La performance musicale d’un tout jeune chef sur deux soirées
Opéra Grand Avignon (3 & 5 février 2017).
Orchestre Régional Avignon-Provence
“Pureté mozartienne, grandeur beethovénienne”
Direction & piano, François-Frédéric Guy (nos entretiens ici : juillet 2016, février 2017).
1e soirée, vendredi 3 février 2017
W.A. Mozart : Rondo pour piano et orchestre en ré majeur KV. 382
W.A. Mozart : Concerto n°21 pour piano et orchestre en do majeur k467
L.V. Beethoven : Symphonie n°4 en si bémol majeur op.60
2nde soirée, dimanche 5 février 2017
W.A. Mozart : Rondo pour piano et orchestre en ré majeur KV. 382
W.A. Mozart : Concerto pour piano n°20 pour piano et orchestre en ré mineur KV.466
L.V. Beethoven : Symphonie n°5 en ut mineur op.67, dite « Le Destin »
François-Frédéric Guy, pianiste et tout jeune chef d’orchestre, joue Mozart et Beethoven.
Le pianiste François-Frédéric Guy fait ses débuts en tant que chef d’orchestre. Il est l’homme des défis puisque depuis 2008 il a enregistré dans le cadre d’un «Beethoven-Project», l’intégrale des sonates et de la musique de chambre pour piano et cordes de Beethoven. Il s’est également consacré avec le même souci d’intégralité à un «Brahms-project» et se lance maintenant dans un « Mozart project », pour jouer (pour l’instant) les concertos 20 à 27 du compositeur. Le pianiste, invité à Avignon pour deux concerts intitulés «Pureté mozartienne, grandeur beethovénienne», a assuré en ouverture des deux concerts, la direction et la partie soliste du Rondo pour piano et orchestre de Mozart en ré majeur KV 382. L’exécution du premier soir a vu un début de rondo légèrement décalé mais vite rectifié par l’orchestre qui l’a parfaitement joué lors de la seconde représentation.
Mozart encore avec le 21e Concerto en ut majeur KV 467 pour le vendredi soir et le 20e Concerto en ré mineur KV466 pour le dimanche après-midi. Le pianiste dirige de son clavier, comme cela se faisait du temps du compositeur. En effet, l’artiste joue dos au public avec un piano sans couvercle pour voir les musiciens et les diriger. Le dialogue entre soliste et musiciens fonctionne à merveille. Un regard, un signe de tête ou un geste de la main suffisent à établir ce lien magnifique entre chef et orchestre. François-Frédéric Guy parvient à un degré de concentration qui lui permet de diriger tout en donnant à l’instrument une qualité de phrasé proprement inouïe, à la fois tendre et dramatique. L’orchestre, très professionnel, joue le jeu et répond magnifiquement à cette sollicitation. On remarquera la cadence très personnelle jouée par François-Frédéric Guy en particulier dans le Concerto n°21 de Mozart. On sait qu’une cadence est une partie de concerto laissée à la libre interprétation du soliste ; pour autant, le soliste n’improvise pas toujours, certains reprennent des improvisations devenues classiques ou même écrites par le compositeur en tant qu’interprétation optionnelle. Pour le 21e Concerto de Mozart, la cadence jouée par François-Frédéric Guy est étonnante de modernité et ne peut qu’être remarquée tant elle donne au morceau un relief nouveau.
Suivent en seconde partie des deux concerts deux symphonies de Beethoven, respectivement la 4e Symphonie en si bémol majeur op.60 et la célébrissime 5e symphonie op.67 dite «Symphonie du Destin». L’entrée sur scène d’autres cuivres donnent alors plus d’ampleur à l’orchestre. On connaît la passion du soliste pour Beethoven qu’il considère comme le génie absolu (interview très bientôt en ligne).
L’esprit beethovénien plane alors dans la salle, la direction est magnifique, nuancée, rythmée, vive, et l’orchestre au mieux de sa forme prend manifestement plaisir à suivre une direction si passionnée. Un grand chef est né, il s’appelle François-Frédéric Guy et il a comblé les spectateurs qui lui ont offert une véritable ovation. (D.B. Photos M.A.)