Festival d’Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence (17 juillet 2021)
Direction musicale, Thomas Hengelbrock. Soprano : Alexandra Flood
Orchestre : Balthasar Neumann Ensemble
Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie n°39 en mi bémol majeur, K. 543
Wolfgang Amadeus Mozart, Zaide K344, « Ruhe sanft, mein holdes Leben »
Wolfgang Amadeus Mozart, Messe en ut mineur K.427, « Et incarnatus est »
Wolfgang Amadeus Mozart, Exsultate jubilate, « Alleluia »
Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie n°41 en ut majeur (« Jupiter »), K. 551
Après avoir officié dans la fosse du Théâtre de l’Archevêché pour Le Nozze di Figaro, nous retrouvons le Balthasar Neumann Ensemble sur la scène du Grand Théâtre de Provence, à nouveau pour jouer Mozart. Mendelssohn était prévu dans le programme d’origine, mais « le 1er violon du Balthasar Neumann Ensemble étant souffrant, il ne pourra pas interpréter le solo de violon » de l’air de concert « Infelice » pour soprano et orchestre. Cette œuvre est donc remplacée par trois airs mozartiens, formant ainsi une affiche dédiée à 100% au compositeur natif de Salzbourg.
Le concert commence avec la Symphonie n°39 où l’on apprécie d’emblée la rondeur du son de cet ensemble baroque, le clinquant atténué des cuivres qui se fondent davantage dans l’ensemble instrumental. Ceci n’en retire pas pour autant la majesté du premier mouvement Adagio – Allegro, suivant un rythme bien marqué, un Mozart vif-argent dirigé par Thomas Hengelbrock, le fondateur de l’orchestre en 1995. Après les cuivres (2 cors et 2 trompettes), ce sont les bois qui montrent très clairement leur caractère baroque ; on apprécie particulièrement les jolies phrases à la clarinette du troisième mouvement Menuetto allegretto.
La soprano Alexandra Flood rejoint ensuite le plateau pour la séquence chantée, placée entre deux symphonies. Dans le très doux et aérien « Ruhe sanft, mein holdes Leben » extrait de Zaide, on entend une voix typiquement mozartienne, d’un volume modéré voire modeste, mais d’un timbre séduisant, souple et agile, précise pour émettre d’agréables aigus suspendus. « Et incarnatus est » de la Messe en ut mineur est également déroulé avec délicatesse et une appréciable articulation du texte. Pour terminer, « Alleluia » de l’Exsultate, jubilate donne l’occasion à la soprano australienne de mettre en œuvre son abattage dans cet extrait plein d’entrain. Les traits d’agilité répétés passent sans encombre et l’orchestre veille à ne pas couvrir la soliste.
On enchaîne avec la Symphonie n°39, dite « Jupiter », où le premier mouvement Allegro vivace voit alterner les tuttis sonores et les mesures bien plus douces jouées par quelques instruments. On apprécie à nouveau les bois d’une grande expressivité, cette fois les hautbois très sollicités dans les premier et troisième mouvements, puis la vivacité et la célérité de toute la phalange dans le mouvement final Molto allegro, qui rappelle par petites touches l’ouverture de la Flûte enchantée.
A l’issue du programme, le chef prend la parole pour présenter le bis offert. Il indique, en français, que le Balthasar Neumann Ensemble a entamé depuis plusieurs années une collaboration avec des musiciens de La Havane, et que trois Cubains jouent de manière permanente dans la formation. La violoniste Jenny Peña Campo a ainsi composé une Suite Cubaine aux rythmes chaloupés entre jazz et mambo, ceci sur fond d’instrumentation classique, qui peut rappeler certaines orchestrations de West Side Story de Leonard Bernstein, en particulier les passages de l’intrigue situés dans la communauté portoricaine. Jenny Peña Campo tient le violon solo, joue par moments des rythmes véritablement endiablés, tout en dansant avec un instrumentiste venu à ses côtés, maracas en main. Un petit vent de folie musicale souffle dans le théâtre, le public se lâche et réserve une standing ovation finale !
I.F. Photos I.F.
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