Un jeu clair et délicat, au service de compositrices de talent
41e Festival international de piano de La Roque d’Anthéron.
Récital de piano. Lundi 16 août 2021, 21h, Château de Florans, Auditorium du Parc
Fanny Mendelssohn, Mars, Mai, Juin, Septembre, extraits de Das Jahr (L’Année). Pauline Viardot, Sérénade. Frédéric Chopin, Trois nocturnes op. 9. Léo Delibes, Coppélia, valse lente. Louise Farrenc, Air russe varié. Franz Liszt, Réminiscences de Lucia di Lamermoor. Clara Schumann, Variations sur un thème de Robert Schumann, op.20. Fanny Mendelssohn, Notturno en sol mineur
En cette époque qui voit les cheffes d’orchestre commencer à percer et les compositrices se rapprocher du devant de la scène, le Festival de La Roque d’Anthéron a eu l’heureuse initiative, avec trois récitals, de consacrer une journée à ces dernières. 11 ont ainsi été mises à l’honneur, dont celles qui s’imposent le plus actuellement, Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Louise Farrenc et Cécile Chaminade, et 19 de leurs œuvres interprétées. Une remarque toutefois, toutes les compositrices proposées appartenaient aux 19ème et 20ème siècles, et ne sont plus de ce monde, une exceptée, bien seule, qui représentait la musique contemporaine, la jeune Camille Pépin.
Je n’ai pu, pour ma part, assister qu’au récital de David Kadouch – voir aussi notre interview en 2015 -, sur le thème de Madame Bovary, le roman de Gustave Flaubert, avec un public qui ne remplissait hélas pas l’auditorium. Désintérêt pour le pianiste ? Je ne pense pas : David Kadouch est un habitué de La Roque d’Anthéron, qui a déjà une belle carrière derrière lui. Désintérêt pour les compositrices ? Le chemin de la reconnaissance serait-il encore long à parcourir ? Espérons que non et qu’il ne s’agit là que de l’effet d’un mistral généreux.
David Kadouch débutait son récital en exposant les liens qu’il aime à établir entre musique et littérature et son choix de Madame Bovary, roman qui le passionne depuis sa jeunesse. Il expliquera ensuite tout au long de son récital ses choix musicaux destinés à illustrer ce « grand roman féministe », choix parmi des compositrices donc, mais pas seulement.
Ainsi, les mois extraits de Das Jahr de Fanny Mendelssohn illustraient-ils des moments forts de la vie d’Emma Bovary : son mariage en Mai, le grand bal de Septembre, Lucia de Lamermoor en Juin à l’opéra, Mars, sur le choral « Le Christ est ressuscité », suivi du Notturno, le mois de son suicide. Toutes les œuvres proposées des compositrices étaient des découvertes, et je dois dire que ces extraits de Das Jahr n’ont rien à envier aux Saisons de Tchaikovski… et sont même plus intéressants.
Amie de Flaubert, Pauline Viardot, plus connue comme cantatrice que compositrice, ne manque pas de talent non plus. Sa sérénade, hispanisante (elle était d’origine espagnole), entraînante, nous a séduit. Plus connus, les nocturnes de Chopin sont dédiés à la pianiste Marie Pleyel, qu’Emma Bovary aurait pu entendre.
La valse lente de Coppélia, transcrite par Ernst Von Dohnànyi, illustrait le bal, et Liszt la soirée à l’opéra.
Louise Farrenc, compositrice importante et à la forte personnalité, parmi les premières, aujourd’hui, à gagner en reconnaissance, était représentée par son air russe varié, bien plaisant à écouter, tout comme les variations de Clara Schumann sur un thème de son mari.
Par son jeu clair et délicat, David Kadouch a su mettre en valeur toutes ces œuvres et nous a permis de les apprécier.
Au public enthousiaste, il a offert pour conclure deux bis : à nouveau Fanny Mendelssohn, avec la Mélodie op. 4 n° 2, et la valse op.64 n°2 de Frédéric Chopin.
B.D. Photos Valentine Chauvin
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