Retour plein de sensibilité et pudeur sur une époque pas si lointaine
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Théâtre de l’Oriflamme, 17h30, durée : 1h15. Du 3 au 21 juillet, relâche les 8 et 15 juillet. Réservations au 04 88 61 17 75
Nous sommes en décembre 1942, dans l’appartement d’Ita, des policiers lui ont laissé une heure pour faire une valise avant qu’ils ne reviennent la chercher. Ils ont fouillé l’appartement et fait ressurgir en elle des souvenirs. Nous allons donc vivre avec elle cette heure pendant laquelle elle va se confier sur tout ce qu’elle a vécu : les pogroms et le départ d’Odessa pour la France, ce pays de la liberté, son mari mort après avoir eu les poumons brûlés lors de la première guerre mondiale, son aîné qui serait à Drancy mais dont elle n’a plus de nouvelles… Elle essaie de comprendre ce qui arrive. Elle semble faire preuve d’une très grande candeur, ne voulant jamais imaginer que le pire est en train d’arriver, même si elle exprime parfois des doutes et des craintes, et si elle hésite entre partir ou rester. Elle montre une foi absolue dans l’État français et dans sa devise. Elle laisse une dernière lettre dans un endroit caché et c’est avec une très grande émotion qu’on annonce à la fin que l’enveloppe remise au début contient cette dernière lettre.
Françoise Nahon incarne avec beaucoup de justesse et de pudeur cette femme âgée qui aborde avec une infinie sensibilité tous les aspects de sa vie : l’antisémitisme, l’exil, l’accueil puis le rejet des voisins, le deuil…
Les choix de mise en scène et la scénographie nous plongent véritablement avec Ita au cœur de son salon, en totale proximité avec elle ; une véritable complicité se crée implicitement avec le public. Nous devenons des témoins de cette horreur qui se joue devant nous car nous en connaissons l’issue, ce qui n’est pas le cas d’Ita. Et de témoins nous sommes incités à devenir des passeurs de mémoire avec cette lettre qui nous est remise.
Une pièce sensible et pleine de pudeur sur l’un des moments tragiques de notre histoire, un devoir de mémoire d’autant plus important en ces temps si troublés.
Sandrine. Photo Jean-Louis Paris et Nathalie Sternalski
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