Théâtre national de Marseille, La Criée. Mercredi 16 mars 2022. Festival Mars en Baroque
La Dafné, opéra de Marco Da Gagliano, sur un livret d’Ottavio Rinuccini
Clavecin et direction musicale, Jean-Marc Aymes
Romain Bockler, Apollo/Ovidio ; Marìa Cristina Kiehr, Venere ; Nicolas Kuntzelmann, Amore/Pastor ; Gabrielle Varbetian, Dafne ; Davy Cornillot, Tirsi ; Marie-Frédérique Girod, Ninfa ; Benjamin Ingrao, Pastor ; Imanol Iraola, Pastor ; Samuel Namotte, Pastor
Concerto Soave : Anaëlle Blanc-Verdin, Patrizio Focardi violons ; Liselotte Emery & Tiago Simas Freire, cornets à bouquin & flûtes à bec ; Isaure Lavergne, basson ; Olivier Dubois, trombone ; Sylvie Moquet & Flore Seube, violes de gambe ; Albane Imbs, théorbe, Mathieu Valfré, clavecin & orgue ; Jean-Marc Aymes, clavecin & direction
Pour sa 20ème édition, le Festival Mars en Baroque a monté une vraie rareté, La Dafne du compositeur Marco Da Gagliano, sur un livret d’Ottavio Rinuccini. L’œuvre d’une heure environ a connu sa première à Mantoue en 1608, un an après la création de l’Orfeo de Monteverdi ; c’est dire si cette unique représentation marseillaise nous fait remonter aux sources de l’opéra italien.
Sous la direction de Jean-Marc Aymes, qui tient également le clavecin, les dix autres musiciens de Concerto Soave sont répartis à gauche et à droite de l’espace central où viennent s’exprimer les solistes chanteurs. Cette spatialisation du son renforce l’intérêt pour l’oreille, avec une répartition équilibrée des cordes frottées et instruments à vent, un ensemble clavecin et orgue de part et d’autre. Le continuo peut être assuré à partir de chacun des deux groupes, l’ensemble des instrumentistes ne rencontrant toutefois aucun problème de cohésion. On entend une musique bien dans la lignée de celle de Monteverdi, entre récitatifs et recitar cantando, le chant s’intercalant entre de nombreux et courts passages instrumentaux de sinfonie.
C’est une représentation de concert qui est proposée, les solistes venant se placer tour à tour derrière les pupitres. Ovide nous rappelle au cours du prologue le mythe de Daphné et Apollon : le dieu Apollon a tué le monstre Python, mais s’en vante tellement devant Cupidon et Vénus que ceux-ci mettent au point une revanche. Cupidon lance ses flèches sur Apollon qui tombe amoureux de la nymphe Daphné, celle-ci rejette ses avances et sera finalement transformée en laurier pour éviter son amour. Toujours sous emprise amoureuse, Apollon fera du laurier l’emblème de son amour éternel et un signe de victoire et de prix.
Deux solistes se distinguent, qui correspondent en fait aux deux rôles les plus sollicités : en Ovidio puis Apollo, Romain Bockler est un baryton aigu au timbre agréable, tandis que le contre-ténor Nicolas Kuntzelmann (Amore) développe un instrument musical et bien placé. Il n’est pas toujours facile d’apprécier la puissance vocale, une sonorisation, plus ou moins importante suivant les interprètes et leur position, étant mise en œuvre.
Malgré le titre donné à l’opus, le rôle de Daphné est peu développé et défendu ce soir par la voix lumineuse et dynamique de Gabrielle Varbetian, qualités un peu moins présentes chez la Venere de Marìa Cristina Kiehr, moins souple vocalement mais qui tient tout de même correctement son rôle. Des parties solistes sont aussi attribuées au ténor Davy Cornillot (Tirsi), aux couleurs de haute-contre s’exprimant en voix mixte, tandis que les choristes complètent agréablement en bergers et nymphes.
Après de beaux passages en lamento qui expriment la tristesse d’Apollon, le chœur final chanté à dix ramène une note plus joyeuse en décrétant que Daphné sera admirée de tous. Après les applaudissements nourris du public, ce final est bissé et vient conclure un joli et intéressant concert.
F.J. Photos I.F.
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