Et les gagnants sont…
Concours #cjeopera3 Raymond Duffaut : finale à Avignon.
Auditorium du Grand Avignon, Le Pontet. 30 septembre 2017.
Patrick Poivre d’Arvor (notre entretien), parrain 2017
Jury 2017
Raymond Duffaut, président du Centre Français de Promotion Lyrique, président
Membres du jury
Inva Mula, soprano ; Françoise Pétro, conseillère artistique de l’Adami ; Monique Albergati, déléguée consulaire d’Italie ; Paolo Pinamonti, directeur artistique Teatro di San Carlo – Naples (Italie) ; Yves Senn, directeur L’Avant Scène Opéra – Neuchâtel (Suisse) ; Pierre Guiral, directeur de l’Opéra Grand Avignon : Richard Martet, rédacteur en chef d’Opéra Magazine ; Jeanne Jouan, présidente de Premières Loges (Université), décerne un prix spécifique, le prix Orchidée
Pianistes 2017
118 candidats auditionnés, 15 nationalités représentées
58 soprani, 23 mezzi-soprani, 5 contre-ténors, 11 ténors, 18 barytons, 3 basses
Catégorie Jeune espoir : Laure Cazin, soprano, 18 ans, France ; Joachim Coffinier, baryton, 18 ans, France
Catégorie Jeune talent : Apolline Raï-Westphal, soprano, 22 ans, France ; Hélène Carpentier, soprano, 22 ans, France ; Adrien Fournaison, baryton, 22 ans, France ; Théo Imart, contre-ténor, 22 ans, France ; Yoan Le Lan, ténor, 21 ans, France ; Margaux Poguet, soprano, 21 ans, France
Catégorie Révélation : Cameron Shahbazi, contre-ténor, 25 ans, Canada ; Adrien Djouadou, basse, 25 ans, France ; Sylvain Falipou, baryton, 24 ans, France ; Aliénor Feix, mezzo-soprano, 26 ans, France ; Silvia-Alice Gianola, mezzo-soprano, 26 ans, Italie ; Julie Goussot, soprano, 23 ans, France ; Stéphanie Guérin, mezzo-soprano, 26 ans, France ; Julien Henric, ténor, 24 ans, France
C’est en 2015 que se sont rencontrées les volontés conjointes de Raymond Duffaut, de Monique Albergati et de Pierre Guiral. L’un, inlassable découvreur de talents lyriques, la deuxième, déléguée consulaire d’Italie et alors présidente du club Soroptimist d’Avignon, et le troisième, directeur de l’Opéra Grand Avignon. Tous trois s’engagent dans des actions de solidarité et de promotion vis-à-vis des jeunes. Ensemble ils ont donc lancé, à côté de concours existants, comme Arles, Marmande, Marseille ou d’autres, le concours Opéra international Jeunes espoirs, pour les 16-26 ans. Le concours a porté d’abord le nom d’Avignon, et depuis cette année celui de Raymond Duffaut, et a vraiment défini ses contours en 2016. Le succès a été au rendez-vous dès la première année, avec 163 candidats de 11 nationalités différentes. Les candidats, répartis en trois catégories selon leur âge, subissent des éliminatoires, avec pianiste accompagnateur, puis la finale, publique, désigne une dizaine de lauréats, le public étant invité à décerner un prix spécifique.
Le jury, renouvelé chaque année et présidé par Raymond Duffaut, est composé de spécialistes (directeurs de maisons d’opéra, chefs, chanteurs lyriques – l’élégante Julie Robard-Gendre en 2015, la pétulante Julie Fuchs en 2016, la délicieuse Inva Mula cette année, qui a fait à Avignon 7 ou 8 prises de rôle remarquées -, responsables de l’Adami, rédacteur en chef de presse musicale…). Une personnalité médiatique – mélomane – parraine la manifestation, et préside la finale : Roselyne Bachelot-Narqui en 2016, Patrick Poivre d’Arvor (voir notre entretien) cette année. Réuni le matin même en conférence de presse à la Maison Jean Vilar, le jury s’était réjoui de compter de nouveaux partenaires, Région (Michel Bissière) et Université (Jeanne Jouan, association Premières Loges), et avait souligné la nécessité de soutenir de jeunes artistes, aujourd’hui plus que jamais. (G.ad. Photos G.ad.)
