Non, la « déferlante luxembourgeoise » n’est pas un titre de spectacle. La Ministre de la culture évoque une autre métaphore, un « développement rhizomique ». Toujours est-il que cette année, ce petit pays, à peine grand comme les deux tiers du Vaucluse – mais nettement plus peuplé -, offre au Festival d’Avignon 7 pièces dans le Off, dont 3 créations, et 6 coproductions dans le In. Du jamais vu ! Nous avons rencontré Pablo Chimienti ; depuis un an chargé de communication et des relations publiques de la Fédération luxembourgeoise des arts de la scène, il est à ce titre témoin privilégié de cette situation exceptionnelle. Voir le détail du programme dans notre page dédiée.
-Pablo Chimienti, comment s’explique ce qu’on pourrait appeler une sur-représentation luxembourgeoise cette année ?
–Par deux facteurs. Il s’agit d’abord de l’évolution attendue du bouillonnement artistique de notre pays, marqué par une véritable dynamique. On ne peut méconnaître aussi un facteur conjoncturel : la pandémie, si elle a empêché les troupes de se produire, ne les pas empêchées de travailler, ce qui explique les 3 créations 2021 dans le Off. C’est de toute façon la preuve d’une réelle vitalité créatrice.
-Quel a été le début de l’aventure ?
–C’est en 1998 que, pour la première fois le Luxembourg a décidé d’envoyer une pièce à Avignon. Depuis lors, tous les ans une pièce de théâtre, ou plus rarement de danse, francophone ou du moins accessible à un public francophone, est présente dans le Off. Puis l’idée s’est imposée d’une sélection officielle, pour soutenir le travail de création ; cette année pour la première fois, nous avons sélectionné 2 pièces – théâtre et danse, celle-ci en lien avec les Hivernales -.
-Existe-t-il une structure qui puisse promouvoir et accompagner la création artistique ?
–Depuis l’an dernier, nous avons le Kultur I Ix, un Luxembourg Art Council. Le marché de Luxembourg est très petit. Pourtant, les deux dernières saisons, et malgré la Covid, nous avons vu quelque 85 créations théâtrales, hors danse. Le problème est que ces créations sont trop peu louées dans les théâtres et centres culturels du pays. C’est pourquoi nous avons absolument besoin de nous exporter.
-C’est en cela qu’Avignon vous offre des retombées visibles ?
–Avignon est une véritable vitrine, et un marché porteur. Il permet d’amortir les coûts, mais surtout d’accompagner la montée en puissance de notre professionnalisation : jouer devant un public averti est très stimulant !
-Qu’apporte la création luxembourgeoise au festival d’Avignon ?
–Une grande diversité, des esthétiques très diverses ; il ne faut pas oublier que nous bénéficions, par notre position géographique, d’influences très différentes ; nous sommes à la frontière du monde romain et du monde germanique, entre le Nord et le Sud. Tout cela forge une identité, non pas exotique, mais différente. D’autant que nous n’avons pas de structure comme la Comédie Française ou le Ballet National, et que tous nos artistes sont des indépendants. Malheureusement, toute la partie administrative des petites structures se fait encore de manière bénévole, d’où le bouillonnement dont on parlait tout à l’heure. D’ailleurs, la dynamique est en marche : après la ville de Luxembourg en 1995 et 2007, c’est la ville d’Esch-sur-Alzette qui sera capitale européenne de la culture en 2022.
Propos recueillis par G.ad.
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