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Théâtre du Chêne noir, 15h45, durée 1h40. Du 7 au 29 juillet, relâche les 10, 17 et 24 juillet. Réservations au : 04 90 86 74 87
On cherche le panache…
Assister à une représentation de Cyrano est à la fois un grand bonheur, tant le texte de Rostand est magnifique, et en même temps souvent un grand déchirement car tous les metteurs en scène font des coupes, tant le texte est foisonnant. Cette adaptation n’échappe, hélas pas à la règle. Il fallait s’en douter car comment adapter le texte de Rostand avec seulement trois comédiennes, et même dans un standard de durée rallongé ?
L’ensemble est tout de même de belle facture. L’interprétation est douce et sensible et les comédiennes sont talentueuses. Elles deviennent tour à tour Cyrano, parti pris intéressant, alors que pour les autres personnages, c’est la même à chaque fois qui les joue. On apprécie aussi le choix très « commedia dell’arte » ou théâtre asiatique, dans les masques et le maquillage. Et briser le quatrième mur en s’installant dans le public pour certaines scènes, celle du balcon par exemple, apporte aussi un élément judicieux.
La mise en scène de Bastien Ossart rend à la fois le côté comique et le côté tragique de la pièce, ainsi que beaucoup de poésie. Hélas, l’épopée manque cruellement. On regrette aussi que certains passages soient nécessairement résumés, pendant ainsi la verve et le panache de Rostand. Pire encore, certaines répliques des amoureux… sont dites par un autre personnage. Le Bret disant au lieu de Raguenau qu’il est devenu moucheur de chandelles chez Molière, c’est un non-sens et pourtant cette réplique est essentielle pour que Cyrano puisse exprimer ce qu’aura été toute sa vie : il était celui qui souffle dans l’ombre pendant que d’autres recueillent la gloire.
Le spectacle est réussi, car les comédiennes sont talentueuses, et les choix esthétiques intéressants. Mais les nécessaires coupes dans le texte originel empêchent le texte de Rostand de déployer tout son souffle et sa saveur.
Sandrine. Photo Alexane Rer
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