Le palmarès
Grand Prix, Prix Région Paca (5.000€) : Hélène Carpentier, soprano
Prix catégories :
Prix Jeune Espoir (1.000€) : Joachim Coffinier, baryton
Prix Jeune Talent (1.000€) : Margaux Poguet, soprano
Prix Révélation (1.000€) : Cameron Shahbazi, contre-ténor
Prix spéciaux :
Prix Grand Avignon (2.000€), à l’unanimité : Cameron Shahbazi, contre-ténor
Prix Conseil Départemental de Vaucluse (1.000€) : Aliénor Feix, mezzo-soprano
Prix Centre Français de Promotion Lyrique (1.000€) : Margaux Poguet, soprano
Prix Banque Populaire Méditerranée (1.500€) : Yoan Le Lan, ténor
Prix du (de la) meilleur(e) interprète du répertoire italien, par la Monte Paschi Banque (1.000€) : Hélène Carpentier, soprano
Prix de l’Orchidée, par l’Université d’Avignon (proposition de concert) : Aliénor Feix, mezzo-soprano
Prix du Public (500€) : Julie Goussot, soprano
Ce dernier samedi de septembre s’est donc tenue la finale du Concours jeunes espoirs Opéra Raymond Duffaut (#cjeopera), à l’auditorium du Pontet. Avec 127 inscrits de 15 nationalités, 118 candidats auditionnés (dont 2 finalistes 2016), 16 finalistes, la 3e édition impose ce concours comme un rendez-vous attendu et un tremplin prestigieux pour les jeunes artistes lyriques. A l’issue de trois jours d’éliminatoires et d’un concert final de belle qualité, le jury de professionnels réuni autour du triumvirat initial – Monique Albergati (déléguée consulaire d’Italie, également instigatrice de La Bell’Italia, semaine italienne qui va commencer), Pierre Guiral (directeur de l’Opéra Grand Avignon) et Raymond Duffaut (alors conseiller artistique de l’Opéra Grand Avignon et toujours président du CFPL) – a décerné 11 prix à 6 lauréats, certains des candidats cumulant plusieurs prix. Trois soprani, une mezzo-soprano, un contre-ténor, un ténor, un baryton, venus de France et du Canada, accompagnés par les pianistes Hélène Blanic et Ayaka Niwano, ont été ainsi récompensés, et peuvent nourrir de légitimes espoirs d’engagement.
N’ayant pas la lourde responsabilité de promouvoir des talents en devenir, ni d’éliminer des carrières sans avenir, lors de la finale je peux me laisser aller en toute quiétude à des coups de coeur, dont je revendique la partialité. Tant dans la première partie, plus convenue peut-être, que dans le second passage, où certains se sont autorisé davantage de fantaisie voire d’audace.
Comme Hélène Carpentier, au vibrato trop appuyé et au timbre acide dans Puccini (la Bohème), mais qui s’est libérée dans Donizetti (Don Pasquale), sans toutefois me séduire malgré sa ressemblance avec la sublime Sabine Devieilhe ; j’ai pourtant pleinement conscience qu’une belle carrière s’ouvre sans doute devant cette jeunette (22 ans). Apolline Raï-Westphal pour sa part a joué de son joli timbre dans Wolf et de toute sa gouaille dans le “Bien chapeautée” de Phi-phi.
