Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence le mardi 2 janvier 2024
Orchestre national de France. Stéphane Denève, direction. Lise de la Salle, piano
Léonard Bernstein, Candide, ouverture. Georges Bizet, L’Arlésienne (Carillon, Menuet, Adagietto, Farandole). Jacques Offenbach-Manuel Rosenthal, La Gaîté Parisienne, extraits. George Gershwin, Rhapsody in Blue & An American in Paris
Il y a un an jour pour jour, l’Orchestre national de France venait faire étape au Grand Théâtre de Provence, après ses deux concerts à l’Auditorium de la Maison de la Radio les 30 et 31 décembre. C’est également le cas cette année et nous retrouvons la phalange, cette fois dans un programme plus éclectique que celui de début 2023, qui était exclusivement dédié à Jacques Offenbach. Il s’agit en effet à présent d’une promenade musicale qui nous fait traverser, en aller et retour, l’océan Atlantique, en commençant avec Léonard Bernstein et terminant par George Gershwin.
On adore Candide du génial Léonard Bernstein, et son ouverture est jouée ce soir avec le brillant qu’elle mérite, évoluant entre différents styles : des échos de fanfare, quelques pages très lyriques qui contrastent avec des moments plus intimistes à la flûte seule. On y retrouve l’énoncé de plusieurs mélodies à venir dans l’opéra, l’orchestre faisant montre d’une belle précision rythmique dans cette partition très piégeuse de ce point de vue.
On enchaîne avec une partition de l’Hexagone, bien plus régionale même puisqu’il s’agit de l’Arlésienne de Georges Bizet, plus précisément quatre mouvements tirés de ses deux suites pour orchestre. On apprécie les somptueux unissons de cordes dans le Carillon, les bois expressifs et les cuivres aux timbres fermes, les nuances les plus délicates de l’Adagietto atteignant ensuite des sommets, avec de splendides pianissimi… malheureusement un peu gâchés par quelques tousseurs et tousseuses peu discrets… Après le raffiné Menuet et sa subtile introduction à la flûte et la harpe, c’est la plus connue Farandole qui conclut, son tambourin, ses départs en canon… et la chanson qui trottine dans la tête « De bon matin j’ai rencontré le train » !
Le réjouissant Jacques Offenbach est également au programme, au travers de la Gaîté parisienne, musique de ballet de Manuel Rosenthal d’après plusieurs partitions d’Offenbach. C’est d’ailleurs un excitant jeu de piste musical que de détecter les titres des ouvrages qui forment ce pot-pourri : on y reconnaît tour à tour des mélodies tirées de La vie parisienne, Le Voyage dans la Lune, La Périchole, la célèbre barcarolle de l’acte de Venise des Contes d’Hoffmann, jusqu’au cancan conclusif d’Orphée aux Enfers…mais sans danseuses ce soir.
Ce sont deux pièces de George Gershwin qui sont proposées après l’entracte, d’abord Rhapsody in Blue, en présence de Lise de la Salle au piano. Le magnifique solo de clarinette en introduction installe en quelques notes l’ambiance jazzy que l’on retrouve régulièrement dans la partition. La pianiste montre un peu plus tard sa forte présence, en particulier au cours de ses longues cadences, qui oscillent justement entre styles classique et jazzy. Le chef Stéphane Denève a tendance à donner un grand éclat à la musique, couvrant par instants la soliste, tandis qu’on remarque également un curieux décalage, en fin d’ouvrage, entre timbales et piano.
La coordination rythmique est ensuite sans faille dans An American in Paris, qui clôt le programme, entre coups de klaxons aux cuivres et somptueuses phrases jouées par le violon solo. Les tuttis donnent une grande ampleur sonore à ces pages de la meilleure veine de Gershwin. Le public, qui fait salle pleine ce soir, fait une ovation aux artistes et l’ouverture de Girl Crazy, autre comédie musicale du même compositeur, est accordée en bis.
F.J. © I.F.
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