoine Nouel. Muse, Victoire Theismann. Conseiller Goëzman, Daniel Prinet. Madame Goëzman Marie France Prinet. Madame Lejay, Huguette Comtat
Chorégraphe, Erika Cucci
Conception et réalisation, Jean-Claude Mory. Costumes, Nicole Hubert. Régie scène, Francine Bertond
Web master et Vidéo Dominique Bobin
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Les Musicales de Saint-Didier (notre annonce) semblent avoir trouvé leur public. 150 personnes pour la soirée inaugurale de musique de chambre (quatuor + piano) du 18 juillet, un peu moins pour le piano solo, toujours plus confidentiel (notre compte rendu), et plus de 200 pour la soirée finale, un concert-spectacle autour de Beaumarchais. Avec l’excellente pianiste franco-roumaine Suzana Bartal – trop rare néanmoins dans la 3e soirée – en fil rouge pour les trois soirées.
Samedi, pleine lune à travers les arbres pluricentenaires du château de Thézan. La « Folle soirée », en écho évident à la « Folle journée », voulait rendre hommage à Beaumarchais, qui a écrit le 5e acte de son Mariage justement dans ces lieux mêmes ; et c’est lui qui aurait financé l’instauration du « Cours » du village, majestueuse allée d’arbres conduisant au clocher-porche, entrée des remparts et l’un des accès au château, qui n’était d’ailleurs pas le principal à l’époque. Il faut dire qu’avec le passage de Louis XIV et la création du parc par Le Nôtre, le lieu a beaucoup à raconter… Et lors des visites guidées – du parc, des installations balnéaires et de l’intérieur reconstitué -, Emmanuel Renoux et Pierre de Beytia, propriétaires depuis 2019, passionnent le public par histoire et anecdotes sur ce bijou dont ils sont tombés amoureux et qu’ils n’hésitent pas à ouvrir à tous.
La soirée, partagée entre théâtre et musique, s’est indûment prolongée ; de 1h50 annoncée, elle s’est terminée à minuit 30, soit une durée de 3h. Une soirée de longueur quasi wagnérienne, pourquoi pas ?, mais à laquelle personne ne s’était psychologiquement préparé, surtout dans la fraîcheur inattendue du vallon du Beaucet, où était installé le magnifique théâtre de verdure, au bout du parc du château ; les 2° d’écart entre la cour d’honneur et le fond du parc ont saisi plus d’un spectateur. De même que la longueur, peu adaptée à un spectacle qui se voulait familial.
La pétillante « danse des sauvages » (des Indes galantes de Rameau), joliment chorégraphiée par Erika Cucci malgré un espace scénique exigu, a été pour beaucoup de spectateurs, les familles au premier chef, le clou attendu… mais dans un passage différé en seconde partie, à 23h largement passées, alors que certains des jeunes danseurs s’étaient déjà assoupis avant l’entracte !
Bravo en effet aux forces vives du village, largement mises à contribution, dans les figurants et dans les « petites mains » indispensables à tout spectacle, et nommément remerciées in fine par Jean-Claude Mory le président de Musique aux étoiles.
Un public de mélomanes, locaux ou éloignés, a pu apprécier la partie musicale, baroque – lato sensu – en première partie, plus « romantique » et bel cantiste – Rossini ou Tchaikovski – ensuite. Dans l’orchestre du festival, constitué pour l’occasion d’une petite quinzaine de cordes dirigés par Nicolas Chalvin, les solistes ont été mis à l’honneur : les deux violons Doriane Gable et Guillaume Latour dans un Paganini toujours redoutable, puis violon et alto dans une symphonie de Mozart scéniquement présentée comme un double concerto, ensuite Elodie Adler d’une belle finesse à la harpe, et, bien sûr, Suzana Bartal toujours délicate, comme on avait pu s’en régaler la veille en solo. On a vainement cherché dans les tuttistes le violoncelle annoncé, Aurélien Pascal, Révélation des Victoires de la musique 2023, qu’on devrait entendre en saison 2024-2025 à l’Opéra Grand Avignon.
Quant au baryton-basse au riche palmarès, Damien Pass, venu interpréter le célébrissime air de la calomnie du Barbier, ne pouvait-on lui épargner « les longues heures de trajet » au profit d’un artiste local, dans une région qui ne manque pas non plus de talents ?
Intercalée entre les pièces musicales, c’est dans doute la partie théâtrale qui a le moins séduit, alors qu’elle aurait dû être plus populaire, dans le meilleur sens du terme : la vie de Beaumarchais, c’est un vrai feu d’artifice ! L’homme à la fois le plus haï et le plus admiré de son époque, espion du roi, inventeur, armateur, professeur de musique des filles de la reine, etc… Nous nous étonnons que des comédiens professionnels, Antoine Nouel du moins dans le rôle-titre, préfèrent lire leur texte – signé Jean-Claude Mory – plutôt que de jouer, d’incarner pleinement, magistralement, ce personnage rocambolesque ! Et laissent quelques liaisons en coulisse… Antoine Nouel est certes un spécialiste du doublage, mais il a néanmoins donné la réplique à Belmondo, dans le rôle de Christian, dans le Cyrano de Bergerac du théâtre Marigny ; le panache, il connaît !
A ces quelques réserves près – mais c’est la magie du spectacle vivant que d’être perfectible -, on ne peut que se réjouir de la renaissance des Musicales, et dans cet écrin magique. Reste à diversifier les éditions suivantes pour élargir le public : dates, programme…
G.ad., texte & photos
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