Un duo au pied levé : un apprivoisement progressif
Festival de Pâques. www.festivalpaques.com Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Lundi 29 mars, 20h30
Jean-Jacques Kantorow, violon. François-Frédéric Guy, piano, remplaçant Alexandre Kantorow, initialement prévu
Johannes Brahms (1833-1897) Sonate pour violon et piano n°1 en sol majeur, op.78 Sonate pour violon et piano n°2 en la majeur, op.100 Sonate pour violon et piano n°3 en ré mineur, op.108
François-Frédéric Guy remplace Alexandre Kantorow, souffrant, en duo avec Jean-Jacques Kantorow, pour trois sonates de Brahms : ils s’apprivoisent mutuellement….
Ce devait être un concert assuré par les Kantorow père et fils, mais la Covid-19 continuant de faire des siennes, Alexandre a dû céder sa place à François-Frédéric Guy au piano, tandis que papa Jean-Jacques tient le violon comme prévu.
Le programme, qui est constitué des trois sonates pour violon et piano de Brahms, données par ordre chronologique, correspond à l’un des sommets du romantisme dans l’histoire de la musique.
L’impression initiale de l’auditeur dans la Sonate n°1 est une place acoustique timide prise par le violon. Le piano domine en effet, un piano qui imprime un tempo sûr, d’une confortable régularité, et qui dégage aussi par ailleurs du sentiment.
Le violon de Jean-Jacques Kantorow se montre plus délicat, caressant. Les temps forts sont majoritaires, mais on entend aussi quelques rares notes moins parfaites du point de vue de l’intonation, ce qui colle finalement assez bien à ce répertoire romantique aux amours souvent douloureuses et imparfaites. Le violon est en tout cas un régal au cours des mouvements lents, comme le deuxième en adagio, et l’on apprécie la finesse de son interprétation. L’équilibre entre piano et violon nous paraît parfaitement rétabli dans le mouvement final en allegro molto moderato, mais il n’est pas à exclure que ce soit l’oreille qui s’adapte, après un petit temps, à l’acoustique dans la salle.
On progresse encore dans le romantisme au cours de la Sonate n°2, à l’évocation ici ou là d’une célèbre partition wagnérienne, Die Meistersinger von Nürnberg. La mélodie du premier mouvement en Allegro amabile est un ravissement, un joli thème répété, modulé, repris par chacun des instrumentistes. Plus tard, le troisième mouvement en Allegretto grazioso est conclu avec un beau brio commun.
La Sonate n°3 est également un morceau de choix, en quatre mouvements. Après l’impeccable entrée en matière du violon, l’atmosphère musicale se teinte de mystère, dans une sorte d’ambiance vaporeuse, avant que le piano ne s’exprime avec caractère et force dans ses attaques du clavier. Le 2ème mouvement en adagio dégage sa merveilleuse mélodie d’un pur romantisme sous « l’archet frémissant » (… pour citer les Contes d’Hoffmann d’Offenbach !). La montée en puissance dans le final du 4ème en Presto agitato produit là encore un brillant bienvenu.
I.F.
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