« Au théâtre, le public t’oblige à improviser »
L’actrice italo-américaine Isabella Rossellini, fille de l’actrice Ingrid Bergman et du réalisateur Roberto Rossellini, sera à la Scala Provence d’Avignon, le 16 novembre 2024 dans son monologue autour des émotions et des animaux.
-Comment est né ce spectacle ?
–Tout a débuté par deux conférences, que j’ai écrites pour le musée d’Orsay, dans le cadre d’une exposition sur Darwin. Muriel Mayette-Holz [administratrice générale de la Comédie française de 2006 à 2014 et actuelle directrice du théâtre national de Nice, NDLR] les a vus et m’a dit d’en faire un spectacle. Elle m’a accueillie à Nice pendant un mois et nous avons mis en spectacle théâtral ce que j’avais écrit. Je l’ai joué pour la première fois là-bas, en avril 2022.
-Qu’est-ce qui vous attire dans l’univers des animaux ?
–Je suis actrice, mais aussi éthologue (l’éthologie est la science du comportement des animaux). J’ai toujours pensé que l’intérêt que j’avais pour ces deux domaines, était séparé, jusqu’à ce que je lise le livre de Charles Darwin. Il a regardé les expressions des émotions chez les animaux et les hommes et il s’est demandé pourquoi certaines étaient comprises universellement et d’autres pas. Il en conclut que certaines sont acquises par culture et d’autres sont universelles. Si pour lui les hommes sont les plus intelligents, il ne nie pas un certain degré d’intelligence aux animaux.
-Comment traduisez-vous cela sur le plateau ?
–Je parle de tout, de Darwin comme du cinéma muet, où il faut exprimer des émotions sans les mots. Je dis une même phrase de mille manières différentes, pour montrer que c’est l’expression des émotions qui donne le sens aux mots. Les acteurs connaissent bien ça. Je raconte mes histoires sur le mode de la comédie. Mais au-delà de cette première réaction, du rire, j’aimerais susciter la surprise et l’intérêt du public.
-Après le mannequinat, le cinéma, comment le théâtre est arrivé ?
–En 2008, j’ai fait la série Green porno, des petits films de 2 minutes, pour Arte. Carole Bouquet m’avait dit d’en faire un monologue pour le théâtre. ça a donné Bestiaire d’amour, un premier spectacle écrit avec Jean-Claude Carrière. Il m’a présenté Muriel Mayette, pour la mise en scène. J’ai adoré travailler avec elle. Elle m’a toujours soutenue. Elle m’a invitée à la Villa Médicis à Rome, qu’elle dirigeait alors, pour écrire mon deuxième monologue Link Link, toujours sur le thème des animaux. Et ensuite, il y a eu Le Sourire de Darwin.
-La scène vous plaît ?
–J’aime le contact avec le public parce qu’il t’oblige à improviser, à être toujours alerte. Mais c’est ma dernière tournée, parce que je ne veux plus voyager.
-Vous gardez des liens avec la France ?
–La France a toujours été très présente dans ma vie. Petite, j’ai vécu entre Paris avec ma mère, et Rome avec mon père. J’ai fait le mannequinat à Paris, la ville de la mode. J’ai beaucoup travaillé pour Lancôme. Pendant dix ans, j’y ai partagé un appartement avec mon frère. Je n’ai pas beaucoup tourné en France, mais j’ai été très heureuse d’incarner Joséphine de Beauharnais pour le téléfilm Napoléon (2002). Mes spectacles de théâtre sont aussi nés ici.
-Et le mannequinat ?
-Je travaille de nouveau pour Lancôme. A 40 ans, l’ancienne direction m’avait dit que je ne pouvais plus incarner ce rêve de la beauté. Maintenant, ce sont des femmes qui dirigent Lancôme et elles ne pensent plus pareil.
-Vos parents ont-ils influencé vos choix ?
–Sûrement. Je suis restée vingt ans dans le même métier ! Mais j’ai fait autre chose aussi. J’ai ma ferme dans la campagne new-yorkaise. J’ai fait des études scientifiques. On est toujours une partie de l’origine d’où l’on vient et l’on est soi-même. Mais je suis fière de cet héritage familial.
Propos recueillis par MF.A.
NOTE
Le sourire de Darwin (dès 13 ans), samedi 16 novembre, à 20 heures, à la Scala Provence, 3 rue Pourquery de Boisserin, Avignon. Durée : 1 h 15. Réservations au 04 65 00 00 90 ou sur le site : lascala-provence.fr.
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