En ce mois de juillet 2022, nous rencontrons plusieurs directeurs artistiques de théâtres avignonnais, dans le cadre du Festival Off.
Entretien avec Laurent Rochut, directeur de la Factory (3 lieux) depuis 2015 : le Théâtre de L’Oulle, pluridisciplinaire, avec artistes en résidence, la Salle Tomasi, avec thématiques engagées et compagnies soutenues par le théâtre public ; enfin, à la Chapelle des Antonins, on accueille plutôt des compagnies émergentes.
Entretien également avec Michèle Albo et Raymond Yana, co-directeurs des Espaces Alya.
-Pour préparer la programmation de La Factory, vous-basez-vous sur un thème ou un style de spectacle ?
–Pour la programmation, je suis plus intéressé par la culture contemporaine que par le théâtre classique et aussi par les sujets de société. S’il y a de l’audace, le public suivra. Il faut que ça lui parle. On cherche à toucher les 20/35 ans. Il y a donc des spectacles en relation avec l’actualité, au cœur de la société.
-Avez-vous des acteurs, des metteurs en scène fétiches que vous souhaitez voir à l’affiche ?
–Non, je ne veux pas d’une programmation « des copains ». Cependant, une compagnie pourra être présente durant 2 ou 3 ans.
-Comment entrez-vous dans la sélection ?
–Je reçois 250 candidatures. Maintenant, La Factory est ciblée car son image se construit depuis 2015 (date à laquelle Laurent Rochut est devenu directeur et programmateur). Je vais voir 95 % des spectacles avant de les sélectionner. Pour les 5% restants, je regarde des captations en entier. C’est important pour la satisfaction des compagnies. Ce travail en amont permet d’obtenir un meilleur taux de remplissage des salles que dans la plupart du Off. Ainsi à l’issue des 3 semaines, 7/10 sont satisfaites, ou ont fait une Festival au-delà de leurs espérances.
–La Factory regroupe trois salles. Ont-elles une identité propre ou n’est-ce qu’une question de plateau et de jauge ?
–Chaque salle est spécifique. La Chapelle des Antonins (49 places) permet de faire découvrir des compagnies qui ont peu de moyens. Elles peuvent se lancer dans le Off. L’émergence de nouvelles compagnies a également son importance dans mon projet avec les 3 lieux. La salle Tomasi (110 places) donne accès à compagnies déjà repérées et soutenues par des institutionnels : villes, régions, SACD… Le Théâtre de l’Oulle (194 places) répond aux compagnies confirmées et qui ont une grosse scénographie. En plus du théâtre, le plateau peut accueillir de la danse ou du cirque.
-Vous dirigez un des théâtres permanents d’Avignon. Comment fonctionnez-vous toute l’année ?
–Durant chaque saison, nous recevons quelques compagnies importantes en résidence pendant 2 à 3 semaines. Puis, elles présentent leur travail aux Avignonnais. La salle Tomasi permet un travail sur 2 à 3 ans, pour pouvoir éclore. Pendant ce temps, elles se développeront artistiquement et dans la recherche de producteurs et de diffuseurs. Ces travaux en résidences seront proposés dans le Off. Pour cela, nous avons des aides dont 20% sont d’origine de la PACA et 80% proviennent du reste de la France, voire de l’étranger.
J’ai pour projet de développer cet aspect pour La Factory. En effet, sur l’ensemble des plateaux d’Avignon, une douzaine fonctionnent à l’année et seulement 5 offrent la possibilité à des troupes d’être en résidence. Pourtant, cela rapproche l’ensemble des corps de métier qui interviennent dans le théâtre. Je souhaite que l’on mobilise les acteurs politiques : Ville, Département, Région et plus des institutionnels nationaux pour aider les compagnies qui ont besoin d’intendance et surtout d’une régie sur leur lieu de travail. Par exemple, 8h de régie par semaine représentent un investissement de 35.000€. Les représentations dans le Off permettent de financer cela. Il faut aussi aider les lieux qui les accueillent pour l’investissement que représentent les transformations des salles et pour leurs charges fixes. Nous avons rencontré Madame la Ministre de la Culture et lui avons présenté les objectifs de ce projet.
Ainsi, nous pourrons créer une pépinière de compagnies et faire d’Avignon la Cité de l’Art vivant.
Propos recueillis par Norbert, juillet 2022
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