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Lundi 24 juillet 2023, 21h 30, Théâtre antique d’Orange. Chorégies (site officiel)
Orchestre philharmonique de Nice. Michelangelo Mazza, direction
Anna Netrebko, soprano. Elena Zhidkova, mezzo-soprano. Yusif Eyvazov, ténor. Elchin Azizov, baryton
Giuseppe Verdi, Extraits de Macbeth, Rigoletto, Un ballo in maschera, La forza del destino, Il Trovatore, Otello, Aïda
Somptueux final pour ces Chorégies 2023
Temps idéal et somptueux final pour ces Chorégies d’Orange 2023 avec ce plateau prestigieux, qui a enchanté le public d’un théâtre antique bondé. Douze extraits d’opéras de Verdi étaient au programme. Netrebko attaqua la première, avec l’air de Lady Macbeth, « Nel di della vittoria… ». Elle donnera encore, en soliste, un magnifique « Pace, pace mio Dio… » de la Forza del destino, et on la retrouvera partageant la scène avec ses partenaires : le quatuor « Bella figlia dell’amore…. » de Rigoletto, le duo « Udiste ? Come albeggi » d’Il Trovatore, avec son mari, Yusif Eyvazov, le trio de la scène finale d’Aïda et dans l’air de Léonora suivi du trio de la scène finale de l’acte I d’Il Trovatore, qui clôturait le concert.
Netrebko s’est produite avec aisance, en pleine possession de ses moyens, son soprano lyrique puissant, mais sachant maitriser les nuances jusque dans les pianissimi, s’imposant dans le théâtre antique. On aura apprécié en particulier la tenue des aigus et cet impressionnant « Maledizione ! » dans le « Pace » de la Forza del destino, l’agilité vocale déployée dans le duo « Udiste ? Come albeggi » d’Il Trovatore et ses sublimes interventions dans la poignante scène finale d’Aïda. On eût aimé y entendre les interventions des chœurs, accentuant le drame, mais… ne nous plaignons pas.
Ses partenaires masculins, azerbaïdjanais tous deux, n’ont pas été en reste, se montrant eux aussi à leur avantage et à la hauteur de l’évènement. Belles voix puissantes de ténor lyrique pour Eyvazov, de baryton au timbre plutôt sombre pour Azizov. Eyvazov put se faire apprécier dans l’air du Duc de Mantoue, « Ella mi fu rapita… », le quatuor de Rigoletto, l’air d’Alvaro « La vita è inferno all’ infelice » de La forza del destino et autres duos et trios. On retiendra en particulier l’excellent duo Alvaro et Carlo, « Invano Alvaro, ti celasti al mondo », du même opéra, qui vit, à son issue, les deux artistes, Eyvazov et Azizov, se congratuler chaleureusement. Elchin Azizov put encore se faire apprécier dans ses autres interventions, l’air de Renato « Alzati ! Eri tu… », d’Un ballo in maschera, le quatuor de Rigoletto, le duo d’Il Trovatore avec Netrebko, le trio de la scène finale de l’acte I d’Il Trovatore, d’une belle intensité.
Hélas, la mezzo, Elena Zhidkova, ne nous a pas paru, elle, dans son meilleur jour. Voix moins puissante, manquant d’étoffe et plutôt neutre, elle a été le maillon faible du quatuor de Rigoletto et nous a proposé une Azucena (air « Stride la vampa ») sans caractère ni consistance, que le public hésita à applaudir. Etait-elle intimidée par les lieux, par la prestance et l’aisance de ses partenaires, qui surent utiliser la scène en long et en large ? Un autre problème ? Toujours est-il qu’elle nous a paru quelque peu perdue et ne pas trop savoir comment se placer et se tenir, même au moment des saluts finaux.
N’oublions pas pour autant le Philharmonique de Nice, placé sous la direction du chef italo-polonais Michelangelo Mazza. J’avais gardé un excellent souvenir de cette formation, il y a quelques années, après une électrisante 5ème de Prokofiev sous la direction de Neeme Järvi. Je n’ai à nouveau pas été déçu. Mazza, à la direction sobre, souple et précise, a su en faire un partenaire idéal des chanteurs, avec un niveau sonore parfaitement maitrisé, rendant bien les nuances et détails de l’orchestration. L’orchestre est homogène, bien équilibré, avec une belle sonorité à tous les pupitres. Le ballet de l’acte III d’Otello, qui lui était dévolu, fut pour lui l’occasion de mettre en valeur toutes ses qualités.
Cette soirée mémorable, que, j’en suis certain, n’oublieront pas tous les participants, se terminait, en bis, par le « Brindisi » de La Traviata, accompagné par un public qui ne ménagea pas ses ovations, et vit Anna Netrebko se lâcher en un tourbillon de danse.
B.D. Photos Philippe Gromelle
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