J’ai apprécié la bonne diction de tous les candidats, en français, en italien, moins en anglais peut-être. Le “Il I where a rich man” du baryton Adrien Fournaison, par exemple, après une belle Chanson de la mort de Jacques Ibert en premier passage, était bien “frenchie” dans sa prononciation, et bien lisse dans son interprétation.
J’ai goûté certains candidats pourtant recalés : le timbre agréable de ténor de Julien Henri, les belles basses d’Adrien Djouadou dans Verdi (Simon Boccanegra) et dans Haendel (Orlando) ;
Laure Cazin, qui a eu le redoutable privilège d’ouvrir la soirée avec Brahms, m’a charmée dans Les Nozze, et j’ai pensé moi aussi :“mi fa palpitar”;
ainsi que Stéphanie Guérin, une rousse pétulante, en costume pour La Chauve-Souris, en robe de soirée pour La Dame de Monte Carlo de Poulenc : si elle n’a pas encore trouvé son style, je lui crois du moins du tempérament, et certains atouts pour faire son chemin.
Et chez les lauréats : une certaine souplesse chez le baryton Joachim Coffinier dont la voix doit encore se travailler, un timbre fruité chez Margaux Poguet mais une tendance agaçante à minauder. Le cas de Julie Goussot – Prix du Public – m’a posé question ; sans pouvoir lui trouver de qualité particulière, j’ai été séduite par l’ensemble de sa prestation, tant chez Debussy (L’Enfant prodigue) que chez Puccini (Turandot)… mais n’ai cependant pas voté pour elle.
Je n’aurais pas donné mon suffrage à Aliénor Feix, pourtant doublement sélectionnée, que j’ai trouvée sans chaleur dans Lully et peu convaincante dans Bernstein, malgré une indéniable prestance moulée dans un combi-pantalon noir au dos avantageux.
J’aurais également éliminé Sylvain Falipou, agréable mozartien (Cosi fan tutte), mais inutilement grandiloquent dans La Jolie fille de Perth, de Bizet ;
ainsi que Silvia Alice Gianolla, qui confond l’élégance altière avec la superbe, hautaine et dédaigneuse, et dont le timbre voilé chatouille désagréablement mes oreilles.
Quant aux contre-ténors – concourant dans deux catégories différentes -, j’aurais hésité entre le jeune Théo Imart (22 ans), peut-être trop angélique, peut-être trop académique avec sa veste à brandebourgs, un peu compassé, mais qui a déployé une véritable agilité vocale (Glück et Mozart),
et le Canadien Cameron Shahbazi (25 ans), qui bouscule quelque peu les codes du genre, et qui, avant Haendel, s’offre l’audace d’un Britten réussi (A midsummer night’s dream) ; somme toute, c’est lui qui coiffe largement les autres au poteau.
Les finalistes nous ont donc offert un concert de belle facture, relativement homogène dans la qualité, et varié dans le répertoire. Que chacun d’eux puisse trouver sa… voie !
Patrick Poivre d’Arvor, parrain 2017, venu en toute décontraction, avait joué la carte de la simplicité facétieuse : « En fait, vous me demandez ce que je fais ici ?», a-t-il plaisanté, en réponse à Sylvie Rogier, présentatrice. Il faut souhaiter que les parrains suivants aient toujours à cœur de valoriser les jeunes voix, et, peut-être, qu’un présentateur professionnel conserve à ce concours Raymond Duffaut, sous la haute main du commissaire général Arnaud Lanez, la distinction qu’il mérite. (G.ad. Photos G.ad.)
Les partenaires du concours #cjeopera
Grand Avignon, Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Conseil Départemental de Vaucluse, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, CCI de Vaucluse, Centre Français de Promotion Lyrique, L’Avant Scène Opéra, Banque Populaire Méditerranée, Monte Paschi Banque, Hydropolis, Madame Hilary Lemaire (mécène), La Mirande*****, Club Soroptimist International, Piano Pulsion, Le Serre des Mourres Sabon de Rocheville TCRA et théâtre LE9 avignon